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590. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Une des erreurs, un des errata de sa vie, c’est que, dans les premiers temps de son séjour à Londres, il écrit une seule lettre à cette jeune et digne personne, et pour lui annoncer qu’il n’est pas probable qu’il retournera à Philadelphie de sitôt : il résulta de cette indifférence que la jeune fille, sollicitée par sa mère, se maria à un autre homme, fut d’abord très malheureuse, et que Franklin ne l’épousa que quelques années plus tard, lorsqu’on eut fait rompre ce premier mariage et qu’elle eut recouvré sa liberté. […] Il appliquera à l’examen de la chevalerie une méthode d’arithmétique morale qu’il aime à employer, et partant de ce principe « qu’un fils n’appartient qu’à moitié à la famille de son père, l’autre moitié appartenant à la famille de sa mère », il prouvera par chiffres qu’en neuf générations, à supposer une pureté de généalogie intacte, il ne reste dans la personne qui hérite du titre de chevalier que la cinq cent douzième partie du noble ou chevalier primitif. […] Il fera tout pendant des années, auprès de la mère patrie, pour éclairer l’opinion et conjurer les mesures extrêmes ; jusqu’au dernier moment, il s’efforcera d’atteindre à une réconciliation fondée sur l’équité ; un jour qu’un des hommes influents de l’Angleterre (lord Howe) lui en laissera entrevoir l’espérance à la veille même de la rupture, on verra une larme de joie humecter sa joue : mais, l’injustice s’endurcissant et l’orgueil obstiné se bouchant les oreilles, il sera transporté de la plus pure et de la plus invincible des passions ; et lui qui pense que toute paix est bonne, et que toute guerre est mauvaise, il sera pour la guerre alors, pour la sainte guerre d’une défense patriotique et légitime.

591. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Les six géants et leur mère. […] L’orpheline de mère. […] Les coureurs émérites. — Les six géants et leur mère. — Amatelenga. — Les dons merveilleux du guinnârou (et diverses variantes de ce conte de Grimm).

592. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Voilà des Israélites nouvellement venus parmi nous et chez qui la part irraisonnée, quasi animale qu’il y a dans notre amour de la patrie (comme dans notre attachement à notre mère), n’existe pas. […] Ma mère pleurait et mon père riait de joie en ayant malgré tout une larme au coin de l’œil. […] Lancrenion, prêtre, médecin aide-major au 1er groupe du 39e d’artillerie, écrit à la mère du jeune Charles Halphen, lieutenant au 39e d’artillerie, tombé au champ d’honneur le 15 mai 1915, une lettre dont voici la fin :‌ L’amitié, liée par moi avec votre fils, s’est transformée en respect et en admiration devant sa mort héroïque.

593. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Lui qui avait dit, sans doute dans une meilleure espérance : « Ô Thèbes, ô ma mère, il n’est pas de travail que je n’abandonne pour te célébrer !  […] Quel hymne chanté à deux parties, quel chœur lamentable égala jamais l’ouverture de cette tragédie, ce réveil sinistre du palais de Xercès, cette présence de sa mère, de la veuve de Darius, au milieu des vieillards de sa suite et de ses femmes ? […] « Tu donnes tristement à réfléchir aux mères de ceux qui sont partis.

594. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

« Quand on leur disait : « Au nom de tout ce qui est sacré, pensez à l’injustice, à l’atrocité de ce qu’on vous ordonne, » ils répondaient : « Nous ne pensons point, nous obéissons. » « Et quand on leur disait : « N’y a-t-il plus en vous aucun amour pour vos pères, vos mères, vos frères et vos sœurs ?  […] Mais la jeunesse, la nouveauté vive triomphe à tout moment par la pensée même ; la franchise du sentiment crée la beauté : ainsi, dans le chapitre de l’Exilé : « J’ai vu des jeunes hommes, poitrine contre poitrine, s’étreindre comme s’ils avaient voulu de deux vies ne faire qu’une vie, mais pas un ne m’a serré la main : l’Exilé partout est seul. » Le chapitre de la mère et de la fille n’offre pas une seule couleur nouvelle ; mais Celui qui donne aux fleurs leur aimable peinture, et qui inspira la simplicité de Ruth et de Noémi, a envoyé son sourire sur ces pages.

595. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Il revient à elle après tant de courses ; il la trouve jeune et souriante comme aux premiers jours ; il se trouble et en même temps se ranime à son contact et sous son souffle ; il tend les bras vers elle, et sa vieille âme endolorie par tant d’efforts et d’expériences reprend la santé et le courage par l’attouchement de la mère qui l’a portée. Ô mère, silencieuse et endormie, que vous êtes calme et que vous êtes belle, et quelle sève immortelle de félicité et de force coule encore à travers votre être avec votre paisible sang !

596. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Des circonstances adviennent en son impériale famille à l’occasion desquelles il est avoué, recherché, trouvé dans les bagnes français, ramené en Orient, dans sa gloire, ses honneurs, avec, miracle, la princesse Isabelle, jadis aperçue à Rugen, dès lors adorée sans espoir, qu’une mère chérie lui retrouve et lui donne : le bonheur sans phrase, le bonheur des mains jointes, des extases, de l’impuissance à remercier le Créateur que crée le flux de notre félicité, à qui la vertu de notre reconnaissance veut une personnalité… La vie s’attaque à ce bonheur. C’est le caractère ardent, héroïque du duc Floris qui soulève des colères paternelles et fait couler des larmes de mère, de femme, de sœur.

597. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Sans doute, Isaïe, Homère, Aristote, Dante, Shakespeare, ont été ou peuvent être de grands points de départ pour d’importantes formations philosophiques ou poétiques ; mais le dix-neuvième siècle a une mère auguste, la Révolution française. […] C’est là leur père et leur mère.

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