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481. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

quel mal cela m’a fait ! […] — Mal au genou ? […] — On a souvent mal au genou, à l’Opéra ? […] Disparition du mal par la disparition du besoin. […] Elle était mal mariée, cela va sans dire, et très malheureuse.

482. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

. : tout cela entremêlé de misère mal motivée ou mal amenée. […] « Et puis, la société humaine ne lui avait fait que du mal ; jamais il n’avait vu d’elle que ce visage courroucé, qu’elle appelle sa Justice et qu’elle montre à ceux qu’elle frappe. […] Dans de certains cas, l’instruction et la lumière peuvent servir de rallonge au mal. […] N’y a-t-il pas dans toute âme humaine, n’y avait-il pas dans l’âme de Jean Valjean en particulier, une première étincelle, un élément divin, incorruptible dans ce monde, immortel dans l’autre, que le bien peut développer, attiser, allumer et faire rayonner splendidement, et que le mal ne peut jamais entièrement éteindre ? […] XXVII Quant à nous, nous persistons à croire que 1815 fut le désastre immérité d’une armée vaillante et sublime, que Napoléon commanda mal ce jour-là des manœuvres tardives, et abandonna au hasard du reste de la journée sa fortune, c’est-à-dire la moitié du génie d’un conquérant.

483. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Dans un temps d’ignorance on n’a aucun doute, même lorsqu’on fait les plus grands maux ; dans un temps de lumière, on tremble encore lorsqu’on fait les plus grands biens. […] On laisse le mal, si l’on craint le pire ; on laisse le bien, si l’on est en doute du mieux. […] C’est un homme qui lit beaucoup, mais sans attention et sans critique ; qui prend pour vérité un mensonge pittoresque du premier voyageur venu, et qui, de ce seul fait mal compris, mal interprété, souvent absurde, conclut ingénieusement tout un système politique ou législatif en opposition avec le bon sens. […] Il ne sentira point, comme nos princes, que s’il se gouverne mal, il sera moins heureux dans l’autre vie, moins puissant et moins riche dans celle-ci. […] Pour soulager un village qui paye mal, on charge un autre qui paye mieux ; on ne rétablit point le premier, on détruit le second.

484. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Ils l’accusaient d’entraver les conceptions du génie de scrupules impertinents et de superstitions puériles ; mais ils n’osaient se servir d’aucun mot mal noté dans ses Remarques. […] L’imagination se mit dans la grammaire, où elle sied si mal ; et l’admission, comme le rejet des mots, se décida par la passion. […] Le temps où nous vivons nous prépare mal à juger cette censure exercée par une compagnie sur le travail d’un de ses membres. […] Mais s’il sut se contenir à l’endroit des autres, pour lui-même il fut impitoyable, et il ne s’épargna aucun des maux attachés à ces deux passions. […] Si, pour goûter, parmi ces vérités, les vérités de pure foi, il faut l’esprit de mortification qui reconnaît, avec l’auteur, tantôt le mal dans ce qui est le bien selon la sagesse humaine, tantôt le bien dans ce qui paraît le mal, toutes les autres sont goûtées par tous les esprits droits, fussent-ils prévenus contre la religion.

485. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Il avait quelque argent ; tous ceux qui étaient dans la même situation que lui achetèrent des biens nationaux : quant à lui, il n’en voulut pas ; il trouvait ces biens mal acquis. […] De la sorte, il mangea le peu qu’il avait, une petite aisance, et devint un pur vagabond ; ce qui ne l’empêchait pas d’être doux, excellent, incapable de faire du mal à une mouche. […] Est-ce que l’asthme de ma tante Augustine va plus mal ? […] J’ai pris d’elle un goût invincible de la Révolution, qui me la fait aimer malgré ma raison et malgré tout le mal que j’ai dit d’elle. […] S’il eût continué, cela eût mal tourné, les enfants lui eussent jeté des pierres.

486. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Oui, oui, soyons justes, il y a du mal, mais il y a du bien dans la vie, et l’on peut dire de l’existence ce que j’ai dit moi-même de notre patrie il y a peu d’années : La France a de beaux moments et de vilaines années. — Ni à sa patrie, ni à Dieu, ni aux hommes, il ne faut nier les beaux moments ! […] Aux désordres du mal la matière asservie, Toute chair gémissant, hélas ! […] Est-ce qu’il y a une lutte là-haut entre la divinité du bien et la divinité du mal ? […] ………………………………………………………… ………………………………………………………… ………………………………………………………… ………………………………………………………… II Sur l’océan de sable où navigue la lune, Mon œil partout ailleurs flotte de dune en dune ; Le sol, mal aplani sous ces vastes niveaux, Imite les grands flux et les reflux des eaux. […] « Non ce second chaos qu’un panthéiste adore « Où dans l’immensité Dieu même s’évapore, « D’éléments confondus pêle-mêle brutal « Où le bien n’est plus bien, où le mal n’est plus mal ; « Mais ce tout, centre-Dieu de l’âme universelle, « Subsistant dans son œuvre et subsistant sans elle : « Beauté, puissance, amour, intelligence et loi, « Et n’enfantant de lui que pour jouir de soi !

487. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

En revanche, il traite fort mal Horace ; il en parle de haut, comme d’un sensuel et d’un sceptique. « L’élégant persiflage d’Horace recouvre, dit-il, une indifférence complète pour le vrai bien et pour le vrai mal. » — « Le poète s’en va, l’homme de lettres commence » à dater d’Horace. […] Un écrivain de beaucoup d’esprit, un jeune maître en ironie, a pris en main la défense de cette faculté déliée, de cette arme qui est la sienne, en rendant compte du livre de M. de Laprade3 ; il a très-bien montré qu’avoir au plus haut degré le sentiment du ridicule et de la sottise, ce n’était point nécessairement n’être sensible qu’au mal. […] Mais en conscience, je ne savais pas M. de Laprade si étouffé ni si comprimé dans sa voix et dans ses pensées ; je ne le savais pas si mal apparenté avec le régime actuel5.

488. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Après la première représentation, le général en chef dépêcha l’un de ses jeunes aides de camp à un dessinateur de ses amis2, pour lui dire qu’il ne serait pas mal d’envoyer encore un renfort, une recrue de jeunes gens, de ceux qui sont tout dévoués sans tant de façons au succès d’une œuvre colossale et forte. […] s’écrie le mari. » — « Il n’y a de remède, répond l’inexorable docteur, que dans le mal même. » À merveille ! Mais il s’aventure un peu trop, l’habile docteur, quand il exprime l’idée qu’on pourrait donner à la femme le dégoût du mal avant l’entière expérience, lui faire connaître les déboires de la trahison, avant qu’elle soit irréparable ; bref, mettre la femme en goût d’un amant et l’en déprendre avant qu’il soit trop tard : un vrai tour de passe-passe. […] Pour quelques-uns et quelques-unes qui ressentent sérieusement ce mal, combien s’affectent et s’en vont gémissant tête haute par les salons !

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