» Avec les mêmes inquiétudes, Piers Plowman part pour chercher Bien-Faire, et demande à chacun de lui enseigner où il le trouvera. « Chez nous », lui disent deux moines. « Non, dit-il, puisque l’homme juste pèche sept fois par jour, vous péchez, et ainsi la vraie justice n’est pas chez vous. » C’est à « l’étude et à l’écriture », comme Luther, qu’il a recours ; les clercs parlent bien de Dieu à table et aussi de la Trinité, « en citant saint Bernard, avec force beaux arguments pompeux, quand les ménestrels ont fini leur musique ; mais pendant ce temps les pauvres peuvent pleurer à la porte et trembler de froid sans que nul les soulage. » Au contraire, on crie contre eux comme après des chiens, et on les chasse. « Tous ces grands maîtres ont Dieu à la bouche, ce sont les pauvres gens qui l’ont dans le cœur168 », et c’est le cœur, c’est la foi intérieure, c’est la vertu vivante qui font la religion vraie.
Il a certainement et à un haut degré l’amour du beau et du bien dans les productions de la littérature, de la peinture, de la musique.
Il y a encore un opéra de Coriolan, que Graun a mis en musique. […] Cet entretien de Lorenzo et de Jessica, ce jardin, ce clair de lune, cette musique qui prépare le retour de Portia, de Bassanio, et l’arrivée d’Antonio, disposent l’âme à toutes les douces impressions que fera naître l’image d’une félicité complète, dans la réunion de Portia et de Bassanio au milieu de tous les amis qui vont jouir de leurs soins et de leurs bienfaits.
Que, si Stendhal ne les a pas dégagés nettement, il a fourni pourtant au romantisme trois des principes essentiels de son esthétique ; — lesquels sont, et sans parler d’une orientation générale de la curiosité vers des littératures étrangères : — 1º le Principe de l’équivalence des arts ; — ou du perpétuel échange que la poésie, la peinture et la musique peuvent faire de leurs « moyens » ; — et conséquemment de leurs effets ; — 2º le Principe de la représentation du caractère comme objet essentiel de l’art ; — en tant que le caractère est l’expression du « tempérament » physiologique des individus ; — et des peuples ; — et 3º le Principe de la glorification de l’énergie ; — si son admiration pour Napoléon ; — pour l’Italie ; — et pour l’Angleterre prouve essentiellement sa sympathie pour la résistance des individus aux conventions et aux lois de la société. — Il est aussi l’un des premiers qui aient fait de la « culture du moi » la loi du développement de l’artiste. […] Celles qui lui appartiennent en propre sont donc : en vers, La Ciguë, 1844 ; Un homme de bien, 1845 ; L’Aventurière, 1848 ; Gabrielle, 1849 ; Sapho (opéra, musique de Gounod, 1851] ; Le Joueur de fifre, 1851 ; Diane, 1852, Philiberte, 1855 ; La Jeunesse, 1858 ; et Paul Forestier, 1868 ; et en prose : Le Mariage d’Olympe, 1855 ; Ceinture dorée, 1855 ; Les Effrontés, 1861 ; Le Fils de Giboyer, 1863 ; Maître Guérin, 1864 ; La Contagion, 1866 ; Le Post-Scriptum, 1869 ; Lions et Renards, 1870 ; Jean de Thommeray [d’après une nouvelle de Jules Sandeau], 1874 ; Madame Caverlet, 1876 ; et Les Fourchambault, 1878.
Quelle musique nouvelle des périodes ! […] C’est lentement, par une analyse, prolongée des années, qu’elle se formula en lui de plus en plus consciente : « Si je suis un artiste, un poète », devait-il déclarer dans cette même préface, « je n’ai fait qu’exécuter la musique qui reposait dans le cœur de mes parents et dans l’horizon où j’ai, dès avant ma naissance, respiré. » C’est là le premier pas hors du dilettantisme et de l’anarchie : discerner que l’on est d’une famille et d’un pays, que l’on a derrière soi une terre et des morts.
L’orchestre invisible qui faisait entendre aux moments pathétiques des fragments de la musique de Gluck, adaptée par M. […] Mais qu’Athalie, avec 457 représentations seulement, soit mise au-dessous de Mithridate (512) et très peu au-dessus de Bajazet (407), voilà qui est affligeant. — Chose assez curieuse, l’insupportable Esther (mais il faut tenir compte de la musique dont elle a été souvent accompagnée) a un peu plus de représentations que la délicieuse Bérénice (159 contre 156) ; mais, en somme, en partant toujours, naturellement, de cette idée que c’est moi qui ai raison, c’est encore sur Racine que le public s’est le moins trompé… Pour Molière, la pièce à succès éminents c’est le Tartuffe : 2 058. […] Il n’est rien qu’on aime tant à entendre jouer que la musique qu’on sait par cœur, et il n’est rien qu’on aime tant à voir que les pièces qu’on connaît à fond.
. — Il est minutieux, il a de petites affaires bien réglées ; son temps est coupé menu ; il cligne de l’œil et branle gentiment la tête d’un air résolu en vous parlant de ses petit arrangements, de ses principes politiques, ou de son petit dîner de trois heures ; il vous répète pour la centième fois, quand vous lui demandez s’il est allé à telle soirée, qu’il ne va guère en soirée, qu’il passe ses soirs d’ordinaire chez une parente, qu’on lui joue un peu de musique pendant qu’il travaille.
Ils ont rendu sensibles des thèses morales, des périodes historiques ; ils ont fabriqué et appliqué des esthétiques ; ils n’ont point eu de naïveté, ou ils ont fait de leur naïveté un usage réfléchi ; ils n’ont point aimé leurs personnages pour eux-mêmes ; ils ont fini par les transformer en symboles ; leurs idées philosophiques ont débordé à chaque instant hors du moule poétique où ils voulaient les enfermer ; ils ont été tous des critiques1421, occupés à construire ou à reconstruire, possesseurs d’érudition et de méthodes, conduits vers l’imagination par l’art et l’étude, incapables de créer des êtres vivants, sinon par science et par artifice, véritables systématiques qui, pour exprimer leurs conceptions abstraites, ont employé, au lieu de formules, les actions des personnages et la musique des vers.