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866. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Être original dans le sens profond du mot ; et, après l’avoir pensé, bâtir un livre dans la puissance équilibrée de son harmonie, voilà le signe de la virilité en littérature, et nulle femme ne l’a ni ne peut l’avoir. […] Ces Horizons prochains étaient, comme vous venez de le voir, un recueil de nouvelles d’un ton fort rare, dans la littérature contemporaine, car ce ton était celui d’une mysticité singulièrement émue, mêlée aux réalités extérieures d’une observation très bien faite. […] Il n’induira plus dans la tentation de sa forme un esprit qui péchait contre soi-même, en l’imitant, car toute imitation est un péché et un triste péché, le péché des faibles en littérature. […] Selon nous, rien de plus courageux et d’un accent plus inconnu, dans la littérature religieuse, que cette critique de tous les paradis chrétiens, depuis celui du Dante, avec ses orbes éternels, inexorables ; gouffres et tourbillons de lumière, qui nous épouvante, jusqu’aux « têtes d’anges empilées », le Ciel des légendes populaires, dont la monotonie ennuie ; rien de plus surpris dans le cœur de l’homme, de plus accouché du fond des âmes.

867. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

. — Tous les jours il arrive que tel jeune romancier, tel jeune économiste qui a passé par les feuilles et les feuilletons de la littérature courante vient vous déclarer qu’il ne peut plus continuer sa collaboration, parce qu’il est devenu catholique : cela veut dire qu’il a trouvé un meilleur placement. — Pour tout dire, les condottieri de plume abondent aujourd’hui, ils battent le pavé de Paris, et le clergé a moyen de les enrôler. […] La littérature de Patin est classique, excellente, bien digérée : il aime le délicat, mais il ne hait pas le faible.

868. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

Feuillet de Conches a en commun avec l’autre Recueil, sans préjudice des lettres voisines qui rentrent dans le même ton, sont mensongères et apocryphes, et qu’elles ont été assez ingénieusement rédigées par un sophiste ou rhéteur habile : je dis rhéteur, parce que dans l’Antiquité ces sortes de supercheries étaient fréquentes et qu’elles constituaient même un genre de littérature épistolaire qui n’est pas tout à fait méprisable. […] Cela est perpétuellement vrai pour tout ce qui est de littérature ancienne.

869. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Tout étranger à la littérature active et militante que soit toujours resté M. de Lamartine, quelque réelles et profondes que paissent déjà paraître aujourd’hui les différences qui le séparent des générations poétiques plus jeunes et plus aventureuses, il ne demeure pas moins incontestable qu’il est avec M. de Chateaubriand, et le second par la renommée et par l’âge, à la tête de cette révolution dans l’art qui s’est ouverte avec le siècle. […] Il convient aux hommes qui ont crédit et valeur dans la Compagnie de mettre fin une fois pour toutes à ces sottes prétentions, et de ne pas laisser interrompre cette série de choix graves et glorieux, qui d’abord donnent du lustre à l’Académie, et qui bientôt pourront lui assurer sur notre littérature une influence réelle, active et salutaire.

870. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

En philosophie, en littérature, en critique, elle modifia efficacement les esprits ; en politique proprement dite, elle fut moins ferme et d’une allure plus honnête qu’entraînante. Bref, quand la dynastie parjure suscita contre elle par un coup insensé tout ce que le pays recélait de vigueur cachée et d’amertume dans ses reins et dans ses entrailles, il y avait en France un groupe d’hommes jeunes, professant en philosophie, en histoire, en littérature, en politique théorique, certaines doctrines réfléchies, certaines solutions déjà accréditées ; ces solutions, ces doctrines, ces hommes, se trouvèrent subitement mis à l’épreuve des choses, et confrontés, pour ainsi dire, à l’instant même, avec un résultat imprévu, immense, avec une révolution.

871. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

De la plaisanterie anglaise On peut distinguer différents genres de plaisanterie dans la littérature de tous les pays ; et rien ne sert mieux à faire connaître les mœurs d’une nation, que le caractère de gaieté le plus généralement adopté par ses écrivains. […] L’imitation sied particulièrement mal aux Anglais ; leurs essais dans le genre de grâce et de gaieté qui caractérise la littérature française, manquent pour la plupart de finesse et d’agrément.

872. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Il rendit deux grands services à la science et à la littérature : à la science, le service de la dégager des aventures irréligieuses, immorales, où les philosophes la compromettaient ; à la littérature, le service de lui donner l’histoire naturelle comme une nouvelle province.

873. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

On se lasse de bien des choses en littérature. […] Il nous suffisait d’être avertis, et « tout ça, c’est de la littérature. » Or, lisez les courts récits de Mérimée.

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