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2164. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Je trouverai là peut-être des choses pour ma Bovary : cette exploitation à laquelle je vais me livrer et qui semblerait odieuse si on en faisait la confidence, qu’a-t-elle donc de mauvais ? […] L’amour a fait beaucoup de mauvais poètes23. […] On entrevoit ainsi tout ce qu’il y a de précaire, de hasardeux et même de mauvais dans l’invention (intellectuelle et morale). […] Si l’amour a fait de bons poètes comme Musset, et de mauvais comme une foule d’inconnus, il ne reste pas sans influence sur l’imagination créatrice des médiocres.

2165. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

je ne sais : ce n’en était pas moins une chose mauvaise que l’on disait, contrevérité et contre-justice à la fois. […] Le beau chant à la gloire de la Forêt, magicienne qui guérit les mauvaises passions et ennoblit ! […] On dirait difficilement de certains personnages de Tourgueneff et de Dostoïewsky qu’ils sont bons ou mauvais, quel est leur défaut ou leur qualité dominante ; on n’y trouve pas de types qui soient une personnification absolue ; ils n’en sont plus à cette littérature élémentaire, qui consiste à présenter les gens avec un défaut, ou une vertu persistant toujours, sans détente, sans contrastes, sans brusques démentis. […] Et des scélérats, au milieu de leurs instincts mauvais, ont des éclaircies exquises, des jaillissements de tendresse et de douceur173.

2166. (1913) Poètes et critiques

. ; rapprochez de la première de ces pièces une chanson à boire d’Horace ou le motif sépulcral de Ronsard : « Et mi-nud me verse du vin » ; comparez à l’épitaphe de dom Buchet le petit chien, le Moineau de Catulle, ou tel autre chef-d’œuvre analogue, la Chatte de Remi Belleau : vous aurez de la peine à décider de quel côté est l’avantage, et vous pourrez, sans être mauvais juge, préférer encore l’accent plus nouveau, plus vivant, de la Chanson des Gueux. […] « Pour jouir — écrivait, d’Italie, Taine à Paradol — j’ai de trop mauvais yeux et une imagination empressée qui déflore d’avance. […] Mariée jeune au comte de Beaumont, très jeune aussi, et « le plus mauvais sujet de Paris », séparée de lui aussitôt, en attendant l’évasion lointaine du divorce, elle conduit, pendant les deux années qui précèdent la Révolution, « le train magnifique » de la maison de son père, un des ministres de Louis XVI. […] Tout en remuant cette vase du passé, Verlaine renouvelle, à sa façon, le gémissement si profond de l’autre prisonnier, du premier en date et du plus immortel de toute cette lignée de poètes mauvais garçons : « À peu que le cœur ne me fend ! 

2167. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Si le passage de l’auteur à citer ne se trouve pas assez tôt sous la main, elle le sait tout entier et le récite ; elle est inexorable aussi pour les mauvaises phrases et les citations moqueuses ; dans l’entraînement de la parole, à force de présence d’esprit, elle lui a joué plus d’une malice : car son irrésistible naturel s’échappe alors ; il a ce que les anciens appelaient les jeux de l’orateur (dicta, sales), l’anecdote aiguisée, la sortie imprévue, que son masque expressif et spirituel accompagne ; et si la saillie est trop forte, trop hardie (jamais pour le goût !)

2168. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Je sais que la marche de l’humanité est tracée, et que Dieu n’a pas laissé son avenir aux chances des faiblesses et des caprices de quelques hommes : mais ce que nous ne pouvons empêcher ni faire, nous pouvons du moins le retarder ou le précipiter par notre mauvaise ou bonne conduite.

2169. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

La république se présentait sans doute à mon esprit, mais elle s’y présentait comme une possibilité improbable plutôt que comme un but arrêté ou même désirable encore ; seulement je voulais, dans le cas où la nation se réfugierait, après le renversement du trône d’Orléans, dans la république, qu’une histoire consciencieusement sévère de la première république eût prémuni le peuple français contre les mauvaises passions, les illusions, les fanatismes, les crimes et les terreurs qui avaient perverti, férocisé et ruiné la première fois le règne du peuple.

2170. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Je changeai le mot dès que je m’aperçus de sa mauvaise interprétation à la seconde édition ; mais il était trop tard pour la susceptibilité des royalistes du parti de la reine.

2171. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Je lui prêtais du moins cette mauvaise intention qui me mettait en colère à chaque réveil, et que je punis enfin par un acte de rigueur dont je fus punie à mon tour.

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