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109. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « La Esmeralda » (1836) »

Au reste, quoique, même en écrivant cet opuscule, l’auteur se soit écarté le moins possible, et seulement quand la musique l’a exigé, de certaines conditions consciencieuses indispensables, selon lui, à toute œuvre, petite ou grande, il n’entend offrir ici aux lecteurs, ou pour mieux dire aux auditeurs, qu’un canevas d’opéra plus ou moins bien disposé pour que l’œuvre musicale s’y superpose heureusement, qu’un libretto pur et simple dont la publication s’explique par un usage impérieux. Il ne peut voir dans ceci qu’une trame telle quelle qui ne demande pas mieux que de se dérober sous cette riche et éblouissante broderie qu’on appelle la musique.

110. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

En musique, en peinture, en littérature, il perça aussitôt d’une veine nouvelle ; il fut surtout un excitateur d’idées. […] Au moment où il causait le mieux peinture, musique ; où Haydn le conduisait à Milton ; où il venait de réciter avec sentiment de beaux vers de Dante ou de Pétrarque, tout d’un coup il se ravisait et mettait à son chapeau une petite cocarde d’impiété. […] L’art, le génie de Haydn, le caractère de cette musique riche, savante, magnifique, pittoresque, élevée, y sont présentés d’une manière sensible et intelligible à tous. […] En parlant de Vienne, de Venise, il y montre la politique interdite, une douce volupté s’emparant des cœurs, et la musique, le plus délicat des plaisirs sensuels, venant remplir et charmer les loisirs que nulle inquiétude ne corrompt et que les passions seules animent. […] Au fond, quand il s’abandonne à les goûts et à ses instincts dans les arts, Beyle me paraît ressembler fort au président de Brosses : il aime le tendre, le léger, le gracieux, le facile dans le divin, le Cimarosa, le Rossini, ce par quoi Mozart est à ses yeux le La Fontaine de la musique.

111. (1760) Réflexions sur la poésie

Mais pourquoi ces mêmes oreilles, qui se dégoûtent de la poésie en vieillissant, ne se dégoûtent-elles pas de même de la musique ? […] On n’accusera pas notre siècle d’être refroidi sur la musique, si ce n’est peut-être sur le plain-chant de nos anciens opéras : cependant on ne saurait se dissimuler le peu d’accueil que fait ce même siècle au déluge de vers dont on l’accable. […] Le genre pastoral, par exemple, peut encore nous plaire sur la scène, et principalement sur le théâtre lyrique, par les accessoires qui l’accompagnent, le spectacle, l’action, la musique et les danses. […] Oserait-on conclure de là qu’on pourrait faire de très bonne musique sur de la prose française, pourvu que cette prose fut harmonieuse et cadencée ?

112. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

Évidemment, il assigne à la poésie le rôle d’une musique spéciale, et la veut consacrée à l’expression d’états de l’âme spéciaux : de ces larges et troubles coulées d’images, par instants envahissant l’esprit, incapables d’être notées dans une prose, et constituant, pour la psychologie, l’essence même des émotions… La forme musicale de M.  […] Une douceur en émerge, c’est le lied : restitution d’humanité, définitive en sa musique suave et brève, où chante l’âme de banales et divines aventures plébéiennes ou de ces souvenirs que les héroïsmes, les joies ouïes malheurs séculaires incrustent en le cœur des races ; le lied, dont l’adaptation au verbe français est le bien évident de M.  […] Des saxes légers, un Lancret, des musiques puériles et douces qu’on dirait de Dalayrac ou de Monsigny (Poème xviiie , Francœur et La Ramé, la Petite Sylvia, l’Äme de Manon, Au meunier, Il était une bergère, le Miroir de Cydalise, etc.) évoquent la frêle inconscience des heureux d’un siècle que devait finir la Révolution.

113. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

29 mars, la France : « Chez un marchand de musique » par M.  […] Ils l’ont subie, les uns par la modération du côté vocal exagéré, les autres par l’atténuation du déchaînement symphonique appliqué à la musique dramatique. […] Enfin, nous allons entendre de la musique. […] Eh bien, Regnault chantait la musique de Wagner, et M.  […] La musique dans le drame wagnérien.

114. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

L’éditeur a eu l’attention de mettre la musique, et ce sont, en général, des airs très faciles improvisés par M. Xanrof lui-même, qui, comme Nadaud et d’autres chansonniers de notre temps, fait à la fois la musique et les paroles. — Xanrof excelle dans la scie d’atelier ; rien de plus drôle que sa Devanture, etc… [Le XIXe Siècle (1889).]

115. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Rousseau copie de la musique. Vite, il s’empresse de retourner rue Plâtrière, avec de la musique à copier. Même manège ; le guichet s’ouvre, la laide figure paraît. « C’est de la musique à copier. » On la lui prend : « Bien, vous repasserez dans huit jours. » Ainsi pendant des semaines et des mois. […] Rousseau a à vous parler. » La porte s’ouvre ; on l’introduit dans une petite chambre ; il y a deux chaises ; Rousseau le fait asseoir : « Monsieur, j’ai voulu vous parler ; il est arrivé un accident, je ne puis vous livrer la musique comme je vous l’avais promis. […] Monsieur, cela n’y fait rien ; je prendrai tout de même… » — « Non, monsieur, je n’ai pas l’habitude de livrer de la musique en cet état ; j’ai voulu vous donner cette explication, car je ne manque jamais à ma parole. » — « Mais, monsieur… » — « Non, monsieur ; je vous demande seulement quelques jours pour refaire la copie. » Le jeune homme avait peine à sortir : Rousseau lui-même s’oublie ; la conversation se renoue et s’engage. « Jeune homme, à quoi vous destinez-vous ? 

116. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

L’auteur de ces poésies a ; inventé pour elles une musique qui fait ouvrir des ailes de feu à ses vers et qui enlève fougueusement, comme sur un hippogriffe, ses auditeurs fanatisés. […] Il en a même deux : le diable de la musique et le diable de la mimique, et, tous les deux, tout-puissants ! […] Mais tout cela flambe et se transfigure quand il est saisi par ces trois mains de la poésie, de la musique et de la mimique… et on ne le reconnaît plus ! […] Il les chantait lui-même sur une musique jumelle, puisée à la même source d’inspiration que sa poésie. […] Mais son livre des Névroses nous reste, son livre, impersonnel et muet, sans déclamation et sans musique, et, à distance de ces deux fascinations, on peut le juger· V Peut-on dire qu’il a été jugé déjà ?

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