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625. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

La comédie elle-même, quoique d’un genre de littérature aussi inférieure au drame héroïque, épique ou religieux, que le ridicule est inférieur à l’enthousiasme et que le rire est inférieur aux larmes ; la comédie a son origine dans le ciel indien : une sorte de divinité bouffonne et boiteuse, toute semblable au Vulcain de l’Olympe grec, nommée Hanoumun, a pour père le dieu des tempêtes. […] Les règles de leur littérature théâtrale, règles puisées dans la religion plus que dans l’art, révèlent, dans ces temps reculés, de profondes notions sur la manière d’émouvoir, d’intéresser, de tendre et de détendre l’esprit des hommes rassemblés, et de les faire sortir de ces représentations dans un état d’édification morale où le plaisir même profite à la sainteté. […] Le drame indien finit comme finirait logiquement le drame chrétien, si le drame moderne, plagiat des littératures antiques, n’était pas plus véritablement païen qu’il n’est chrétien. VII Quant au style dans lequel ces drames sont écrits, il égale et surpasse même en images, en pureté, en harmonie, tout ce que nous admirons dans les anciens et dans les modernes ; et si le mécanisme, la propriété de termes, la transparence de métaphores, l’harmonie de sons, la richesse de nuances, la pureté élégante de diction, sont les preuves sensibles de la perfection de mœurs, de civilisation et de philosophie chez un peuple, le style des poèmes et des drames de l’Inde atteste évidemment une littérature primitive idéale, ou une littérature parvenue à une perfection idéale aussi par la collaboration de siècles sans nombre ; car les langues se forment presque aussi lentement que le granit. […] Les demi-dieux héroïques de cette littérature, Rama, Chrisna, les Pandavas, sont des sages autant que des héros.

626. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIII » pp. 244-246

Érudit inventif et original, il est apprécié ainsi par la Revue des Deux Mondes : « L'écrivain à qui Cabanis adressait sa fameuse Lettre des Causes premières, l’ami dont Manzoni écoutait l’inspiration et à qui il se faisait honneur de dédier sa meilleure pièce, l’homme que madame de Staël consultait sur la littérature allemande, qui donnait à M. […] Ampère celui des littératures comparées, l’homme, enfin, qui a su inspirer tant d’illustres amitiés et coopérer par ses conseils à tant de monuments aujourd’hui célèbres, ne peut manquer de laisser des regrets profonds dans tous ceux qui ont eu l’honneur de le pratiquer. » 42.

627. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lebrun, Pierre (1785-1873) »

Alexandre Dumas fils Pierre Lebrun fut, en littérature, ce qu’on appelle un homme de transition, la fin d’une phase et le commencement d’une autre. […] [Précis historique et critique de la littérature française (1895).]

628. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 5-9

Peut-être lui a-t-il paru plus doux & plus avantageux d’acquérir, par cette voie, un certain empire dans la Littérature, que ses talens ne lui auroient pas procuré. […] Ce Journal, destiné dans son origine à recueillir les prémices des Muses naissantes, à offrir aux yeux de la Nation les premiers germes des talens capables de flatter ses espérances, à former un mélange intéressant des traits de délicatesse, d’agrément, de force & de sensibilité qu’a produits l’imagination Françoise ; à rendre compte de ce que les Sciences & les Beaux-Arts enfantent tous les jours ; à encourager les Artistes par de justes éloges, ou à les éclairer par des critiques lumineuses : ce Journal borne à présent tout son mérite à des Logogryphes dignes du seizieme siecle, à des Contes d’une froideur qui glace l’esprit, ou d’une extravagance qui égare le sentiment & corrompt le goût ; à des analyses infidelles ou partiales, qui contredisent ouvertement les regles de la Littérature ou celles de la décence ; & à quelques nouvelles politiques rédigées avec une sécheresse qui ôte tout le piquant de la nouveauté.

629. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Quoique ses Romans soient bien supérieurs à ces Productions extravagantes, fades, frivoles, licencieuses, qui ont infecté notre Littérature, depuis Amadis des Gaules jusqu’à Angola ou aux Bijoux indiscrets, sa plume pouvoit s’élever à des Productions plus dignes d’elle. […] Le Pour & le Contre, le Journal Etranger auquel il a travaillé, donnent une idée assez favorable de ses talens, en matiere de saine & belle Littérature, pour faire croire qu’il eût pu honorer les Lettres, sans avoir aucun reproche à redouter pour sa gloire.

630. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

Son gouvernement formé de royauté et d’aristocratie, sa religion moins pompeuse que la catholique, et plus brillante que la luthérienne, son militaire à la fois lourd et actif, sa littérature et ses arts, chez lui enfin le langage, les traits même, et jusqu’aux formes du corps, tout participe des deux sources dont il découle. […] Grâce au génie du christianisme, nous allons montrer qu’en histoire l’esprit français a presque atteint la même perfection que dans les autres branches de la littérature.

631. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe I Pour bien comprendre une littérature il faut d’abord bien comprendre un peuple ; car la littérature d’un peuple, ce n’est pas seulement son génie, c’est son caractère. […] Il alla, après quelques mois de séjour chez son père, se mêler à Leipzig à tout le mouvement des études, des littératures et des factions scolastiques de la haute Allemagne. […] C’était le moment où la vieille littérature naïve de la Germanie se greffait, sous l’influence du grand Frédéric, sur la philosophie et à la littérature de la France. […] Ce livre, dont l’exagération sentimentale et maladive ressemble aujourd’hui à un accès de folie du cœur, a été cependant l’origine et le type de toute une littérature européenne qui a bouleversé pendant plus d’un demi-siècle les imaginations jeunes et fortes de l’Occident.

632. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

La faculté la plus inventive, c’est la raison, parce que la raison seule nous découvre la vérité, la seule source des littératures qui ne s’épuise pas. […] Ce n’est pas toutefois faute de connaissances claires et profondes sur ce point de l’histoire de notre littérature française. […] C’est seulement après avoir reconnu le point de perfection d’une littérature et l’époque de maturité d’une langue, qu’on peut décider si un ouvrage a ou n’a pas été un progrès de cette littérature, s’il marque ou non un pas de cette langue. […] L’époque où cette assimilation sera complète verra fleurir la plus belle littérature des temps modernes, ou plutôt la troisième forme de la littérature universelle. […] Cours de littérature française 26.

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