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422. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

» Et nous, qui dans l’amour consumons nos journées, Nous, qui de nos regards vivrions des années, Nous disons : Ce n’est qu’un moment ! […] Jusque-là, il ne se donnera point de trêve : ce sera l’occupation et l’entretien de tous ses moments. […] Depuis que j en connaissais l’habitante, ces souvenirs m’avaient repris avec plus de vivacité, et, la veille du fortuné dimanche, ils ne me laissèrent pas un moment de cesse que je n’eusse écrit les vers suivants : Eh quoi ? […] dis, en ces moments d’abandon et de larmes, Sens-tu tomber tes bras et se briser tes armes Contre un amant soumis ? […] « Je les lui remis un peu après mon arrivée, dans un moment où nous étions seuls.

423. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Elle a ses progrès, ses écarts, ses moments d’hésitation ou d’entraînement. […] Car il n’y a plus de librairie en ce moment que celle d’université, de droit, de médecine, de religion, précisément parce qu’en ces branches spéciales elle est restée à peu près soustraite aux diverses atteintes. […] Mais que fais-je en ce moment ? […] Le drame industriel a eu, à d’autres moments, d’autres théâtres encore, la Porte-Saint-Martin, l’Odéon, les Français même, qui, pour n’en pas subir les conditions ruineuses, ont dû bientôt l’éloigner ou ne s’y ouvrir qu’avec précaution. […] Pourtant, à chaque reprise de tentative, c’est pour tous ceux qui aiment encore profondément les lettres le moment de veiller.

424. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Magnin avec toutes ses péripéties, ses accidents, ses ivresses même ; on croit y respirer, par moments, comme l’odeur de la poudre, et tel article, écrit le soir dans la chaleur de l’applaudissement, est intitulé Bulletin d’une victoire. […] Magnin n’a pas cessé un moment de penser ainsi, et, comme critique, il a donné la main aux deux triomphes177. […] Mais ceci nous mène à soumettre quelques remarques au talent si distingué et si sagace que nous essayons en ce moment de bien démêler. […] Magnin, si aguerries et si bien conservées, ne cessent pas de longtemps leur emploi, dussent-elles n’intervenir qu’avec choix et discrétion, en prenant leur moment. […] Sa pièce de vers sur les derniers moments de Bayard eut un accessit à l’Académie en 1815.

425. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

C’est un beau moment pour le critique comme pour le poëte que celui où l’un et l’autre peuvent, chacun dans un juste sens, s’écrier avec cet ancien : Je l’ai trouvé ! […] Corneille se laissa probablement séduire à ces raisons du moment ; l’essentiel, c’est que de son erreur même il sortit des chefs-d’œuvre. […] Sans doute il en souffrait par moments, et il déplore lui-même quelque part ce je ne sais quoi d’abaissement secret, auquel un noble cœur a peine à descendre ; mais, chez lui, la nécessité était plus forte que les délicatesses. […] Au milieu de cette confusion se seraient détachées çà et là de belles scènes, d’admirables groupes ; car Corneille entend fort bien le groupe, et, aux moments essentiels, pose fort dramatiquement ses personnages. […] Il reproche à tout moment à son auteur de n’avoir ni grâce, ni élégance, ni clarté : il mesure, plume en main, la hauteur des métaphores, et quand elles dépassent, il les trouve gigantesques.

426. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

D’une part, à côté des hommes qui représentent le goût moyen du moment, on est sûr de rencontrer des attardés et des précurseurs. […] Les hommes de ce temps-là essaient de donner aux formes du moment une éternelle fixité. […] Pour le moment, suivons-y la veine aristocratique. […] Reproduire cette division traditionnelle peut être en pareille occurrence une façon de mieux faire saisir l’esprit du moment. […] Mais il y a aussi des moments où la distinction des genres est presque entièrement abolie.

427. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

La preuve sans réplique est que, sur le moment, L’insulte ne t’a fait qu’un doux étonnement. […] Il y a un moment où le vieux gentilhomme, tombé à genoux devant Philiberte, se relève chancelant et courbé en deux sur sa grande canne patricienne : Houp là ! […] La bedaine de Gorgibus pointe jusque sous le gilet brodé de ses raffinés ; ses jeunes filles elles-mêmes s’échappent par moments en propos incongrus qui écorchent l’oreille la moins scrupuleuse. « Il faut rimer sur les roses et mordre dans les pommes », a dit Goethe. […] A ce moment, la salle a protesté par un de ces frémissements instinctifs et unanimes qui avertissent le poète qu’il va trop loin, qu’il tombe dans l’excès, qu’il irrite le cœur et les nerfs, et que son Ilote danse trop bien le pas de la turpitude. […] Encore s’il était franc dans son cynisme et vrai dans sa turpitude ; mais on ne sait par quel bout prendre ce caractère faux, lâche et mou, qui se décompose à vue d’œil, pour ainsi dire, et tombe en pourriture d’un moment à l’autre.

428. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Quand il est passé à la Cour, et qu’il se voit secrétaire et favori du duc de Lerme, on croit un moment que Gil Blas va s’élever et devenir honnête homme à certains égards ; mais non, il a affaire à des dangers d’une autre sorte, et il y succombe. […] Loin de s’améliorer, il arrive, en ce moment d’ivresse, au pire degré de faute où il soit tombé, à l’insensibilité du cœur, à la méconnaissance de sa famille et de ses premiers amis. Le plus haut point de sa prospérité est juste le moment où va commencer, s’il n’y prend garde, sa dépravation véritable. […]  » il semblait s’être appliqué ce mot d’un ancien : « Que je rentre en vieillissant dans ces rangs obscurs dont je suis un moment sorti !  […] Ils sont joints par une galerie ouverte dont le toit est supporté par de petites colonnes, de sorte que notre auteur peut aller de l’une à l’autre toujours à couvert dans les moments où il n’écrit pas.

429. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Aujourd’hui, je voudrais montrer ce moment parfait dans une personne agréable et distincte qui nous le peignît avec vivacité et avec grâce, et qui ne peignît que cela. […] Mais il est des moments où le mot vrai se fait jour et où l’expression vive éclate. […] À la fin du xviie  siècle, c’est-à-dire au plus beau moment de notre passé, on se plaignait déjà ; c’était l’âge d’or de l’urbanité pourtant. […] Mme de Caylus fait tout pour avoir ses entrées auprès de sa tante en ces rares moments ; elle l’agace, elle la lutine en tout respect pour la dérider : « Je ne sais ce que l’Académie dira du mot acoquiner, mais j’en sens, moi, toute l’énergie avec vous », lui dit-elle. […] que même en ces moments Mme de Caylus aurait aimé à s’asseoir souriante et muette auprès de sa tante !

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