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570. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Quand on ne croit pas au hasard, aussi bête que les couleuvres africaines adorées par Soulouque et dont d’Alaux se moque avec juste raison, lorsqu’on a le bon sens d’admettre la variété providentielle des fonctions pour tous les peuples, les nègres, qui probablement ont leurs origines comme les autres races, semblent avoir été mis particulièrement dans le monde pour montrer combien est pesant aux créatures humaines le fardeau de la liberté. […] Quand Dieu veut dégoûter le monde de liberté, il lui offre en spectacle les nègres essayant de s’en faire une, comme ils ont fait depuis plus de soixante ans, rejetant la règle, créant des républiques et des empires, toujours d’imitation, et toujours aussi, en raison de leur nature même, retombant de leurs premiers maîtres sous la main de maîtres plus durs !

571. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Tous ceux qui étaient amis de ses ennemis, tous ceux qui approchèrent, à quelque titre et de quelque manière que ce fût, de la mère ou du frère du roi, créatures, confidents, domestiques, médecins même, furent arrêtés, dispersés, condamnés, et perdirent ou la liberté ou la vie. […] On peut donc lui reprocher d’avoir prodigieusement augmenté cette maladie épidémique des emprunts, qui devient de jour en jour plus mortelle ; d’avoir donné l’exemple de la multiplication énorme des impôts ; d’avoir aggravé tour à tour et la misère par le despotisme, et le despotisme par la misère ; de n’avoir jamais vu que je ne sais quelle grandeur imaginaire de l’État, qui n’est que pour le ministre, et dont le peuple ne jouit point ; et d’avoir sacrifié à ce fantôme les biens, les trésors, le sang, la paix et la liberté des citoyens.

572. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

La République de Genève, naguère morceau du département du Léman, venait de reconquérir la liberté de disposer d’elle-même, et cette liberté était liée à la défaite de la France. […] Il y a une liberté négative qui est l’indétermination. Il y a une liberté positive, la détermination volontaire qui succède à cette indétermination. Avec cette liberté positive, apparaît la responsabilité. […] Souffrir par sa faute est un tourment de damné. » Il ignorera la liberté, parce qu’il entendra, par liberté, non le devoir de vouloir, c’est-à-dire de choisir, mais le droit de ne pas vouloir et la faculté de ne pas choisir. « Mon idole, c’est la liberté, ma croix, c’est le vouloir. » Et la liberté ainsi entendue, c’est bien en effet une idole, non un dieu, et il faut sans doute que l’homme passe sur cette croix du vouloir pour s’incorporer à Dieu.

573. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Sa liberté et sa retraite, tantôt à Potsdam chez un roi lettré, tantôt à Cirey chez une amie, tantôt à Ferney chez lui-même, doublaient sa vie. […] Sa mémoire, puissance qu’on multiplie en la chargeant, le servait avec fidélité, mais aussi avec cette liberté qu’elle doit laisser à l’improvisation, tout en rappelant l’orateur à son but et à son texte ; sa diction, sans être théâtrale, était modulée. […] Qu’y a-t-il de plus généreux, de plus loyal, que de secourir les suppliants, de relever ceux qui sont abattus, d’écarter les périls, d’assurer aux hommes leur vie, leur liberté, leur patrie ! […] Si tu veux m’imposer silence, ce n’est pas mes biens qu’il faut m’ôter : il faut m’arracher cette langue que tu crains, étouffer cette voix qui n’a jamais parlé que pour la liberté ; et, quand il ne me restera plus que le souffle, je m’en servirai encore, autant que je le pourrai, pour combattre et repousser la tyrannie.” […] Phidias, n’ayant pas la liberté d’écrire son nom sur le bouclier de Minerve, y grava son portrait.

574. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 372-373

Un style naïf & plein de liberté répand un intérêt piquant dans ses Histoires.

575. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 218

Saint-Pavin poussa la liberté d'esprit jusque sur les matieres de Religion ; ce qui faisoit regarder à Boileau sa conversion comme impossible.

576. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Ils n’ont l’idée ni de la liberté de la presse, ni de la liberté parlementaire, ni d’aucun frein, ni d’aucune limite à imposer à l’autorité royale. […] Ou plutôt ils ne tiennent à aucune liberté. […] Et quelle liberté, quelle indépendance, quelle autonomie personnelle ! […] Or, qu’est-ce que la liberté ? […] Non, Messieurs, toute ma vie, et ce n’est pas pour moi seul que je parle, je parle pour mes amis politiques comme pour moi, j’ai aimé et servi la liberté, j’ai aimé et servi le pouvoir, la liberté légale, le pouvoir légal.

577. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Mahaffy serait requis de s’exprimer d’une manière sympathique, quand il s’agit d’anciennes villes grecques aspirant à la liberté et à l’autonomie. […] De certain côté, on commenta assez sévèrement la liberté absolue de M.  […] A la littérature grecque, elle dut sa culture classique, mais l’Italie moderne créa sa passion humaine pour la Liberté. […] Pourtant elle était belle et se nommait « La Liberté ». […] Force et Liberté, voilà ce qu’elle lui annonce vaguement.

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