Au temps de Palestrina la basse constitue le chant ; c’est au registre le plus grave qu’est confié l’intérêt principal, le mouvement de direction ; dans les célèbres motets du Maître, écrits le plus souvent pour cinq voix, quatre parties servent d’accompagnement à la cinquième, qui est… la basse. […] Non seulement dans les parties instrumentales, mais encore dans les parties vocales où la sévérité, comme il convient, est plus de mise, il faut renoncer à relever les quintes de suite, les fausses relations, les doublures de notes à résolution obligée, les mouvements fantaisistes qui forcent à monter les notes qui doivent descendre et à descendre celles qui doivent monter, etc., tous péchés qui déchaînaient jadis la colère des puristes comme Cherubini. […] Depuis, le mouvement ne s’est pas ralenti. […] La Revue va être le lieu de la fondation du mouvement symboliste et la parution de ces poèmes de Mallarmé, Verlaine, René Ghil, Stuart Merill, Charles Morice, Charles Viguier, Teodor de Wyzewa, et Edouard Dujardin est un premier acte d’un mouvement nouveau. […] Il est important de noter quelle place centrale tient le wagnérisme dans la naissance du symbolisme, et comment cette revue, à l’origine consacrée à un compositeur allemand, devient le lieu privilégié de l’expression d’un mouvement littéraire typiquement français.
Nous donnerons aussi une place importante au mouvement artistique contemporain, aux efforts des jeunes artistes qui cherchent leur formule dans la voie ouverte par le Maître. […] Colonne, malgré ses efforts, n’avait pas réussi à donner le mouvement des chœurs qui suivent la Consécration ; c’était trop lent ou trop rapide, c’était froid, ce n’était pas cela. […] Colonne trouva exactement, absolument, non seulement le mouvement général, mais les nuances du mouvement et de l’expression ; et ce final fut enlevé, d’un seul jet, superbement. […] Peut-être, au contraire, étonnera-t-il l’univers par un de ces mouvements stratégiques qu’il exécute avec une si rare maestria (soyons italiens !) […] Dans les paroles de cette scène, qui sont d’un vague admirable, il voit l’énoncé précis d’un système philosophique ; dans la musique, qui est une révélation inondant de lumière la vie de ces âmes, il voit « une page unique » mais « qui rend tout simplement les mouvements extérieurs des amants et leurs amoureux transport. »[NdA] 4.
La peinture de ces mouvements intérieurs, leurs effets, les rencontres comiques ou terribles des caractères, des intérêts, des passions, voilà le vrai domaine du romancier comme de l’auteur dramatique. […] sans doute je sais bien que ce sont des muscles et des tendons qui déterminent chacun de nos mouvements ; que les corps se composent d’os et de chair, de globules sanguins qui incessamment vont et viennent portés par la circulation. […] L’un des instigateurs du mouvement naturaliste, M. Edmond de Goncourt, effrayé de la direction à peu près exclusive qu’a suivie ce mouvement, a fini tout dernièrement par se fâcher presque rouge, et par dire assez vertement son fait à la jeune école. […] Il a beau se dire et se croire peut-être républicain, il est, à prononcer le vrai mot, la littérature du second empire qui survit à Sedan et achève son mouvement logique et fatal.
Ce serait une étude technique de noter, dans les vers de l’Alexandra, les mouvements, les images, les formes de style, empruntés ou détournés d’Eschyle ou de Pindare. […] Une grande inégalité se marqua dans le mouvement d’étude et de savoir qui suivit la conquête macédonienne, et qui fut la seule grandeur-morale laissée à l’homme déchu désormais de cette noble liberté, de cette souveraineté de soi-même, qu’avait tant aimée la Grèce. […] Un tour de génie particulier, quelques accidents heureux d’imitation, quelques mouvements nouveaux de l’âme, peuvent toujours y échapper. […] L’un les employait pour une naissance ; l’autre, pour une mort ; mais la singularité du mouvement de passion ainsi reproduit semble attester l’imitation. […] Alors que le plus jeune des fils d’Atrée, heureux époux, enfermait avec soi Hélène, la fille chérie de Tyndare, toutes chantaient, applaudissant en cadence du mouvement de leurs pas entrelacés ; et la maison retentissait du cri de l’hymen : — As-tu sommeillé jusqu’au point du jour, ô gendre bien-aimé ?
Tous ses mouvements sont accompagnés de quelque vertu qui le fait aimer. […] Il a découvert entre la mauvaise humeur et la bouffonnerie un milieu approuvé et par la raison, dans lequel l’âme se dilate par un mouvement modéré, sans s’énerver par la dissolution, c’est la première condition qu’il estime nécessaire. […] Pas un de leurs gestes, pas un de leurs mouvements qui fût indigne de la souveraineté du monde ; ils riaient même, ils se jouaient avec une sorte de dignité. » Ici l’auteur fait un retour vers madame de Rambouillet, pour remarquer qu’elle est de ce caractère, qu’elle descend du même principe, fille de leur discipline et de leur esprit , et ne tient pas moins de l’a magnanimité des César et des Scipion que de l’honnêteté des Livie et des Cornélie.
Le coeur s’agite de lui-même et par un mouvement qui précede toute déliberation, quand l’objet qu’on lui présente est réellement un objet touchant, soit que l’objet ait reçu son être de la nature, soit qu’il tienne son existence d’une imitation que l’art en a faite. […] Le même instinct qui nous feroit gémir par un premier mouvement à la rencontre d’une mere qui conduiroit son fils unique au tombeau, nous fait pleurer quand la scéne nous fait voir l’imitation fidelle d’un pareil évenement. […] On en juge par un mouvement intérieur qu’on ne sçauroit bien expliquer.
L’amour de l’air, le choix des sujets à mouvement, veulent l’usage des lignes flottantes et noyées. […] C’est à quoi n’ont pas songé les gens qui ont tant raillé le dessin de Delacroix ; en particulier les sculpteurs, gens partiaux et borgnes plus qu’il n’est permis, et dont le jugement vaut tout au plus la moitié d’un jugement d’architecte. — La sculpture, à qui la couleur est impossible et le mouvement difficile, n’a rien à démêler avec un artiste que préoccupent surtout le mouvement, la couleur et l’atmosphère. […] La grande qualité du dessin des artistes suprêmes est la vérité du mouvement, et Delacroix ne viole jamais cette loi naturelle. […] Dans cette étreinte violente de l’adieu, Juliette, les mains posées sur les épaules de son amant, rejette la tête en arrière, comme pour respirer, ou par un mouvement d’orgueil et de passion joyeuse. […] Par leurs belles attitudes et l’aisance de leurs mouvements, ces sauvages font comprendre la sculpture antique.
Royer-Collard releva la tête et reprit part au mouvement public, il adopta pour sa devise le contre-pied de celle de Danton ; nommé au Conseil des Cinq-Cents, le premier et le seul discours qu’il y fit et qui fut très-remarqué se terminait par ces mots : « Aux cris féroces de la démagogie invoquant l’audace et puis l’audace, et encore l’audace. Représentants du peuple, vous répondrez enfin par ce cri consolateur et vainqueur, qui retentira dans toute la France : la justice, et puis la justice, et encore la justice. » Ainsi il reprend au rebours, de propos délibéré, le mot d’ordre de Danton : celui-ci, dans le mouvement, d’invasion et dans le temps d’assaut de la Révolution montante, a tout attaqué et détruit ; lui, dans la période du décours et du déclin, il veut restaurer, mais il le voudra selon la mesure et selon la justice. […] Decazes ; et ce premier mouvement, entretenu, cultivé par l’habile ministre, amena, quelques mois après, l’Ordonnance de dissolution du 5 septembre 1816, qui sauva la situation et qui fit rentrer pour quelques années la politique dans les voies modérées, d’où la rejetèrent trop tôt, comme on le sait, des récidives malheureuses. […] Doué d’une conception supérieure et lumineuse, fait pour embrasser et parcourir tout un ordre d’idées avec ampleur et véhémence, il y joignait, des mouvements imprévus, de ces élans spontanés que peut seul suggérer le génie de l’éloquence. […] … » Ce mouvement, vu en situation et avec tout son développement que j’abrége, était certes des mieux inspirés et des plus heureux au début d’une telle discussion, à laquelle il ôtait de l’irritation et qu’il replaçait à toute sa hauteur.