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19. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

Or ce n’étoit point la musique metrique ni la musique rithmique qui enseignoit la science des accords. C’étoit la musique harmonique. […] " si la tragedie peut subsister sans vers… etc. " je doute fort que ce raisonnement excusât le gout des atheniens, suposé que la musique et la danse dont il est parlé dans les auteurs anciens, comme d’agrémens absolument nécessaires, dans la representation des tragedies, eussent été une danse et une musique pareilles à notre danse et à notre musique, mais, comme nous l’avons déja vu, cette musique n’étoit qu’une simple déclamation, et cette danse, comme nous le verrons, n’étoit qu’un geste étudié et assujetti. […] Le lecteur peut voir dans le dictionnaire de musique fait par M. Brossard, l’explication des modes de la musique des anciens.

20. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

La musique est, de tous ces arts, celui qui se rapproche le plus de la parole ; elle l’égale souvent et parfois même elle la dépasse ; car la musique exprime surtout l’inexprimable. […] C’est là, pour ma part, la musique entre toutes les musiques, celle qui m’a donné les plus vives ivresses d’oreille dont j’aie été enivré dans le cours de ma vie. […] C’est pour cela que la musique est un art. […] L’amour fut couronné, mais c’était la musique qui avait vaincu. […] « J’entendis une bonne et une mauvaise musique.

21. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Trois hommes l’exprimèrent, Hugo, en littérature, — Berlioz, en musique, — et, en peinture, Eugène Delacroix. […] Même quand il s’agit de musique pure, repoussez l’influence des maîtres allemands. […] Il ne restait plus qu’à faire la même chose avec la musique. […] La musique doit révéler l’homme bon, l’homme d’amour. La conception de la musique doit beaucoup à Schopenhauer.

22. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Les littérateurs, par une tradition, dédaignent la musique. […] Aussi la musique de Beethoven sera-t-elle comprise en toutes les époques, tandis que la musique de ses prédécesseurs nous demeurera, pour la plupart, compréhensible, seulement, par l’intermédiaire d’une réflexion historique. […] Sa musique était à exprimer, pleinement, une action entière, pénétrée de noble émotion et de hautes douleurs. […] 4° La Musique descriptive, par Teodor de Wyzewa. […] Wagner y développe sa théorie de la religion de l’art et affirme à nouveau la suprématie de la musique.

23. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Toujours ceux-là ont composé de la musique sur des textes donnés ; Wagner concevait musique et paroles simultanément, ou plutôt, le drame est né « dans le sein maternel de la musique ». […] Si cela n’est point, la musique perd tout sens. […] Jamais la clarté du langage et le bon sens ne sont sacrifiés à la musique. […] Les deux lignes de musique qui séparent le baiser de Kundry du cri « Amfortas  ! […] Il choisit donc les passages impossibles à rendre de façon parfaite quant au lien entre la musique et le texte.

24. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Au fond, il n’y a qu’une chose ici : la musique. […] La Gœtterdaemmerung est de la musique absolue, non pas dans le sens ordinaire de cette expression, — mais de la musique absolue wagnérienne. […] Une harmonie des mots apparut possible, légitime : après la musique parlée des orateurs, naquit la musique écrite des poètes. […] J’admire cette musique, grandement savante déjà et combien superbe ! […] Il cite alors Mallarmé bien sûr, le premier à oser une révolution de la « musique verbale » après la révolution wagnérienne de la « musique instrumentale ».

25. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Ce besoin d’entendre sa musique devenait aigu. […] Une autre atténuation par la musique, est celle par simple déploiement de force dynamique. […] Lorsque la parole domine, elle se rapprochera de la « littérature » ; lorsque la musique domine, celle-ci se rapprochera de la « musique absolue ». […] Mais ce qui nous fait sentir d’une façon si aiguë, et souvent inquiétante, cette domination hautaine de la musique, c’est précisément le manque de toute affinité entre la parole et la musique. […] Poétesse, Wagner mit en musique cinq de ses poèmes qui forme le cycle des Wesendonck Lieder.

26. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre premier. Musique. — De l’influence du Christianisme dans la musique. »

Musique. — De l’influence du Christianisme dans la musique. Frères de la poésie, les beaux-arts vont être maintenant l’objet de nos études : attachés aux pas de la religion chrétienne, ils la reconnurent pour leur mère aussitôt qu’elle parut au monde ; ils lui prêtèrent leurs charmes terrestres, elle leur donna sa divinité ; la musique nota ses chants, la peinture la représenta dans ses douloureux triomphes, la sculpture se plut à rêver avec elle sur les tombeaux, et l’architecture lui bâtit des temples sublimes et mystérieux comme sa pensée. Platon a merveilleusement défini la nature de la musique : « On ne doit pas, dit-il, juger de la musique par le plaisir, ni rechercher celle qui n’aurait d’autre objet que le plaisir, mais celle qui contient en soi la ressemblance du beau. » En effet, la musique, considérée comme art, est une imitation de la nature ; sa perfection est donc de représenter la plus belle nature possible. […] De là toute institution qui sert à purifier l’âme, à en écarter le trouble et les dissonances, à y faire naître la vertu, est, par cette qualité même, propice à la plus belle musique, ou à l’imitation la plus parfaite du beau. […] Il a sauvé la musique dans les siècles barbares : là où il a placé son trône, là s’est formé un peuple qui chante naturellement comme les oiseaux.

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