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2350. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Mercredi, 22 septembre 86. » À la réception de cette lettre, mon premier mouvement a été d’enlever la note sur ces lignes amies qui me semblaient dictées par un sentiment pareil que j’éprouverais à sentir la mémoire de mon frère égratignée ; mais, en réfléchissant, j’ai trouvé la prétention énorme, et j’ai pensé qu’il n’y aurait plus de mémoires possibles, s’il n’était pas permis au faiseur de mémoires de faire les portraits physiques des gens qu’il dépeint, d’après son optique personnelle — qu’elle soit juste ou injuste.

2351. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Dans l’amateur, de temps en temps, le savant passe, et à propos de l’équilibre du mouvement chez Fragonard, revient, sur ses lèvres, cette définition de son peintre adoré : « C’est le peintre dynamique ! 

2352. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Il nous fait un peu attendre et paraît, nos cinq actes à la main, et passant ses mains dans son toupet d’homme d’affaires, et s’asseyant à la marche d’une estrade, qui est comme la marche de l’autel du drame, dominé par les Mousquetaires de Dumas père, en galvanoplastie, il nous dit : « Je vous ai lu avec beaucoup d’attention… Je vous ai reçus, aussi, soyez tranquilles, c’est convenu… J’ai voulu vous épargner l’émotion… Ma première impression est que la censure ne laissera jamais passer la pièce… Maintenant, vous me permettrez de vous parler au point de vue de mon théâtre… Il n’y a pas de drame dans vos cinq actes… il n’y a pas d’intérêt… C’est la Révolution dans les salons… Ça manque de mouvement… Non, tenez, mon public, il lui faut… il faut, à un moment, qu’il y ait un traître qui enjambe par la fenêtre… Vous verrez, quand vous travaillerez sérieusement pour ici… Vous ne venez pas souvent au Châtelet… Jamais, n’est-ce pas ?

2353. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Hugo, « le penseur du xixe  siècle », que les hugolâtres nomment « le siècle de Hugo » ; Hugo, qui portait dans son crâne « l’idée humaine » vécut indifférent au milieu de ce prodigieux mouvement d’idées.

2354. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Cette image le transformait tellement, en se présentant à lui à chaque pas de sa vie et à chaque mouvement de sa pensée, que, quand il voulut se consacrer entièrement à la philosophie théologique, muse sévère de son épopée, il éprouva le besoin de donner à cette philosophie et à cette théologie personnifiées le nom, la forme, le regard, la voix, la beauté de sa Béatrice.

2355. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Qui pendent, comme font des toiles d’araignées ; Des pignons délabrés, où glisse par moment Un lézard au soleil ; — d’ailleurs nul mouvement.

2356. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

C’est l’argent, c’est l’ambition, c’est la lutte ardente de la politique des tribunes ennemies, c’est le commerce et ses armées opulentes, c’est le flot de l’Océan, c’est le mouvement des colonies, ce sont, à chaque instant, les variations et les révolutions de la fortune insolente qui donnent le mouvement, la vie et la force au journal anglais. — Chez nous, tout simplement, c’est la forme et c’est l’esprit, mêlé de courage et de probité, qui font vivre un journal !

2357. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Du moins, il faut le plaindre de s’être laissé emporter par un mouvement brusque et soudain de sa passion. […] Ses domestiques le trouvèrent dans sa bibliothèque, courbé sur un livre et sans mouvement. […] Mais lorsque, un peu plus tard, Œdipe et le vieux serviteur se rencontrent face à face, l’action s’anime soudain, capable d’exciter dans l’âme du spectateur des mouvements qui ne demeurent imparfaits qu’à cause de la pauvreté du vêtement poétique.

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