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266. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Celle-ci répondit que les bouviers et les pâtres la voyaient d’un mauvais oeil. […] La grenouille, qui avait de mauvais desseins, lia la patte du rat à la sienne. […] Si un arbre pouvait se transporter d’un lieu à un autre, il ne craindrait pas la scie ni la cognée, et ne serait pas exposé aux mauvais traitements des bûcherons. — Cela est vrai, lui dit l’Aimant ; mais, mon cher compagnon, vous n’avez jamais souffert les fatigues des voyages, et vous ne savez ce que c’est que d’être en pays étranger. […] Contre les mauvais juges. […] C’est en sentant cette barbarie que La Fontaine a transformé sa mauvaise matière ; c’est en ranimant en son propre coeur les sentiments du barbare, qu’il a tout renouvelé ou tout trouvé.

267. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Ces poètes du vice sont de mauvais musiciens qui ne connaissent pas leur instrument. […] Le rire est une des mauvaises facultés de notre espèce ; c’est l’expression du dénigrement, de la moquerie, de la vanité cachée, et d’une maligne satisfaction de nous-mêmes en surprenant nos semblables en flagrant délit de ridicule. […] » Il se lève ; le mauvais génie qui l’obsède présente à sa main une épée nue sur l’herbe ; Nala coupe en deux le manteau et s’enfuit, en emportant la moitié de cette seule richesse qui leur reste. […] Son mauvais génie l’a transfiguré, son corps méconnaissable est devenu difforme ; mais il a conservé son héroïsme et recouvré sa vertu. […] En route, le mauvais génie qui possédait Nala sort de son corps à l’approche de sa femme.

268. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Mauvaise, elle ne supporte pas la relecture. […] En d’autres termes, il y a la bonne et la mauvaise amplification. […] Les dernières lignes sont malheureusement un exemple de la mauvaise amplification de rhétorique. […] Nous avons cité de mauvaises antithèses de Mignet. […] On hésitera à faire de mauvaises antithèses, le jour où l’on aura appris comment on en fait de bonnes.

269. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Parmi les auteurs de Mémoires, il faut noter les deux frères Du Bellay, famille d’excellents esprits, vivant dans les grandes affaires de la première moitié du siècle et, qui les racontent, l’un dans de simples Mémoires, à la façon des chroniqueurs ses devanciers155, l’autre dans des histoires un peu fastueusement taillées sur le patron de Tite-Live, avec une certaine ambition pédantesque qui dans ce temps-là n’était pas d’un mauvais exemple156 : le Loyal serviteur, un inconnu, peut-être un des secrétaires de Bayard dont il a raconté la vie dans une chronique pleine de grâce, de facilité et de naturel, où l’admiration, au lieu d’être banale, comme dans Froissart, est toujours sentie et justifiée ; petit ouvrage charmant, du même caractère que les écrits de Marguerite de Valois, un fruit de l’esprit français touché par le premier souffle de la Renaissance157. […] Le lieutenant général Mayenne se baisse vers le légat, et lui dit à l’oreille « Ce fol icy gastera tout le mystère. » Excellent trait, qui atteint à la fois les chefs et les auxiliaires d’une mauvaise cause. […] Tels sont les défauts des écrivains penseurs du xvie  siècle ; et j’entends par défauts, non les taches de détail qui gâtent un ouvrage excellent, mais de mauvaises conditions pour voir la vérité et pour l’exprimer dans un langage durable. […] Qu’est-ce donc que la faim de se connaître, qui ne doit pas nous amener à distinguer en nous le bon du mauvais, à faire un choix, sinon l’extrême raffinement de l’amour de soi ? J’ai peur que ce ne soit pour s’aimer, que Montaigne est si affamé de se connaître, et que le mauvais qu’il voit en lui ne lui paraisse simplement une chose différente du bon.

270. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Cette sévérité, qu’il n’approuvait pas sans réserve, avait, dit-il, « subtilisé son goût de telle façon, et lui avait mis devant les yeux une telle idée de pureté, que les moindres souillures les offensaient, et qu’il ne trouvait pas supportable ce qu’il avait autrefois trouvé excellent. » Il dit ailleurs : « Je m’étais rendu si délicat en français et en latin, qu’il n’y avait rien de si aisé que de me faire rejeter un mauvais livre. » En français tout lui était suspect de gasconisme ; sur chaque mot d’un écrivain de province, il consultait l’oreille d’un habitant de Paris, et « peu s’en fallait, disait-il, que la Touraine, si proche de Paris, ne lui en parût aussi éloignée que le Rouergue. » On reconnaît à ce trait un disciple de Malherbe. […] C’était lui rendre un mauvais office. […] Quoique à en croire Balzac, l’idée lui en fût venue de conversations entre de grands personnages, où il avait été mêlé, ces spéculations sur la cour, sur les bons et les mauvais ministres, sur le caractère des gens de la cour, n’étaient pas plus près de la réalité que la chimère de son Prince. […] Tous les mauvais ministres, tous les vilains traits des gens de cour servaient d’ombre au portrait du cardinal. […] Le bon effet d’ailleurs était produit, et le mauvais commençait.

271. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Cette sagesse, au lieu d’être dogmatique, est douce et sereine ; elle paraît plutôt la volupté d’un esprit excellent et d’un cœur droit, qu’une conquête inquiète de la raison sur les mauvais penchants. […] Il n’était pas mauvais qu’il commençât par être de l’école de Voiture, quoique ce poète ait pensé le gâter. […] En outre, la piété ôta bien des heures aux études profanes de Racine, la mauvaise santé à celles de Boileau. […] L’étude, la comparaison, toute cette intervention de la volonté que suppose le goût, ne font que dégager ce que nous sommes réellement de ce que nous a faits d’abord, soit l’imitation du tour d’esprit de notre temps, soit une mauvaise éducation. […] Il y a eu des hommes doués d’un beau naturel à qui le goût a manqué, et avec le goût la force de découvrir ce naturel, de s’y attacher, de le défendre contre la tentation des mauvais succès par des complaisances au tour d’esprit de leur temps.

272. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Après cela, on me dit que je ne lui ai pas fait faire de mauvaises affaires. […] Je n’ai jamais flatté les erreurs de l’opinion ; je n’ai pas manqué une seule occasion d’exposer ces erreurs, jusqu’à en paraître aux superficiels, un mauvais patriote. […] « Renan, me dit-il, je vais vous faire quelque mauvais trait ; par impartialité, vous voterez pour moi. » Tout en ayant beaucoup aimé mes amis, je leur ai donc très peu donné. […] Voilà pourquoi je reçois un si grand nombre de lettres d’inconnus et d’anonymes ; voilà pourquoi aussi je suis si mauvais correspondant. […] Je vois trop bien que rendre un bon service à quelqu’un, c’est d’ordinaire en rendre un mauvais à un autre ; que s’intéresser à un compétiteur, c’est le plus souvent commettre un passe-droit envers son rival.

273. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Encore une fois, c’est un mensonge, cette morale en pleine bouffonnerie, en pleine licence, en plein exercice de l’amour, de la colère, de la tromperie, de la gourmandise et des plus mauvais instincts du cœur humain. […] Comptez aussi, et pour beaucoup, pour ces mauvais résultats (en bonne comédie et en bonne morale) de l’art dramatique, l’intervention directe de la comédienne et du comédien, dans ces fables et dans ces histoires qui enseignent à pécher10. […] Il y avait même des gens au parterre, des moralistes comme vous, qui disaient que c’était grand dommage de livrer cette petite fille à ces licences, à ces hasards ; et les reproches de pleuvoir sur le père de cette enfant, qui était un très mauvais poète, un très bon comédien et qui s’appelait Monvel. […] Aujourd’hui, cette enfant accueillie à ses débuts de ces mauvais présages, s’appelle mademoiselle Mars ! […] Moïse, Homère, Platon, Virgile, Horace ne sont au-dessus des autres écrivains que par leurs expressions et par leurs images : il faut exprimer le vrai pour écrire naturellement, fortement, délicatement. » Il disait encore :« Amas d’épithètes, mauvaises louanges ; ce sont les faits qui louent et la manière de les raconter.

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