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1507. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Nous ne croyons que ce qui se prouve, nous ne sentons que ce qui se touche ; la poésie est morte avec le spiritualisme dont elle était née” ; et ils disaient vrai : elle était morte dans leurs âmes, morte dans leurs intelligences, morte en eux et autour d’eux. […] Ainsi, le grotesque, voilà le trait caractéristique, la différence fondamentale qui sépare l’art moderne de l’art antique, la forme actuelle de la forme morte, la littérature romantique de la littérature classique. […] que j’en ai vu mourir de jeunes filles ! […] Mais il eut beau faire, l’amour vint, et il en souffrit plus qu’aucun autre, car il en mourut. […] Il meurt.

1508. (1898) Essai sur Goethe

Il meurt en disant aux siens : « Fermez vos cœurs avec plus de soin que vos portes. […] Les ténèbres ont jugé les ténèbres, et tu dois mourir. […] Il ne mourut pas tout de suite : on le trouva, au matin, respirant encore. […] Comment la lettre froide et morte pourrait-elle reproduire cette fleur céleste de l’âme ? […] Ces malheureux meurent de faim.

1509. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Je suis rassasiée de te voir vivre, et voudrais bien t’avoir morte. […] si j’osais t’anéantir en t’écrasant d’amour, et mourir, mourir de ta douleur et de mes délices, et me mêler à ton sang et me fondre en toi !  […] Le groupe possédait aussi une petite feuille hebdomadaire, Lutèce, qui mourut au bout de quelques numéros. […] On croirait voir vivre Et mourir la lune. […] On croirait voir vivre Et mourir la lune.

1510. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Je meurs pour vous !  […] Tout spectateur sortant de Mithridate dira à sa femme en rentrant chez lui : « … Mithridate meurt et Monime épouse Xipharès. — C’est dans la pièce ? […] Il a dit l’admirable : « Je vais à Rome », d’une façon digne du texte. — Il me semble qu’il meurt mal. […] Il mourut en la remaniant, ou plutôt, avec la timidité qui saisit quelquefois les vieillards, il l’avait bien finie ; mais, sans doute, il n’osa pas la présenter. […] Il mourut le 24 juin 1856.

1511. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

… Ce digne homme mourut évêque en 1812… » (Histoire des Treize.) […] Mais, avant de mourir, il a le temps de discourir pendant vingt pages, en interrompant chacune de ses phrases par des exclamations et des parenthèses navrantes. […] Et si mystérieux, qu’il semble qu’on entend Dans leur poitrine, où meurt le souffle haletant, L’affreux coq du tombeau chanter son aube obscure. […] Vous vous souvenez peut-être de ces tragédies helléniques et patriotiques qu’on jouait sous la Restauration, et qui, d’après les mauvais plaisants, consistaient uniquement à conjuguer le verbe mourir. […] Ce peuple, M. de Tocqueville vient de le peindre dans une page qui ne mourra pas, et qui, mieux peut-être que tout le reste, explique comment les Français, en croyant se rendre, par la Révolution, si dissemblables d’eux-mêmes, se sont encore tellement ressemblé.

1512. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Est-ce de mourir ? […] Mais quelque genre que ce soit, l’enfantement en est long et pénible ; la splendeur en est brève ; la décadence en est plus longue et plus pénible encore que l’enfantement même : vous le savez déjà pour notre tragédie, qui ne va pas mettre moins de cent cinquante ans à mourir. […] Elle est morte ! Elle est bien morte ! […] Mon dessein était d’y mourir, mais je fis réflexion, au commencement du second jour, que son corps serait exposé, après mon trépas, à devenir la pâture des bêtes sauvages.

1513. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Voudriez-vous donc faire mourir vos rivales Vous seriez cause qu’on accuserait les femmes d’être trop avides… Ah ! […] Mais le plus grand tort que Racine eut dans sa disgrâce, ce fut d’en mourir de chagrin. […] La Phèdre d’Euripide, au contraire, préfère à tout l’honneur : toute morte qu’elle est, elle calomnie encore Hippolyte, pour ne pas laisser après elle un nom couvert d’opprobre. […] Phèdre, en proie à Vénus, peut mourir pour s’en délivrer, et c’est le parti qu’elle prend chez Euripide. […] M. de La Harpe dira-t-il encore : Assurément Assuérus, qui aime sa femme, ne la fera pas mourir pour avoir violé la loi ?

1514. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Ce même Salon de 1822 renferme de généreux conseils à Horace Vernet22 et une page commémorative pour le jeune Drouais ; Drouais, ce premier élève de David, « qui mourut, dit M. […] Cependant j’aurais voulu être impolitique comme eux, compromettre tout ce qu’ils avaient compromis, et mourir comme eux encore, parce qu’il n’est pas possible de laisser couler le sang sans résistance et sans indignation. » Et pourtant, en poursuivant son récit, l’historien entraîné passe outre : « On ne pourrait mettre au-dessus d’eux, dit-il encore, que celui des montagnards qui se serait décidé pour les moyens révolutionnaires par politique seule et non par l’entraînement de la haine. » Et ce rôle du montagnard, il l’accepte, il le personnifie avec intégrité, avec grandeur, mais avec trop d’oubli des alentours, dans Carnot, dans Robert Lindet ou Cambon, et il s’attache jusqu’au bout, jusqu’au haut de la Montagne, aux destinées de la patrie qu’il ne sépare, à aucun moment, des destinées de la révolution. […] On pesait leurs mérites divers ; mais aucun œil encore, si perçant qu’il pût être, ne voyait dans cette génération de héros les malheureux et les coupables ; aucun œil ne voyait celui qui allait expirer à la fleur de l’âge, atteint d’un mal inconnu, celui qui mourrait sous le poignard musulman ou sous le feu ennemi, celui qui opprimerait la liberté, celui qui trahirait sa patrie ; tous paraissaient grands, purs, heureux, pleins d’avenir ! […] La nation anglaise se souleva une première fois, et, la seconde, elle se soumit à la plus avilissante oppression, elle laissa mourir Sidney et Russel, elle laissa attaquer ses institutions, ses libertés, ses croyances, mais elle se détacha de ceux qui lui faisaient tous ces maux.

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