Du même coup je relevai et j’armai mon fusil ; je n’apercevais point encore l’individu qui m’avait intimé un ordre si péremptoire, mais j’étais déterminé à combattre avec lui pour mon libre passage sur notre libre terre. […] Je m’apercevais bien que le mari et la femme avait grande envie de me communiquer quelque chose ; moi de même, désormais libre de tout crainte, je désirais les voir se décharger le cœur.
Comme ses premières études (on vient assez de le voir) avaient été des plus défectueuses, il se mit à les réparer et à étudier tant qu’il put au gymnase de Hanovre d’abord, puis, quand il fut devenu plus libre, et sa démission donnée, à l’université de Gœttingue. […] Il leur supposait même d’abord une maturité d’âge qu’il mesurait à l’étendue de leurs jugements, tandis que cette étendue tenait bien plutôt chez eux au libre et hardi coup d’œil de la jeunesse. […] Sa voix avait repris son timbre naturel, sa respiration était libre ; sa main n’était plus enflée, son apparence était celle de la santé, sa conversation était facile.
Que sont en effet les prescriptions sans la loi, et quelle différence y a-t-il, en matière de morale, entre l’enseignement philosophique et l’enseignement religieux, si l’auditeur n’y voit que des conseils qu’il est libre de négliger ou de suivre ? […] Si la vérité importe plus que le chemin qui nous y mène, je préfère un libre mélange de raisonnement et de sentiment qui me persuade, à cette trame d’une argumentation en forme qui veut me prendre et qui me manque. […] Voici, par exemple, un homme qui professe, entre autres maximes, « qu’on ne gagne point les hommes sans les tromper ; que l’honneur est la chimère des fous, qu’il y a peu de sciences certaines ; que l’homme du monde le plus digne d’envie est celui qui a le plus d’empire sur l’esprit d’autrui ; que l’homme le plus heureux et le plus libre est celui qui a le moins de préjugés et de devoirs. » Quel est au juste ce personnage ?
Mais nous voulons rester libres, et, jusqu’à la mort, nous nous défendrons. […] Elle se retranche dans son couvent militaire, en sort parfois pour égorger un peuple, tuer une cité libre, comme ses éphèbes s’échappaient, la nuit, pour chasser l’Ilote ; puis elle rentre dans sa cité stérile qui ne produit que du fer, des sentences et de la terreur. […] Le rire d’Aristophane, dénué d’inspiration, privé d’aliments, n’aurait jamais éclaté ; il fallait la vie spirituelle et agitée d’un peuple libre pour le faire jaillir.
Ainsi est faite la misérable humanité ; elle ne s’arrête jamais dans le vrai et dans le juste, elle se précipite à l’excès, et elle ne se croit libre de l’oppression que quand elle opprime à son tour. […] C’était évidemment là que l’Italie littéraire et poétique devait éclore, car l’esprit humain cherche par instinct les terres libres pour dérober, comme l’aigle, ses œufs à la tyrannie. […] J’y planai, dans cet éther, pendant je ne sais combien de temps, avec les ailes libres de mon âme, sans avoir le sentiment du monde d’en bas qui m’environnait, mais que je ne voyais plus de si haut.
En effet, il est maintenant démontré que la libre industrie protestante rompait les catégories de la corporation catholique, — de cette corporation — toute la France industrielle d’alors — qui avait transfiguré l’esclavage antique et constitué cette immense fortune sur le pillage de laquelle le Protestantisme, père du Paupérisme moderne, — car tous les pillards sont réservés à mourir de faim, — trouve à peine de quoi vivre depuis trois cents ans ! […] Dans son histoire, il disait trop de bien des protestants pour provoquer la colère de leurs héritiers, les Libres Penseurs, — et, d’un autre côté, il mettait trop le catholicisme hors de cause, en l’imputant à la politique, pour remporter leurs applaudissements. […] Lorsque dernièrement un écrivain soi-disant catholique13, dans une histoire de la Littérature française sous le gouvernement de Juillet, pieux ossuaire de toutes les médiocrités que le temps a balayées déjà et qu’il pousse à la fosse commune de l’oubli, a, parmi cette tourbe de noms qui importunent le regard, consacré trois lignes de protecteur distrait au respectable nom d’Audin, — c’est-à-dire de l’homme qui, après MM. de Maistre et de Bonald, a le plus contribué à la diffusion des idées catholiques au xixe siècle, comment s’étonner que les panthéistes, les libres penseurs, les journalistes, les vaudevillistes (plus nombreux qu’on ne croit), et les jongleurs de feuilleton, composant la littérature contemporaine, aient répugné à parler d’un écrivain qui n’est pas des leurs, et d’ailleurs irréfutable pour des gens de notions aussi peu certaines ?
On eût dit qu’il n’avait d’autre but que de torturer son lecteur, de blesser en lui non seulement les libres les plus délicates, mais les facultés les plus vitales. […] Suivant la formule aristotélicienne, la poésie est donc une imitation, mais une imitation libre et créatrice, non pas servile et mécanique. […] Croire que nous sommes libres de nous créer un art ou une vérité de pure fantaisie, un idéal conforme à je ne sais quelle raison métaphysique, est une illusion enfantine que démentent tous les faits… Ah !
Mais Dieu merci, je suis libre encore, et si je quittais ce pays, je rapporterais un cœur aussi sain et aussi entier que je l’ai apporté. […] Jean Racine est libre. […] Il y a un petit livre très rare, imprimé secrètement et sans privilège en 1666 et intitulé : Recueil contenant plusieurs discours libres et moraux en vers. […] Ainsi parle, bizarrement et assez mal, Saint-Évremond, si intelligent et d’esprit si libre par ailleurs. […] Titus n’est pas libre, et nous savons dès maintenant ce qu’il ne fera pas.