/ 2361
1248. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

Noble terre de ma patrie, la Providence a trop fait pour toi ; elle n’abandonnera point son ouvrage, et tu resteras le beau pays de France.

1249. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

C’est la musique de notre pays !

1250. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Bien que nous soyons parfaitement convaincus que les parlementaires ne nous donneront jamais une liberté en faveur de laquelle ils ont écrit tant de diatribes antigouvernementales, mais qui, naturellement, les gênerait pour gouverner, bien que l’homme pratique en conséquence aime autant faire des ronds dans la Seine que faire des interjections sur cet éternel plat du jour de la conférence Molé, il demeure intéressant de calculer le mal que cette incapacité de s’associer produit dans notre pays.

1251. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

La Fayette s’en impatiente et lui écrit tout naturellement : « Je vous l’avouerai en confidence, au milieu d’un pays étranger, mon amour-propre souffre de voir les Français bloqués à Rhode-Island, et le dépit que j’en ressens me porte à désirer qu’on opère. » Il y avait mêlé quelque première vivacité envers M. de Rochambeau, qu’il rétracte. […] Appelé en 1789 à la présidence, il fut le premier à fonder, à pratiquer le gouvernement au sein du pays qu’il avait déjà sauvé et fondé dans son existence même. […] L’exemple ne se propage pas, les autres armées se soumettent, et La Fayette, voyant que le pays ne répond mot, ne songe qu’à s’annuler, dans l’intérêt, non pas de la liberté qui n’existe plus, dit-il, mais de la patrie, qu’il s’agit toujours de sauver ; il passe la frontière avec ses aides de camp, non sans avoir pourvu à la sûreté immédiate de ses troupes. […] Au-dessus de l’utilité immédiate et disputée qu’il eût pu apporter au pays par une intervention en armes, il y avait pour lui, homme de conviction, quelque chose de bien plus considérable dans l’avenir. […] Il en résulte qu’à moins d’une très-grande occasion de servir à ma manière la liberté et mon pays, ma vie politique est finie.

1252. (1927) André Gide pp. 8-126

Il reproduit des textes jansénistes très importants et très beaux : « De quelque ordre ou de quelque pays que vous soyez, vous ne devez croire que ce qui est vrai, et ce que vous seriez disposé à croire si vous étiez d’un autre pays, d’un autre ordre ou d’une autre profession. » Et cette phrase où un funeste travers est sévèrement flétri : « Nous jugeons les choses, non par ce qu’elles sont en elles-mêmes, mais par ce qu’elles sont par rapport à notre égard : et la vérité et l’utilité ne sont pour nous qu’une même chose. » Admirable condamnation du pragmatisme, du nationalisme intellectuel, de tous les subjectivismes, qui ne sont pas nés d’hier. […] Ils ont le charme de la variété ; ils nous font souvent mieux connaître l’auteur que des œuvres plus considérables en apparence, mais ramassées sur une matière unique et d’horizon plus restreint ; ils nous offrent de charmants voyages au pays des idées, qui est celui de la réalité vraie, ou qui la résume avantageusement par des raccourcis synthétiques. […] Enfin, j’ai tout spécialement apprécié, dans les Incidences, cette citation de la Logique de Port-Royal : « De quelque ordre et de quelque pays que vous soyez, vous ne devez croire que ce qui est vrai, et que ce que vous seriez disposé à croire si vous étiez d’un autre pays, d’un autre ordre, d’une autre profession. » C’est à Barrès que Gide objecte ce grand principe de toute vérité : oserai-je lui dire qu’il pourrait également en faire son profit ? […] Mais je ne comprends pas comment Gide peut n’avoir aucune préférence pour ce qui concerne son pays, à l’époque contemporaine.

1253. (1904) Zangwill pp. 7-90

Vous quittez le pays à demi allemand qui n’est à nous que depuis un siècle. […] Il ne faut pas trop se hasarder en conjectures, mais enfin c’est parce qu’il y a une France, ce me semble, qu’il y a eu un La Fontaine et des Français. » Mon Dieu oui ; seulement il y a une France pour tout le monde, la France luit pour tout le monde, et tous les Français, s’ils seront toujours français, ne sont pas La Fontaine ; je n’insiste pas sur toutes ces difficultés, sur toutes ces contrariétés ; je m’en tiens pour aujourd’hui à la forme même du connaissement ; la méthode ne se révèle pas dans toutes les œuvres modernes partout avec une aussi haute audace ; elle ne fait pas dans toutes les œuvres modernes partout l’objet d’une aussi manifeste déclaration que dans cet éminent La Fontaine ; elle est ailleurs plus ou moins dissimulée, plus ou moins implicite ; mais c’est essentiellement, éminemment, la méthode historique moderne, obtenue par le transport, par le transfert direct, en bloc, des méthodes scientifiques modernes dans le domaine de l’histoire ; l’auteur, en bon compagnon, commence par faire son tour de France ; il ferait son tour du monde, s’il était meilleur compagnon ; et quand il a fini son tour du pays, il commence l’autre tour, afin de ne point tomber par mégarde au cœur de son sujet, il commence le tour le plus cher à tout historien bien né, le tour des livres et des bibliothèques ; avec ce tour commencera le paragraphe deux. […] C’est là le terrain national, très bon pour certaines plantes, mais très mauvais pour d’autres, incapable de mener à bien les graines du pays voisin, mais capable de donner aux siennes une sève exquise et une floraison parfaite, lorsque le cours des siècles amène la température dont elles ont besoin. […] « Car le génie n’est rien qu’une puissance développée, et nulle puissance ne peut se développer tout entière, sinon dans le pays où elle se rencontre naturellement et chez tous, où l’éducation la nourrit, où l’exemple la fortifie, où le caractère la soutient, où le public la provoque. […] Par cette correspondance Entre l’œuvre, le pays et le siècle, un grand artiste est un homme public.

1254. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

. — « Moi, dit Sainte-Beuve, mon idéal, c’est des cheveux, des dents, des épaules et le reste… la crasse m’est égale… » Et comme il est question des élégants bonnets, que les femmes du monde se mettent la nuit, il dit : « Les miennes n’ont jamais mis de bonnet pour la nuit… je n’ai jamais vu qu’un filet… Après ça, je n’ai de ma vie passé une nuit avec une femme, à cause de mon travail. » Quelqu’un ayant fait une allusion aux femmes d’Orient, il témoigne une indignation farouche contre l’épilage des femmes de ces pays. […] » Et j’entends à propos de l’éloge de l’Angleterre, repris par Taine, Sainte-Beuve lui confier son dégoût d’être Français : « Je sais bien qu’on vous dit : être Parisien ce n’est pas être Français, c’est être Parisien ; mais on est toujours Français, c’est-à-dire qu’on n’est rien, compté pour rien… un pays où il y a des sergents de ville partout… Je voudrais être Anglais, un Anglais c’est au moins quelqu’un… Du reste, j’ai un peu de ce sang. […] Oui, par moments, ces deux fillettes semblent les filles de la nostalgie des pays de soleil de leur père. […] C’est la bonne de la maison, une petite Fadette que Mme Sand a prise dans le pays, pour jouer les pièces de son théâtre, et qui vient au salon, le soir. […] Toute la journée, il nous en lit de ces notes, et à la fin de cette journée, entièrement chambrée, nous avons la fatigue de tous les pays parcourus et de tous les paysages dépeints.

1255. (1884) La légende du Parnasse contemporain

» Je fais remarquer à mon noble maréchal-des-logis qu’à défaut de passeport inutile, j’avais sur moi des lettres, dont une chargée, un engagement de comédien pour le théâtre de Bastia ; que, d’ailleurs, le pays était parfaitement tranquille et que je le priais de me laisser comme le pays. […] On croit voir la Cérès indomptable et farouche Du gras pays normand si riche de santé. […] Notre pays avait été injuste pour Richard Wagner et cruel pour son œuvre. […] Il n’était pas encore devenu injuste envers notre pays. […] Vagabond, il suivait la rive du fleuve en chantant des chansons de son pays d’où il était venu à pied — une sorte de Glatigny madgyare, — et nous nous étions liés tout de suite.

/ 2361