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405. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

il ne montrera point sur la fin de ses jours un front sillonné par les longs travaux, les graves pensées, et souvent par ces mâles douleurs qui ajoutent à la grandeur de l’homme ! […]  » Vainement il essaie aujourd’hui l’apologie de cet écrit, De Buonaparte et des Bourbons ; on sourit de le voir se couvrir de toutes les autorités les plus libérales pour montrer qu’il était dans son droit en s’exprimant alors comme il le fit. […] le roi le met sur la nomination de Fouché, et, au lieu de dire ses raisons, de montrer les inconvénients et les suites, d’indiquer les moyens de se passer ou de se débarrasser de ce choix funeste, il demande d’abord à se taire ; puis il ne parle que pour dire : La monarchie est finie. […] se venger avant tout, montrer qu’il était nécessaire, qu’il était redoutable, et qu’on s’était fait bien du mal à soi-même en croyant pouvoir se passer de lui. […] S’il nous restait de l’espace, il serait curieux de le montrer dans cette partie politique des Mémoires, affectant toujours de paraître au-dessus de son sujet, se raillant, dans sa narration, des choses les plus sérieuses comme trop plates et prosaïques, et faisant semblant de rapetisser des luttes qu’il épousait alors si ardemment.

406. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Il a passé toute la représentation, dans le cabinet de Chabrillat, à lire un roman quelconque, trouvé dans sa bibliothèque, n’osant se montrer aux acteurs, que la veille, à la répétition, dit-il, sa mine désolée glaçait. […] Je causais de cette toilette, ce soir, quand une vieille femme s’est mise à dire : « Que l’hydrothérapie avait tué la pudeur chez la jeune génération féminine, que le barbotage dans l’eau, à l’instar d’un canard, que l’habitude journalière de se montrer à sa femme de chambre, entièrement nue, diminuaient, tous les jours, l’effarouchement que les femmes d’autrefois éprouvaient à monter trop de leur peau ou de leurs formes. […] Parmi les demoiselles-mannequins, qui, dans les salons de Worth, montrent et promènent sur leurs sveltes corps, les robes de l’illustre couturier, il est une demoiselle, ou plutôt une dame mannequin, dont la spécialité est de représenter la grossesse de la high-life. […] Puis encore au sujet d’une faïence Henri II, de montrer le peu de perfection de la matière, la tristesse du décor, l’insenséisme des prix. […] Après cela, je veux essayer d’une tentative originale… je veux prendre deux ou trois familles rouennaises avant la révolution, et les mener à ces temps-ci… montrer — hein !

407. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Qu’on ne s’étonne pas du rapprochement que nous faisons ici : nous avons déjà montré qu’externer et reconnaître sont deux faits de la même famille ; une relation analogue existe entre reconnaître et comprendre ; comprendre, n’est-ce pas reconnaître le sens des mots ? […] Ni l’assimilation, ni l’invention ne nous montrent donc la simultanéité du signe et de l’idée. […] Si, par bonheur, les différences sont nulles, si les deux pensées coïncident exactement, l’expression provisoire est acceptée à titre définitif, la pensée nouvelle a rencontré du premier coup sa vraie formule ; c’est là le cas de l’inspiration ; mais l’inspiration, nous l’avons montré, n’est d’ordinaire que le terme d’une réflexion oubliée249. […] Voilà une autre variété de l’inspiration ; mais, comme la première, — et nous le montrons ici même, — elle suppose dans le passé de longs efforts de réflexion, dont nous profitons aujourd’hui sans avoir besoin de les renouveler ; la qualité des concepts usuels que chacun de nos mots porte avec lui fait pour une grande part la qualité de nos jugements nouveaux ; et l’influence du passé ne se borne pas là : les jugements nouveaux supposent nécessairement des concepts préétablis dans l’esprit ; mais la réunion de ces concepts, pour être imprévue, n’est pas absolument nouvelle ; un jugement nouveau imite toujours des jugements anciens ; il suit des habitudes dont il s’écarte ; or ces habitudes n’existent pas dans la pensée sans correspondre à certaines habitudes du langage ; certains mots sont dans notre mémoire à l’état de camaraderie, pour ainsi dire [ch. […] L’explication que nous donnons ici de l’inspiration et du génie n’est que partielle ; nous ne prétendons pas nier le propre de l’inspiration, c’est-à-dire ce qui reste en elle de mystérieux, même après qu’on a montré qu’elle est à l’avance préparée par la réflexion.

408. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Il renonça donc à Voiture, et probablement un peu à Marot, ce qu’il ne dit pas précisément, car il est bien certain que l’influence de Marot ne se montra pas du tout dans la plupart — je dis la plupart — de ses poèmes, de ses productions littéraires. […] Cependant, je vous montrerai que La Fontaine — je le crois — touche à la morale, à quelque chose, du moins, qui peut s’appeler une morale ; cela à certains moments ; mais je reconnaîtrai aussi que ces moments sont assez rares. […] Il nous dit : La raison du plus fort est toujours la meilleure, Nous l’allons montrer tout à l’heure. C’est-à-dire : nous allons montrer que les choses se passent ainsi. […] Il disait : « Ces fables, je les comprends, mais elles sont ironiques, les enfants ne peuvent pas comprendre l’ironie, c’est-à-dire prendre la fable juste au rebours du texte où ils la lisent : La raison du plus fort est toujours la meilleure, Nous l’allons montrer tout à l’heure.

409. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Je ne prétends pas avoir donné en ces quelques lignes une image fidèle et nette de ces trois hommes, qui ont joué des rôles divers, mais capitaux, dans l’évolution de la pensée moderne ; mais si j’ai réussi à montrer l’objet commun de leurs réalisations et de leurs efforts, c’est-à-dire la poursuite de plus en plus réelle, de plus en plus parfaite, de plus en plus riche d’une claire possession de la vie, de ses millions de formes, de sa liberté et de sa mobilité infinies, j’aurais suffisamment rempli mon but qui est de concentrer l’attention sur ce point central. […] Mais tous les trois nous ont montré la voie de la régénérescence et du salut dans un même accord au sein de la réalité seule divine, dans une foncière amitié sous l’aile du tout. Tous les trois nous ont énergiquement montré la voie du nouveau monde et de la nouvelle vie.‌ […] La farine dans le quartaut ; le lait dans la terrine ; la chanson dans la rue ; les nouvelles du bateau ; l’éclair de l’œil ; la forme et la démarche du corps — montrez-moi l’ultime raison de ces choses, montrez-moi la présence sublime de la cause spirituelle se cachant, comme elle se cache toujours, dans ces alentours et ces extrémités de la nature ; que je voie chaque bagatelle se hérisser de la polarité qui la range instantanément sous une loi éternelle ; l’échoppe, la charrue et le registre rapportés à cette même cause par laquelle la lumière ondule et les poètes chantent : — et le monde ne reste pas plus longtemps un mélange grossier et une chambre de débarras, mais possède la forme et l’ordre ; il n’y a pas de bagatelle ; il n’y a pas d’énigme, mais un seul dessin unit et anime le sommet le plus lointain et le fossé le plus profond41 ».

410. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Cet homme voulait tout voir et tout montrer. […] vous n’y entendez rien ; je veux vous montrer comment on s’y prend.” […] Mais Vaulabelle a montré ce qu’était Napoléon en 1815, en face de la Sainte Alliance et des Bourbons. […] Il ne pouvait montrer un balai aux mains d’une ménagère sans faire songer au sabbat. […] Il se montrait à ses amis l’homme le plus simple, le plus modeste, le moins envieux de paraître et d’étonner.

411. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

montrer quelles ressemblances le rapprochaient de chacun d’entre eux, quelles différences l’en séparaient ? […] Nous n’avons montré à nos lecteurs qu’une moitié du tableau que M.  […] ne faut-il pas qu’il pétrisse aussi des scélérats pour montrer qu’il en sait faire ? […] Braun se montra avec la première rose à la main. […] Sur la terre allemande, il nous la montrait elle-même ; sur le sol polonais, il nous la fait admirer par le contraste.

412. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

C’était l’idéal cristallisé en marbre pentélique qui se montrait à moi. […] si ce n’est pour faire aimer le divin qui fut en eux, et pour montrer que ce divin vit encore et vivra éternellement au cœur de l’humanité ? […] Quand éclata la Révolution, il se montra patriote ardent, mais honnête. […] Ce qui montrait leur noblesse, c’est que, dès qu’ils voulaient faire quelque chose qui ressemblât à un négoce, ils étaient sûrement trompés. […] Elle me montra, dans mon enfance, les lieux où tout s’était passé.

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