Ces vers, je les ai là sur ma table, et je m’applique à en pénétrer le sens dans leur ensemble, à trouver l’idée capitale qui relie ces diverses pièces l’une à l’autre. […] Mais même quand elles diffèrent, elles se complètent l’une par l’autre. […] Ces deux existences fraternelles qui, parties des mêmes confins de l’honnêteté et de la vertu, se déroulent parallèlement dans un milieu social différent, pour aboutir, à travers toutes les fatalités du vice, l’une aux zones sereines de la vie calme et honorée ; la seconde aux hypogées du bagne et à l’échafaud, — ces deux existences, dis-je, se prêtaient aux plus saisissants contrastes et contenaient de singuliers éléments d’émotion et d’intérêt.
Il le restera tant que subsistera la distinction artificielle entre les deux propriétés, l’une matérielle, l’autre abstraite, théorie d’ailleurs que la jurisprudence n’a jamais essayé d’établir pour aucune autre forme de propriété6. […] De deux choses l’une, en effet : ou nous sommes trop vieux pour rien refaire de nouveau, et alors à quoi bon conserver ces témoignages d’une puissance que nous ne possédons plus ?
Puis c’est cette récréation, où comme il est défendu d’avoir une amie, une préférence, une espèce de tour de valse les fait tomber à terre, l’une à côté de l’autre, au hasard. […] Et grignotantes, en même temps qu’agacées par les carapaces, qu’elles rejettent avec des impatiences de chattes, elles se retournent vers nous, passant leur tête pour nous parler, l’une au-dessous de l’autre, étageant leurs moues et leurs sourires, nous contant le Chinois avec lequel elles ont dîné hier, allant chercher les souliers de la Chinoise qu’il leur a donnés, bégayant les mots chinois qu’il leur a dits.
Sur trois jeunes filles, sorties du même milieu, et entrant dans un magasin de modes : l’une fera d’instinct et toujours la mode fille ; l’autre la mode femme honnête ; l’autre la mode province. […] Deux Italiennes entrent, en soulevant la persienne de la porte donnant sur le jardin, et la princesse se met à peindre l’une d’elles, pendant deux heures, lui donnant à peine quelques minutes de repos.
répond l’une d’elles en souriant. […] Rien de plus drôle que sa visite à l’une de ses victimes qui est venue faire fortune à Paris sous le nom de Liane de Beaugency et qui, en voyant l’insistance du paysan à vouloir lui rendre l’honneur qu’elle ne regrette pas du tout, l’envoie, en pouffant de rire, dîner à l’office avec son cocher et ses nombreux domestiques ; après quoi il est mis à la porte par la belle fille qui lui crie dans un éclat de rire et pour désarmer sa persistance : — « Mais, imbécile, c’est mon déshonneur qui fait ma fortune ! […] Deux préfaces précèdent chaque tome, l’une de M. […] Le duc de Persigny reçut deux lettres en réponse à cette note, l’une de l’Empereur, l’autre de l’Impératrice ; on en peut deviner la teneur puisque l’Empereur se refusa à sacrifier l’Impératrice, déclarant qu’il voulait qu’elle assistât au Conseil comme auparavant.
À mi-côte ou à mi-chemin de l’emphase de Balzac et de la préciosité de Voiture, qui procédaient aussi bien l’une et l’autre de la même prétention d’orner, d’embellir, de déguiser la nature, elles ont fondé l’école du naturel ; et, par une de ces ironies fréquentes dans l’histoire, il se rencontre ainsi que, de tous nos grands écrivains, c’est celui dont l’intransigeance morale a été le plus hostile à la nature, — et même à la raison, — qui néanmoins a le plus fait pour diriger nos Molière et nos Boileau, j’y ajoute maintenant nos La Fontaine et nos Racine, dans la voie de « l’imitation de la nature » et du respect des « droits de la raison ». […] Lisez plutôt à cet égard la Dissertation de Boileau sur Joconde, — qui est l’une de ses premières œuvres, — et voyez avec quelle assurance il y donne à La Fontaine, dans un sujet emprunté de l’Arioste, la supériorité sur l’Arioste ! […] Ces choses, mêlées ensemble en mille manières différentes et compensées l’une par l’autre, forment aussi les différents états et les différentes conditions. […] Pour son vrai caractère on est tenté de l’associer à la préciosité. — Voiture, dans ses petits vers [Cf. la pièce À une demoiselle qui avait les manches de sa chemise retroussées et sales, et la pièce À Mlle de Bourbon qui avait pris médecine], a visiblement une tendance au burlesque ; — et d’un autre côté Saint-Amant et Scarron appartiennent à la société précieuse. — Les précieux raffinaient sur la nature et sur la vérité ; — les burlesques font profession de les « outrer » l’une et l’autre ; — mais tous ensemble ils sont de l’école dont nous avons cité plus haut la devise : Chi non sa far stupir, vada alla striglia... […] Deltour, Les Ennemis de Racine, et Amédée Renée, Les Nièces de Mazarin]. — Les deux Phèdre. — Si la hardiesse même des tragédies de Racine n’a pas été l’une des causes de l’acharnement de ses ennemis contre lui ?
Vis-à-vis d’une entreprise qui les mettrait en cas de se tourner contre l’une des assemblées, quelles seraient leurs dispositions ? […] L’une s’inspire de la divinisation de l’homme par l’intelligence et par l’audace, grâce à la victoire remportée sur les éléments et même à une sorte de violence faite à la destinée ; l’autre, de la croyance à la fin du monde et à la comparution de l’homme pécheur devant le tribunal de Dieu. » Pareillement M. […] L’action de Spinoza est l’une des premières en date et l’une des plus profondes qui se soient exercées sur l’esprit de Taine. […] C’est donc qu’il était pareillement dépourvu de ces deux sortes de vanité dont l’une consiste à se plaire aux honneurs et l’autre à les dédaigner.
Pour nous, qui l’admirons sous ces deux formes et qui espérons que l’une n’a pas irrévocablement remplacé l’autre, nous essayerons de le suivre dans sa belle vie de poëte recouverte et compliquée, de le conduire du point de départ jusqu’à son œuvre nouvelle d’aujourd’hui.