Ces Philippiques 36 effroyables, ces furies lyriques, insinuées d’abord dans l’opinion comme un secret, puis y détonant comme une indiscrétion, n’étaient pas d’un pauvre poète obscur, plein de courage et de génie, qui aurait eu le temps de mourir de faim avant qu’on eût entendu s’élever sur sa lyre la voix divine de la justice. […] En présence d’un mérite si mince et si solitaire, on comprendrait à peine, même pour une heure, la béotienne admiration des contemporains de La Grange-Chancel, si l’on ne savait que l’admiration des hommes n’est le plus souvent ni générosité ni justice, mais joie grossière de se retrouver, soi et sa passion, dans l’œuvre d’un écrivain qui vous fait miroir, comme le ruisseau le faisait à cet imbécille de Narcisse !
C’est cette justice présumée du plus fort qui à la longue légitime les conquêtes ; ce droit imparfait est nécessaire au repos des nations. […] Pour prévenir des plaintes, des rixes et des meurtres, la Providence voulut qu’ils fissent consister toute la justice dans l’expression précise des formules solennelles.
Rendons cette justice à M. […] Le droit, c’est la justice. […] C’est la société qui a inventé la justice. […] La réalité de la justice s’évanouit. — Ou bien la justice ne peut être que l’égalité absolue. […] Or c’est la Science qui fera la Justice.
Pierre Quillard Leconte de Lisle se serait plu aux tierces rimes ironiques et féroces de la Justice du mandarin, aux paysages et aux animaux étudiés et décrits en traits sobres et durs, et aux belles strophes où la pensée métaphysique se laisse apercevoir seulement sous un voile d’images éclatantes.
Qu’on porte ce morceau chez l’exécuteur de la justice, ou chez Ferein l’anatomiste, et qu’ils prononcent.
C’est, en ce genre, ce qu’on a fait de plus fort depuis la Justice de Sully Prudhomme.
Il seroit à souhaiter que la politique fût appuyée sur des principes invariables ; ce seroit le vrai moyen d’obliger les Princes à suivre les loix de la justice & de l’équité.
C’est donc au Littérateur impartial, ami de la justice & de la vérité, à combattre les usurpations, à dessiller les yeux de la multitude, à prononcer, d’après des regles invariables, sur le mérite ou les travers de tant d’Auteurs méconnus par l’injustice, ou applaudis par la séduction. […] La République des Lettres est un Etat parfaitement libre, où tous les Citoyens jouissent des mêmes priviléges, s’ils n’y jouissent pas des mêmes honneurs : les plus illustres n’y ont d’autres droits que ceux qui sont appuyés sur le mérite & les talens ; le plus obscur n’excede pas les bornes de son pouvoir, quand il entreprend de les juger : tout dépend d’avoir la justice & les vrais principes pour fondement de ses décisions.