J’oubliais de dire que dans ces écoles on cultive aussi la musique, et qu’elle est particulièrement enseignée à un certain nombre de pauvres écoliers qui, par une fondation particulière, sont nourris, logés et quelquefois vêtus sous l’inspection spéciale d’un préfet, et suivent d’ailleurs toutes les études avec les autres écoliers. […] J’oubliais encore de dire que dans ces écoles on étudie aussi les éléments de l’histoire, de la géographie ; on prend une teinture du blason, des généalogies des maisons souveraines, enfin de tout ce qui est nécessaire à un homme qui veut servir sa patrie avec quelque distinction8. […] En fondant la faculté de médecine d’une université, il ne faut pas oublier d’y comprendre l’établissement des chaires de chirurgie.
C’est même souvent en vain qu’il tente de corriger sa faute ; il recommence sans faire mieux, et semblable à ceux qui cherchent dans leur memoire un nom propre oublié, il trouve tout hormis le trait qui pourroit seul former l’expression qu’il veut imiter. […] On ne lui pardonneroit jamais une énumeration pareille ; s’il fait cette énumeration dans ses premiers livres, le lecteur ne s’en souviendra plus, et il ne sentira pas les beautez dont l’intelligence dépend de ce qu’il aura oublié ; s’il fait cette énumeration immediatement avant la catastrophe, elle deviendra un retardement insupportable. […] En étudiant ces auteurs, on se remplit la tête des fables et des histoires de leur païs, et l’on oublie difficilement tout ce qu’on peut avoir appris dans l’enfance.
Dans ce nombre, on ne doit pas oublier Quinault et ses prologues célèbres. […] On remarque sur les lois, qu’en diminuant l’abus des procédures, et réglant la forme des tribunaux, il laissa subsister le vice de cent législations opposées, et ne fit qu’ébaucher un ouvrage immense, qui, parmi nous, attend encore le zèle d’un grand homme ; sur l’agriculture, qu’il connut peu les vrais principes qui l’encouragent, principes découverts par Sully, employés dans les belles années de Henri IV, oubliés sous le ministère orageux et brillant de Richelieu, retrouvés ensuite par Fénelon, et développés avec succès dans ce siècle, où les grands besoins font chercher les grandes ressources ; sur le commerce, qu’il eut peut-être sur cet objet des vues beaucoup plus vastes que solides ; que ses vues même étant en contradiction avec ses besoins, d’un côté il voulait le favoriser, et de l’autre il le chargeait d’entraves ; sur les manufactures, qu’il les encouragea avec grandeur, mais qu’il fit quelquefois de ces arts utiles le fléau de l’État, en immolant le laboureur à l’artisan ; enfin, sur la partie militaire, que sa perfection même nous donna une gloire éclatante et dangereuse, qu’elle arma la France contre l’Europe, et l’Europe contre la France, et fut récompensée et punie par trente ans de carnage. […] Le mérite de l’un fut de rappeler toujours sa grandeur ; le mérite de l’autre, de faire oublier la sienne.
On a vu dans toutes les républiques l’honneur des éloges réservé pour les morts, dans les monarchies cet honneur prodigué aux vivants ; le délire de la louange à Rome, sous Auguste et sous Constantin ; à Byzance, sous une foule d’empereurs oubliés ; en France, sous Richelieu et sous Louis XIV. […] Qu’il oublie alors et les idées rétrécies d’un cercle, et les préjugés d’un moment, et les systèmes de l’indifférence ou de l’erreur ; alors sa marche sera souvent impétueuse. […] Mais soit que vous soyez éloquent, ou que vous ne le soyez point, soit qu’en célébrant les grands hommes vous preniez pour modèle ou la gravité de Plutarque, ou la vigueur de Tacite, ou la sagesse piquante de Fontenelle, ou de temps en temps l’impétuosité et la grandeur de Bossuet, n’oubliez pas que votre but est d’être utile.
Mais, quand il se vit seul maître survivant, sans complice ni rival, il cessa des violences dont il eut porté seul le blâme ; et ses cruautés anciennes s’oublièrent, sous l’allégement du joug et l’abaissement continu des âmes. […] Vous n’avez pas oublié le poëte de Thèbes préludant pour le roi de Syracuse : « Hymnes qui régnez sur la lyre, quel dieu ou quel héros allons-nous célébrer ? […] Il fallait oublier beaucoup de la vie première d’Auguste ; et ce qu’on pouvait louer dans la suite avait plus d’utilité que d’éclat : c’était le repos dans la servitude.
Désormais.je m’efforcerai d’oublier la grande Révolution qui préoccupe tous les esprits pour ne plus parler que de Michel-Ange, de Raphaël et du printemps… » Pour être plus sûr de se calmer, il alla faire à la fin de mars un voyage de quelques semaines à Naples, la ville de l’oubli : et in otia natam Parthenopen ; il en savoura en peu de jours les incomparables douceurs et respira au Pausilippe le génie de Virgile. […] « La déesse Calypso ne m’a pas offert d’éternelles amours sous ses grottes tapissées de fleurs ; l’adroite Circé n’a pas voulu faire de moi son époux immortel ; mais j’ai traversé de bien douces et de bien belles patries ; j’ai compris que Sturler s’oubliât à Florence depuis seize ans, et que Le-Duc quittât Rome les larmes aux yeux ; j’ai senti qu’on pouvait rêver la paix de l’âme au bruit harmonieux des flots de Sorrente et de Baïa, oublier le monde à l’ombre de quelques vieux arbres, dans une petite maison isolée sur les rivages d’Éleusis. […] « Les uns oublient, les autres apprennent à se souvenir ; les uns s’étudient à aimer moins pour moins souffrir ; les autres sont dévorés du besoin d’aimer davantage ; et plus ils s’éloignent, plus ils sentent leur courage défaillir, et plus ils s’efforcent de se rapprocher au moins par la mémoire des joies perdues. […] … » Je ne crois point m’écarter ; je n’oublie pas que j’ai présenté Gandar comme un exemple à suivre pour celui qui se destinerait à être un parfait professeur. […] C’est pour eux autant que pour moi que j’étudie ; car je suis pénétré d’une vive reconnaissance envers ceux qui m’ont permis de compléter ainsi mes premières études, et je n’oublierai jamais qu’en acceptant cette mission, j’ai contracté envers l’État une de ces dettes que l’on n’acquitte qu’avec les efforts de toute une vie. » Il avait fait, en septembre-octobre 1848, un petit voyage en Arcadie et en Élide, dont il envoya un récit détaillé à son frère.
Il ne se rattache pas plus directement à l’ancienne école française, à Marot, ni à Villon qu’il semble ignorer, ni aux vieux poètes épiques, non imprimés alors et oubliés profondément ; d’ailleurs il n’en eût su que faire. […] Rendre justice aux adversaires, se souvenir qu’ils sont des Français lorsqu’eux-mêmes l’oublient, les admirer pour leur vertu égarée, désespérée, parler de clémence au moment où il ne s’agit que de frapper, ce n’est le fait ni d’un soldat, ni d’un poëte, ni même, je le dirai, d’un contemporain. […] Il avait, à sept ou huit lieues de cette ville, une maison embellie de toutes les diversités propres au soulagement d’un esprit que les affaires ont accablé : il a oublié le plaisir qu’il en recevait, ou plutôt le besoin qu’il en avait, pour se résoudre à la vendre, et on a employé les deniers à l’achat de cette place. […] Il ne convient pas que Balzac, devant la postérité, prenne à ce point ses avantages sur Malherbe et se donne les airs de le morigéner à son aise : c’est intervertir les rôles ; c’est oublier de quel côté vraiment était la solidité. […] — Mais je m’oublie depuis longtemps à parler d’un autre siècle.
Quelques-uns viennent du passé très lointain et de pays confus, peut-être oubliés ; ils n’en sont pas moins proches de mon cœur. […] Et combien d’autres poètes contemporains me sont essentiellement chers, depuis Lamartine jusqu’à Verlaine, sans oublier le pauvre Pierre Dupont, qu’on traite dédaigneusement de chansonnier ! […] Enrichissant la rime par la richesse de la pensée, rénovant ou inventant des rythmes oubliés ou inconnus, tout en recherchant le mot propre, le pittoresque et la couleur, il libéra enfin la poésie française des vaines entraves qui menaçaient de l’étouffer et transforma totalement « l’art d’écrire en vers ». […] Nous n’oublions pas non plus qu’il a osé comparer à Victor Hugo qui ne pouvait se défendre le jeune et millionnaire, M. […] Baudelaire, Vigny, Musset, Lamartine, Gautier même, sans oublier Leconte de Lisle, et Banville et Verlaine, l’exquis de Nerval aussi — et tant d’autres !