[Article original paru dans Le Constitutionnel, 10 août 1874.]
A-t-il au moins dégagé des points ignorés, ouvert des horizons, saisi des fragments de vérité, originale et surprise, et, par là, obligé les historiens futurs à compter avec sa pensée ?
Eh bien, c’est ce traducteur de Carlyle, qui s’est interrompu lui-même et dont la traduction étincelle des beautés de l’original, qui nous donne aujourd’hui une histoire de la littérature anglaise, et, malgré son titre, qui dit faux en disant : « de la littérature contemporaine », une histoire intégrale de la littérature en Angleterre, commençant à la première chronique saxonne et au premier poème normand, et allant jusqu’au dernier journal anglais de l’heure présente, jusqu’à la dernière feuille de chou, comme disent avec tant de distinction ces charmants journalistes, ces fameux lapins du journalisme qui se mangent leurs journaux entre eux !
Dans l’état actuel de la tête humaine, n’est-ce pas là quelque chose d’original ?
C’est original, un dandy, à la Revue des Deux-Mondes, où tout le monde endoctrinaille, et où, il y a quelques années, un petit puritain exigu eut pour consigne d’insulter Brummell !
C’est toujours, pour preuve que la légende de la Papesse Jeanne est une histoire, c’est toujours les mêmes interpolations des copistes à la marge des manuscrits originaux, écrites, après coup, d’une autre main que celle qui a écrit le texte, et, la première fois, à quelques siècles de distance.
I C’est là un de ces livres, hardis dans leur but, originaux dans leur recherche, profonds et fouillés jusqu’au tuf dans leur exécution, dont on peut dire avec étonnement : « C’est incroyable !
Il était sagace et pénétrant et disait bien ce qu’il avait vu, dans une langue originale, imagée, épigrammatique, d’un tour bien à lui.