La vision que nous appelons réelle ne serait que l’une des visions fantasmatiques. […] Mais on ne fait pas de distinction entre elle et toutes les autres distributions possibles : ou plutôt, on ne voit plus qu’une infinité de distributions possibles, la distribution réelle n’étant plus que l’une d’elles. […] Vous vous figurez avoir obtenu, par l’addition d’une dimension supplémentaire, un Espace-et-Temps à trois dimensions qui peut se diviser en espace et en temps d’une infinité de manières ; la vôtre, celle que vous expérimentez, ne serait que l’une d’elles ; elle serait au même rang que toutes les autres. […] Il n’y a pas d’autre moyen d’indiquer les implications spatiales et temporelles de l’une et de l’autre.
Sur la ligne d’Univers de M₁, choisissons deux événements déterminés A et B… Entre ces événements nous pouvons imaginer dans l’Espace-Temps une infinité de lignes d’Univers réelles… Prenons l’une quelconque de ces lignes d’Univers ; il suffit pour cela de considérer un second mobile M₂, parti de l’événement A, qui, après avoir parcouru, avec une vitesse plus ou moins grande, un trajet spatial plus ou moins long, trajet que nous allons repérer dans un système en translation uniforme lié à M₁ rejoint ce mobile M₁, à l’événement B. […] On déplace l’une très rapidement et on la ramène près de l’autre au bout du temps t (temps du système) ; elle se trouve en retard sur l’autre horloge, de équation ; si l’accélération a été instantanée au départ comme à l’arrivée et si la vitesse est restée constante en grandeur, le retard est équation . […] On nous dit par exemple ci-dessus que, « si deux horloges identiques et synchrones sont au même endroit dans le système de référence, si l’on déplace l’une et si on la ramène près de l’autre au bout du temps t (temps du système), elle retardera de équation sur l’autre horloge ». […] En résumé, de deux choses l’une.
Il y a, il y avait du temps de Pellisson deux sortes d’élégance et d’urbanité, soit en causant, soit en écrivant : l’une plus vive, plus naturelle, plus aisée et plus familière, plus colorée aussi, puisée dans le commerce du grand monde et de la Cour, par ceux qui y avaient été nourris et rompus dès l’enfance ; c’était celle des Saint-Évremond, des Bussy, des Clérembault, des La Rochefoucauld, des Retz ; — l’autre plus étudiée, plus formée dans le cabinet et par la lecture, ou par l’assiduité dans certains cercles illustres et par le commerce des personnages littéraires les plus qualifiés ; cette dernière urbanité est celle des Conrart, des Vaugelas, c’est celle surtout de Pellisson qui y excelle, et qui en est le parfait modèle en son temps. […] Il est même arrivé quelque chose de mémorable dans l’Académie à cette occasion : c’est que n’y ayant dans cette compagnie que les trois officiers, le directeur, le chancelier, et le secrétaire, qui eussent des fauteuils, les cardinaux, à qui l’on n’en voulait pas accorder, à moins qu’ils ne fussent dans l’une des trois charges, refusaient par cette raison d’assister aux assemblées. […] Lorsque plus tard on créa l’Institut, et, au sein de l’Institut, une classe qui correspondait assez bien à l’Académie française, il n’y eut cependant aucune liaison directe de l’une à l’autre ; ceux des anciens académiciens qui furent nommés de l’Institut, le furent à titre nouveau, et non par une sorte de reprise de possession.
Fromentin a un privilège que je n’ai encore vu personne posséder à un degré égal : il a deux muses ; il est peintre en deux langues ; il n’est pas amateur dans l’une ou dans l’autre, il est artiste consciencieux, sévère et fin dans toutes deux. […] Il commence par bien poser son cadre : il est à l’une de ses dernières haltes, sur le plateau nu du D’jelfa ; la journée s’achève, il est environ cinq heures du soir ; sa tente est tournée au midi, à ce midi encore voilé vers lequel il aspire ; il est seul, ses compagnons absents ou endormis ; il savoure un vent tiède qui souffle faiblement du Sud-Est ; pour toute vue, il a une moitié de l’horizon, bornée d’un côté par un grand bordj ou maison solitaire, et de l’autre par un groupe de chameaux bruns, qui se dessine sur une ligne de terrains pâles ; tout est repos, tranquillité, paix profonde : « S’il arrive qu’un ramier passe au-dessus de ma tête, dit-il, je vois son ombre glisser sur le terrain, tant ce terrain est uni ! […] L’une après l’autre, elles se rangent au mur, assises ou couchées quand elles en trouvent la place.
Nous lui en avons trouvé trois : l’une, déjà nommée, Mlle Aïssé ; les deux autres, Cécile et Caliste, des Lettres de Lausanne. […] Si vous ne la reconnaissiez pas en la rencontrant dans la rue, ce serait votre faute. » Ainsi tout ce que Mlle de Liron a de brillant par la blancheur, Cécile l’a par le rembruni ; ce que l’une a de commun avec les femmes du Cantal, l’autre l’a avec les jolis enfants de Savoie ; le cou visiblement épaissi de Cécile est un dernier caractère de réalité, comme d’être un peu grasse ajoute un trait distinctif à Mlle de Liron. Pour ne pas nous apparaître poétisées à la manière de Laure ou de Médora, elles n’en demeurent pas moins adorables toutes les deux, et on ne s’en estimerait pas moins fortuné pour la vie de leur agréer à l’une ou à l’autre, et de les obtenir, n’importe laquelle.
Entre ces différentes supériorités il est permis d’hésiter, et chacun, suivant son tempérament, préférera l’une ou l’autre. […] La tâche, même ainsi bornée, est encore assez délicate, et ce n’est pas trop de plusieurs méthodes, qui se corrigent et se complètent l’une l’autre, pour mesurer, peser, jauger, par une série de calculs approximatifs, ces produits si complexes de l’esprit humain. […] Au nom de ce principe, nous pouvons comprendre et accepter deux conditions qui s’imposent à tout écrivain et qui se limitent l’une l’autre.
Par désir de se complaire l’une à l’autre, les deux puissances amies s’envoient des ambassades, s’offrent des fêtes, organisent des rencontres entre les grands personnages qui les représentent ; un rapprochement des deux littératures est la conséquence, quand il n’a pas été le prélude, de ces ententes cordiales. […] Si leur exil dure longtemps, ils finissent presque par avoir deux patries, et souvent ils les interprètent l’une à l’autre. […] Qu’il s’agisse d’ailleurs de l’une ou de l’autre, une grosse difficulté est de distinguer l’imitation de la simple inspiration.
Dans le germe d’un polype, comme dans l’œuf humain, l’agrégat de cellules d’où l’animal doit sortir, donne naissance à une couche périphérique de cellules qui se subdivise plus tard en deux : l’une inférieure, appelée muqueuse ou endoderme ; l’autre extérieure, appelée séreuse ou ectoderme. […] Il ne faut donc jamais perdre de vue que la science et la connaissance ordinaire sont de même nature et que l’une n’est que l’extension et la perfection de l’autre133. […] Les choses que nous appelons égales (lignes, angles, poids, températures, sons, couleurs), sont celles « qui produisent en nous des sensations qu’on ne peut distinguer l’une de l’autre », l’idée d’égalité est tirée par abstraction des objets artificiels.