Lamartine a parlé quelque part de la grosse patte plébéienne de Béranger. […] Lebrun, par exemple, et d’autres encore) n’ont pas voulu communiquer leurs lettres, et on le conçoit : il écrivait comme il parlait, sa plume était mauvaise langue ; il s’abandonnait sur tout le monde : jeter au public de tels paquets de confidences avant que le temps ait tout refroidi, c’est, en quelque sorte, se rendre soi-même responsable de ce qu’ils contiennent. […] Quand une amie généreuse, mais imprudente, le sachant gêné, songea à une souscription nationale pour lui, en 1835, et commença même à faire courir des listes sans lui en parler, il fallut voir sa colère sincère. […] A présent, quand on parle d’un grand poëte, on dit génie. […] « L’homme qui te parle ainsi, lui dit-il, n’a certes pas à se plaindre du public ; ce n’est pas un renard sans queue qui cherche à te dégoûter de celle que tu veux t’attacher au derrière pour faire courir les petits polissons après toi… Pardonne ces conseils à un vieil ami qui te parle avec expérience, et garde tes vers dans ton portefeuille.
Sans parler même de ces journées à jamais mémorables contre les Perses et le grand roi, je ne conçois pas un Grec instruit, sachant son Homère, applaudissant son Sophocle, et qui n’aurait pas eu une idée précise de la bataille de Leuctres, cette invention éclose du génie d’Épaminondas. […] Moi qui vous parle, quoique je les étudie assez, il y en a que je n’ai pas connus dans les premiers commerces que j’ai eus avec eux. […] Il me semble, à vous parler naturellement, qu’après les ordres réitérés de Sa Majesté, les plus fortes réflexions du général doivent être pour bien faire ses dispositions et profiter des moments. Je crois vous faire plaisir de vous parler avec cette liberté. […] Moi qui ne pouvais approuver ce retard, je voulus persister dans mon attaque, voyant que le temps pressait ; sur quoi M. de Contades me sollicita si vivement d’amitié de ne point attaquer sans parler à M. le maréchal de Villars, qui n’était pas éloigné, m’assurant que j’étais un homme perdu si l’attaque ne réussissait pas, que j’y consentis et fus le trouver à cinq cents pas.
A-t-il à parler d’Ingres, de Delacroix, voyez comme il sait, dans le choix même des termes employés à décrire et à caractériser leurs œuvres, impliquer l’éloge et le limiter à ce qui est dû. […] Ce sont là de ces comptes rendus qui parlent et qui vivent. […] Et je n’ai pas parlé des ballets-pantomimes de Théophile Gautier, à commencer par Giselle : singulier début au théâtre pour un homme de style qu’un genre muet, une composition où l’on danse et où l’on ne dit mot. […] Je n’ai point parlé non plus de cette joute de la Croix de Berny, de ce roman de société où il fut un des quatre tenants avec Mme de Girardin, Méry et Jules Sandeau, chacun faisant son personnage et reprenant le roman à l’endroit juste où l’autre l’avait poussé. […] Lui, dans son feuilleton de théâtre, se déconcertant le moins possible, il parla d’art et d’idéal le lendemain comme la veille, après comme avant.
J’arrive un peu tard pour en parler, et sans autre dessein que de mettre par écrit quelques réflexions que m’avait suggérées une première lecture et qu’une seconde vient de confirmer. […] En devenant le comte Herman, il a voulu ensevelir le duc Pompée ; il n’en a point parlé et a laissé ignorer à cette idéale jeune femme toute cette vie antérieure qu’il eût souhaité’ abolir ; c’est bon goût à lui de ne s’en être jamais vanté, et un jour qu’elle l’interroge là-dessus avec une curiosité bien naturelle et qu’elle lui reproche tendrement de lui cacher un secret, il répond avec élévation et bon sens : « Dans notre intérêt, je vous supplie de renoncer à une imprudente curiosité. […] … » Ce n’est plus la seule Pompéa, en effet, qui a parlé, c’est le passé tout entier, c’est toute sa jeunesse qui s’est rassemblée une dernière fois aux yeux d’Herman et qui lui apparaît comme dans un miroir magique. […] M. d’Alton-Shée, par la bouche de sa Pompéa, nous a laissé à sa manière son tableau de Couture, L’autre jour, à propos de la Vérité dans le vin, cette jolie comédie de Collé, je parlais de ces œuvres d’esprit qui sont des témoins d’un temps et qui marquent une date dans l’histoire des mœurs et des plaisirs. […] Quand je vois, vers la fin du siècle, que tant de soupers charmants où la beauté, l’esprit, la poésie en personne (André Chénier en était), l’éloquence déjà elle-même et la politique à l’état d’utopie et de rêve, se cotisaient à l’envi pour payer leur écot, quand je vois que ces réunions d’élite n’ont eu pour annotateur qu’un Rétif de La Bretonne, j’en rougis pour les délicats convives ; un valet de chambre en eût mieux parlé.
Le prêtre devenait Dieu, et Dieu parlait : ceci est mon corps, ceci est mon sang. […] Virgile et la Sibylle sont là pour la 4e églogue : ils usaient de l’hexamètre, tandis que les autres témoins parlaient en vers syllabiques et rimés. […] Dans le drame d’Adam, l’église sert de coulisse, au moins à Dieu, qui y rentre quand il a parlé. […] Ces deux particularités font le caractère archaïque des deux compositions dont je parle. […] Je veux parler de l’imagination psychologique, du don de distinguer les formes générales des caractères et des vies humaines, et de composer les actes et paroles d’un personnage en parfait accord avec ses sentiments.
C’est d’abord qu’il y a tant de romans aimés des simples (et je ne parle pas seulement des romans-feuilletons), où « le monde » nous est décrit avec des élégances qui rappellent celles des gravures de tailleurs ou de l’homme des « 100, 000 chemises » ! […] Car, si tout n’était pas vanité, si toute vie n’était attendue par la mort, il serait horrible de songer que nous ne connaissons qu’une vie médiocre, que nous n’avons pas de génie, que nous ne faisons rien de grand, que nous ignorons même à peu près la vie sensuelle et passionnelle et les « mille et trois » de don Juan, et que nous ne sommes pas « comme des dieux », ainsi que parlent les livres saints. […] Qu’elles se l’avouent ou non, ce n’est point aux âmes qu’elles veulent parler. […] En plus d’un endroit il parle aux sens, délicatement et éloquemment. […] Le don essentiel de l’écrivain, le don de voir toutes choses « transposées », pour parler comme Flaubert, en sorte qu’elles ne sont plus « qu’une illusion à décrire », est presque incompatible avec la vie passionnelle.
Là, ils lui parlaient de toutes leurs espérances, calmaient la méfiance et les mauvaises dispositions de cette immense population. […] Le chapitre dont je parle est à lire immédiatement avant celui du Concordat, et il en est désormais inséparable. […] Il ne parle que des fautes militaires de ce saint roi : « Il passa huit mois à prier, lorsqu’il eût fallu les passer à marcher, combattre et s’établir dans le pays. » On ne peut s’empêcher de sourire. […] Marchand en 1836, et dont Carrel a parlé si pertinemment dans Le National du 12 mars même année. Et puisque j’en suis à indiquer les bons juges qui ont déjà parlé de Napoléon écrivain, je n’oublierai pas M.
M. de Balzac parle encore quelque part de ces artistes qui ont « un succès fou, un succès à écraser les gens qui n’ont pas des épaules et des reins pour le porter ; ce qui, par parenthèse, dit-il, arrive souvent ». […] Quand on lui parlait de la gloire, il en acceptait le mot et mieux que l’augure ; il en parlait lui-même quelquefois agréablement : La gloire, disait-il un jour, à qui en parlez-vous ? […] Si j’avais l’espace devant moi, j’aimerais à parler ici du dernier roman de M. de Balzac, l’un des plus remarquables, à mon sens, sinon des plus flatteurs pour la société actuelle. […] Eugène Sue (laissons de côté le socialiste et ne parlons que du romancier) est peut-être l’égal de M. de Balzac en invention, en fécondité et en composition. […] Je pourrais tracer ici l’esquisse de son futur roman, son dernier roman en projet, dont il ne parlait qu’avec flamme.