Mais au reste il savait le pouvoir contagieux de presque toutes les peintures des passions humaines.
Il se demanda, sérieusement, s’il serait un grand peintre ou un grand poète ; — et il se décida pour la peinture, car les exigences de ce métier le rapprocheraient de Mme Arnoux.
Et, pour regarder la poésie sous cet angle, nous ne pouvons admirer entièrement les écrivains du xixe siècle, qui ont substitué le pittoresque à la pensée pure, la peinture et la musique à la littérature, et qui ont dirigé les efforts littéraires dans cette voie néfaste qui devait aboutir aux aberrations de l’Instrumentisme et du Magnificisme.
Les détails de sa dernière entrevue avec cette jeune Milanaise pouvaient être charmants, mais il ne les a pas vus, ce guetteur de statues et de peintures, qui tournait autour des moindres bibelots d’atelier pour en admirer les incertaines perfections.
Or j’avoue en toute franchise que ces scènes de la vie seigneuriale et rustique, que ces contes passionnés et moraux, encore que d’allure élégante et semés de jolis paysages, me paraissent seulement délicieux d’observation et de peinture à côté des œuvres hautaines de Gogol, de Tolstoï et de Dostoïevsky. […] Jusqu’ici la peinture avait eu le privilège d’exprimer la magie muette des visages. […] D’ailleurs, il serait facile de découper dans tout ce très intéressant ouvrage des pensées et maximes vigoureuses : « Tels vers, tels morceaux de prose, de musique ou de peinture, ne sont que des support sur lesquels l’être intime s’est développé ; veut-on en faire un objet d’étude, on ne les isole pas plus qu’on n’isole un trait particulier du visage ami qui le complète.
Nous nous figurions une belle tête de vieillard auréolée d’une couronne radiée, un personnage très noble, vêtu de l’invariable manteau qui, dans les tragédies et les peintures académiques, drape indifféremment Joad, Agamemnon, Mithridate et Cæsar-Auguste. […] L’un s’appelle Voyage dans les yeux, et c’est la peinture de toutes les merveilles, de toutes les voluptés, de toutes les terreurs que l’on découvre, quand on sait voir, dans les yeux des bien-aimées.
Il me reproche d’avoir dit que le Misanthrope est plutôt un tableau qu’un drame, une peinture d’un coin de la société du temps qu’une pièce dramatique ; d’avoir dit, enfin, qu’il n’y a guère d’action dans le Misanthrope. […] A la vérité, ceux-ci y trouvent un intérêt plus fort dans la seule peinture merveilleuse des personnages : ils y voient « le monde » du dix-septième siècle et des types éternels du monde immuable. […] Comme si une aventure passionnelle ne nuisait pas à la peinture de personnages que l’amour ne caractérisait pas du tout. […] Tout salon devait ressembler à un atelier de peinture.
J’en profitai pour lui dire qu’il était trop sévère ; qu’il ne rendait pas assez justice à de remarquables qualités d’observateur ; qu’il restait encore beaucoup de vrai dans la peinture que le romancier nous trace de la vie des désœuvrés. […] Et, en regardant de plus près dans vos livres, monsieur, nous y avons reconnu sans effort que vous nous rameniez tout doucement, par des sentiers tournants et semés de fleurs, au bon vieux catholicisme ; mais que, vicomte-académicien comme Châteaubriand, vous donniez une couche de peinture nouvelle à la façade quelque peu écaillée par le temps. […] Et s’il fallait citer tous les écrivains qui, au théâtre ou dans le roman, ont consacré leur talent à la peinture des diverses professions, la liste remplirait aisément plusieurs colonnes.