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359. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Vous voyez que je tire parti de tout. […] Madame Récamier avait été toute sa vie une grande enchanteresse des yeux et des cœurs ; à cette époque elle fut un grand diplomate, le Talleyrand des femmes, dominant au fond toutes les opinions par une supériorité d’esprit qui ne donnait à chacune de ces opinions que sa valeur, les respectant toutes, n’en partageant aucune que dans la juste mesure de raison qu’elle contenait, et marchant libre, fière et souriante, entre tous les partis, comme une déesse de la Paix qui fait de son salon une terre neutre où l’on ne se rencontre que désarmé. […] Tous les pamphlets de peu de foi écrits par M. de Chateaubriand pendant ces quinze années de la monarchie de Juillet sont de la même encre : des larmes, du fiel, de la fidélité ostentatoire et chevaleresque, délayés dans des phrases républicaines pour sourire amèrement à tous les partis. […] Madame Récamier ne laissa jamais fléchir sa justice de femme sous ces théories de convention ; elle n’était point femme de parti ; elle n’aimait ni le napoléonisme, ni l’orléanisme : la Restauration, légitime par son antiquité et moderne par ses institutions, était le régime de son esprit tempéré et juste ; c’est à cause de cette conformité d’opinion qu’elle avait pour moi quelque préférence. […] Lenormant, savant distingué, avait passé, grâce au parti doctrinaire, aux places scientifiques, récompenses de ce parti.

360. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Gustave Kahn Les critiques qui vitupèrent le xixe  siècle au nom d’un idéal classique, appartiennent aux partis de réaction. […] Entre tous le xixe  siècle a eu cette inspiration — disons même cette piété — de savoir « ressusciter » les siècles antérieurs obscurcis sous la nuée des discussions ou dédains d’écoles, de doctrines, de partis trop exclusifs : Michelet fut des premiers à nous entraîner à Domrémy pour le culte de la sainte nationale Quelques néo-royalistes médisent du romantisme : il est cependant le fils de la Restauration et un redressement de notre énergie épique. […] Étrange manière de juger la littérature en songeant uniquement à servir les besoins d’une cause ou d’un parti, et la passion politique peut-elle aveugler à ce point ? […] Nous n’acceptons que ce qui peut servir nos convictions et n’aimons que par parti, sinon par parti-pris. […] Jules Sageret le fait malicieusement observer : notre xixe  siècle est si riche, si abondant, il est si divers que tous les adeptes des écoles, des croyances des partis actuels, pourraient y retrouver des maîtres, des apôtres, des précurseurs.

361. (1926) L’esprit contre la raison

Que s’est-il passé entre ces deux temps, sinon la publication du Manifeste de Breton, d’Une vague de rêves d’Aragon, la préparation du premier numéro de La Révolution Surréaliste et enfin la recherche d’une ligne d’entente avec le Parti communiste en raison de l’engagement de la France dans la guerre coloniale ? […] L’apologie d’un « Parti de l’intelligence », l’antiasiatisme de Massis, les menées de l’Action française, les frilosités de Gide et de Valéry, et l’engagement de la France dans la guerre du Maroc exigent de chacun une identification rigoureuse des valeurs en présence. […] Durs, nus, révolutionnaires, ils ont fait craquer les cadres, envoyé au diable les murs, les poivrières des faux remparts ; même leur mémoire échappe à l’emprise de tel ou tel parti et il n’y a qu’un éclat de rire pour accueillir le titre choisi par un écrivain bien-pensant pour une étude sur l’auteur des Fleurs du mal qu’il baptise, sérieux comme Artaban, Notre Baudelaire ao. […] Que l’esprit ne soit point d’accord avec le monde extérieur, qu’il se refuse à suivre les contours des objets, des faits, ne sache en tirer aucun parti et même, le cas échéant, se refuse à en tirer aucun parti, voilà qui ne saurait être donné en preuve de son mauvais état. […] Massis a publié dans Le Figaro du 19 juillet 1919 un manifeste maurassien, « Pour un parti de l’intelligence », en réponse à la Déclaration de l’indépendance de l’Esprit, de Romain Rolland ; le débat gagne La NRF où Henri Ghéon signe ce manifeste, tandis que Gide, Romain Rolland et Jacques Rivière, attaqués par Massis s’y refusent.

362. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Cousin est volontiers l’homme des partis pris, des idées préconçues, ou plutôt encore il est l’homme de son tempérament et de sa propre nature. […] Nicolas Cornet, les questions de la grâce et du libre arbitre qui agitaient alors l’Église sous les noms de jansénisme et de molinisme sont admirablement définies, et Bossuet, par la manière libre dont il les expose, montre à quel point il est dégagé des partis et combien il plane. […] Jamais on n’a plus abusé du parti à tirer des papiers d’État que de les faire servir à une telle conclusion.

363. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

C’était une réponse un peu tardive à un livre (le Traité de l’Église) que Du Plessis-Mornay avait publié en 1578, et qu’il avait dédié à Henri IV, alors simple roi de Navarre et défenseur du parti calviniste. […] Qu’on veuille bien se reporter au temps : des membres du Parlement comme les Harlay, plus tard les Molé, les Lamoignon, étaient de bons et fidèles sujets, et à la fois ils étaient ou ils se croyaient un peu Romains : il y en avait qui étaient Pompéiens, c’est-à-dire pour Pompée et le parti de la république contre César, ce qui ne les empêchait pas d’être en réalité de bons royalistes ; de même jusqu’à un certain point alors, quand on était homme d’étude et de cabinet, on était stoïcien ou sceptique en philosophie, on était partisan de Sénèque ou d’Épictète ou de Cicéron (selon son goût et son humeur), et l’on était cependant chrétien dans la pratique et l’habitude, dans le cœur même un peu. […] Au sortir des disputes et des guerres religieuses, Charron avait mille choses justes à dire, et dont la convenance était sentie par tous les hommes de bonne foi qu’un zèle extrême ne passionnait pas pour le parti contraire.

364. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Mes généraux sont inexcusables, ou de vous avoir mal conseillé, ou d’avoir souffert que vous preniez d’aussi mauvais partis. […] Pour moi, il ne me reste, dans cette triste situation, qu’à prendre les partis les plus désespérés. […] Je n’accuse point votre cœur, mais votre inhabileté et votre peu de jugement pour prendre le meilleur parti.

365. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

On a tiré grand parti, dans ces derniers temps, de quelques billets de M. de Pontchartrain, desquels il résulterait que La Bruyère était sujet à des accès de gaieté extravagante. […] Une seconde fois, en 1693, sans l’avoir sollicité davantage, par le bon office de Racine et avec l’appui du parti des vrais classiques, il fut élu pour remplacer l’abbé de La Chambre, — presque à l’unanimité ; c’est lui qui le dit. […] Il semblait donc, étant le dernier à opiner, devoir lever le partage et décider entre les concurrents ; chacun tâchait par ses regards de l’attirer dans son parti, lorsque, prenant la parole, il dit :« Je n’ai pas oublié, Messieurs, qu’un des principaux statuts de cet illustre Corps est de n’y admettre que ceux qu’on en estime les plus dignes : vous ne trouverez donc pas étrange, Messieurs, si je donne mon suffrage à M. 

366. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Poujoulat, mais je ne sais non plus s’il a pris un parti. […] Savez-vous que M. de Carné ne doit pas être content de ses anciens amis, les académiciens du parti catholique ? […] N’y mettons ni esprit de parti ni préjugés d’aucune sorte.

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