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21. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Nous croyons tous être libres dans l’exercice de notre volonté. […] Comment le résoudre, comment démontrer que l’homme est réellement libre ? […] C’est se sentir un, identique, actif, libre dans l’exercice de son activité. […] Seul dans la nature, l’homme est libre, et seul il a conscience de sa liberté. […] Bien d’autres voix protestent chaque jour en faveur des mêmes vérités dans le monde de la libre pensée.

22. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Le rythme spontané et libre correspond au geste, c’est la mesure qui correspond à l’attitude. […] Si l’on relit les divers exemples de « vers libres » que j’ai cité, on remarquera que les divisions de la strophe concordent avec les divisions naturelles de la phrase. […] Tout semble enfin s’unir pour favoriser le développement libre du rythme21. […] Le vers libre ne procède pas de soi-même, chez M. de Régnier, mais dérive de l’alexandrin qu’il allonge ou réduit pour s’y égaler de nouveau. […] Peu de temps avant la publication des premiers « vers libres », quelques poètes, — M. 

23. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

On pourrait nous dire que cette dissidence, en supposant qu’elle existât (et l’on cherche autant qu’il est possible à nous la dissimuler), ne porte après tout que sur des questions libres, des questions sociales et politiques, mais que l’Église catholique nous offre au moins un point fixe et un asile sûr dans un dogme incontesté, formulé par une autorité infaillible. […] Je ne suis certainement pas juge de l’importance que peut avoir en théologie dogmatique la croyance à l’Immaculée conception ; cependant il faut avouer que les hommes de nos jours étaient peu troublés par cette question, et qu’ils eussent volontiers attendu l’autre monde pour savoir à quoi s’en tenir à ce sujet ; mais leur conscience d’hommes et de citoyens est tous les jours déchirée par le conflit des anciennes doctrines et des nouvelles, et c’est là-dessus qu’on les laisserait libres, à ce que l’on dit. Au fond, n’en doutons pas, on ne les laisse libres que provisoirement et dans la mesure où l’on a besoin d’eux. […] Tous les spiritualistes sans exception croient à la fois à la nécessité de l’esprit d’examen ; mais il semble que les uns attachent plus d’importance à la doctrine qu’à la liberté, aux conclusions déjà trouvées qu’à la recherche de vérités nouvelles, à la défense qu’à la découverte, à l’intérêt moral et pratique qu’à la pure science et à la libre spéculation, au repos qu’au mouvement, à la tranquillité d’une conviction satisfaite qu’aux ardeurs toujours anxieuses et dangereuses d’une pensée en travail. […] Bersot (Libre philosophie, morale et politique) associe la philosophie aux libres mouvements de la philosophie du dehors.

24. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Léon Cladel »

Pour sa libre pensée, parlez-moi de sa libre peinture ! Je ne crois pas plus au libre penseur qu’au moraliste. […] Dans ce livre encore, le libre penseur est épris des mœurs que le Catholicisme a faites. […] Le républicain et le libre penseur apparaissent encore dans son livre, mais ils s’y noient dans la couleur au fond de laquelle ils vont sombrer, et, quand ce sera fait, rien ne troublera plus cette mer d’écarlate lumineuse.

25. (1902) La poésie nouvelle

Il lui faut la vie libre, farouche, la course à la chance. […] Plus de vers libres. […] Les Flambeaux noirs sont écrits en vers libres, — aussi libres, du moins ; qu’en écrira jamais Verhaeren. Le vers libre de Verhaeren lui est très spécial. […] Sa conception du vers libre est intéressante.

26. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Il serait libre dans sa bienveillance pour ceux qui travaillent, dans son aversion pour ceux qui nuisent, dans son amour pour ceux qui servent, dans sa pitié pour ceux qui souffrent. Il serait libre de barrer le chemin à tous les mensonges, de quelque part ou de quelque parti qu’ils vinssent ; libre de s’atteler aux principes embourbés dans les intérêts ; libre de se pencher sur toutes les misères ; libre de s’agenouiller devant tous les dévouements.

27. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Papisme ou libre pensée, telle est l’alternative encore une fois posée : il serait temps de se décider pour l’un ou pour l’autre, si l’on veut éviter dans l’avenir des malentendus dont la gravité s’affirme de jour en jour. […] Il y eut peu d’orateurs pour défendre la cause, en ce jour chancelante, de la libre pensée, de la dignité humaine, avant tout, de l’indépendance absolue de l’État vis-à-vis de l’Église. […] Dans l’esprit des fondateurs de l’œuvre, le vœu au Sacré-Cœur est avant tout un témoignage d’expiation des révoltes de la nation contre le joug catholique, et des crimes de libre pensée dont la France s’était rendue coupable ; c’est l’amende honorable du peuple qui s’était ouvertement éloigné de Dieu depuis la fin du siècle dernier, et qui implorait le pardon de ses offenses. C’est bien plus la délivrance des cerveaux envahis par la pensée libre que la délivrance du territoire envahi par l’étranger, puisque la cause spirituelle, la libre pensée, a produit l’effet matériel, l’invasion, si j’en crois cette phrase de l’archevêque Guibert : « En punition d’une apostasie presque générale, la société a été livrée à toutes les horreurs de la guerre avec l’étranger victorieux. » C’est une pénitence nationale de l’irréligion, et il n’y a qu’à lire tous les documents pour se persuader que c’est bien là le sens qu’on a voulu donner au « Vœu ». […] Encore une fois, c’est définitivement qu’il faut choisir entre le papisme et la pensée libre.

28. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

L’être véritable, pour elle, c’est le moi, l’individu dont elle sent l’unité, l’identité, l’autonomie, la causalité libre. […] Et parce que les faits moraux ont aussi leur ordre, leur enchaînement, leur loi enfin, est-ce une raison pour en conclure que l’homme n’est point un être libre ! […] C’est un fait d’expérience intime que les volontés les plus libres sont les volontés les plus intelligentes et les plus réfléchies. […] Si l’homme est d’autant moins libre qu’il a plus de passions, il est d’autant plus libre qu’il a plus d’idées. […] Nous nous sentons toujours libres dans le premier état, puisqu’alors même nous conservons le sentiment de notre responsabilité, repentants et honteux d’avoir cédé à la passion ; mais nous nous sentons moins libres.

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