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256. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Mon père, ma mère, mes sœurs ont laissé plus de traces dans mes yeux, dans mes oreilles, dans mon cœur, que le vent qui court n’en laisse dans les genêts de la montagne de Milly. […] Elle était étrangère, plus âgée que moi ; l’amour ne pouvait pas naître : mariée tard à un homme qui aurait été deux fois son père, l’amitié protectrice les unissait seule. […] Son père était sévère comme le temps ; sa mère, tendre comme la soumission ; ses sœurs, belles comme la modestie ; lui, sauvage et insoumis comme la solitude. […] Son père, le guerrier Outalissi, de la nation des Natchez alliée aux Espagnols, l’a emmené à la guerre contre les Muscogulges, autre nation puissante des Florides. Son père a succombé dans le combat, et lui, resté sans protecteur à la ville de Saint-Augustin, il courait risque d’être enlevé pour les mines de Mexico, lorsqu’un vieil Espagnol, Lopez, s’intéresse à lui, l’adopte et essaye de l’apprivoiser à la vie civilisée.

257. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Son père, marié tard à une jolie veuve d’Asti, mourut encore jeune. […] Il avait hérité seul de son père d’environ quarante mille livres de rente avant d’être en âge de les administrer et d’en jouir. […] Son père, son frère le cardinal, eussent essayé en vain de le rappeler au sentiment de lui-même ; il passait des années entières sans leur donner signe de vie. […] Le duc d’Aiguillon ne s’adressait plus, comme le duc de Choiseul, au héros d’Édimbourg et de Preston-Pans ; il lui disait simplement : “Soyez époux et père…” Égoïstes calculs de la politique ! […] Vous serez dans un couvent où la reine ma mère a été pendant du temps ; le roi mon père en avait une prédilection toute particulière.

258. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Un père éclairé qui le met aux mains de son fils, ne se fera pas tort en le relisant pour son compte. […] Supérieur à la fois dans le roman et au théâtre, il a inventé des caractères et créé des personnages presque plus populaires que leur père. […] Rollin, père par adoption, attentif et tendre comme les meilleurs pères par la nature, semble avoir appris des enfants eux-mêmes l’art de les élever. […] On sent partout la raison douce, la bonté, le père qui cache le maître, l’homme qui cache l’auteur. […] Dans le même livre, où il me remet sous les yeux ma jeunesse d’écolier, il m’instruit de mes devoirs de père et de maître.

259. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Vacherot, il a adressé au Père céleste une invocation, une véritable prière. […] À la fin de la préface d’un de ses recueils à propos d’un travail sur la Poésie des races celtiques, qu’il y a inséré, il se plaît à revenir en arrière, à repasser sur les souvenirs, les piétés et même les mystiques superstitions de ses pères ; il se met tout à coup à regretter que les humbles marins, ses aïeux, n’aient pas tourné leur gouvernail, n’aient pas laissé dériver leur barque vers d’autres rivages ; il se suppose un moment enfant attardé, fidèle, de la pauvre et poétique Irlande ; écoutez ! les mots les plus secrets de son cœur, les notes qui donnent la clef de sa nature morale, lui sont échappés dans cette page mouillée d’une larme : « Nous autres Bretons, ceux surtout d’entre nous qui tiennent de près à la terre et ne sont éloignés de la vie cachée en la nature que d’une ou deux générations, nous croyons que l’homme doit plus à son sang qu’à lui-même, et notre premier culte est pour nos pères. […] Dieu m’est témoin, vieux pères, que ma seule joie, c’est que parfois je songe que je suis votre conscience, et que, par moi, vous arrivez à la vie et à la voix. » Et voilà l’homme qu’une partie de la jeunesse française refuserait d’écouter avec respect, parlant dans sa chaire des études et des lettres religieuses et sacrées, sous prétexte qu’il a, comme critique, des opinions particulières ! […] Il m’arrive comme à un fils dont la tendresse filiale se serait refroidie, et qui, entendant attaquer l’honneur de son père, sent se rallumer dans son cœur l’amour qui paraissait éteint.

260. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Je dois tout d’abord vous dire que j’ai trouvé la plupart des renseignements techniques qui m’étaient nécessaires dans les papiers que m’a laissés mon père. […] Plus tard il m’a été donné de voir beaucoup d’affections de la peau à l’hôpital militaire de Besançon où mon père dirigeait un service. […] Je connaissais d’autant mieux cette affection que mon père avait pris pour sujet de thèse de doctorat la fièvre typhoïde. […] Antécédents héréditaires : Père alcoolique, mort d’une chute « un jour de ribote » (p. 554). […] Zola voulut être père d’une autre expression typique, et il lança le mot de Roman expérimental.

261. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Pour son malheur, il eut affaire au père le plus absolu, le plus pénétré des droits de son autorité paternelle, qui se soit jamais rencontré : dès les premières résistances de l’enfant, le marquis s’irrita et voulut le briser rudement. Une pension qui était comme une maison de correction, quatre prisons, dont une de trois ans et demi, une sentence d’interdiction, quinze lettres de cachet : tous ces moyens ne servirent qu’à exaspérer la haine du père, à raidir le fils dans sa révolte, et à diffamer le nom de Mirabeau dans le public. […] Or le père et le fils remplirent pendant quinze ans la France du bruit de leurs débats. Et après le père, ce fut la femme : Mirabeau plaida lui-même contre sa femme devant le Parlement d’Aix (1782) ; il ne put empêcher la séparation d’être prononcée ; et il ne resta de ce procès tapageur que les imputations également diffamatoires des deux parties. […] Il arrachait par son intelligence et sa capacité de travail l’admiration de son oncle le bailli et, pendant leurs rares trêves, celle même de son père.

262. (1881) Le naturalisme au théatre

L’enfant croit que le docteur est son père. […] Il veut d’abord faire valoir ses droits de père. […] Aimery, chassé par son père, revient alors comme un justicier. […] Un père et un patriote. Mais quel père et quel patriote ?

263. (1864) Le roman contemporain

Cependant, de quelle célébrité ce roman n’a-t-il pas joui chez nos pères ? […] Son père, ancien médecin militaire, est un homme sans principes, de mauvaises manières et de mauvaises mœurs, ivrogne, mauvais mari et mauvais père. […] Creton du Coche, ainsi nommé de l’industrie où son père a fait fortune, M.  […] Il faut qu’elle se penche derrière chaque père de famille, qu’elle pénètre dans chaque foyer pour remplir les devoirs que le père et la mère ne remplissent pas. […] « On ne lui avait jamais connu ni père ni mère, répond le poète.

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