Donc la destinée n’est ni juste ni douce ; le monde n’est point bon, et il est incompréhensible. […] Vigny écrivait dans le Mont des Oliviers : « Si le ciel est muet, aveugle et sourd au cri des créatures… Le juste opposera le dédain à l’absence, Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité.
Outre que le style en est communément froid & compassé, les pensées en sont triviales ou peu justes, & ne sont point liées ensemble. […] C’est pourquoi nous avertirons M. de la Harpe de s’attacher plus qu’il n’a fait à renforcer & égayer son style, à enrichir & à déniaiser son érudition, à aiguiser & à dégauchir son discernement ; d’être plus adroit, lorsqu’il voudra louer ses propres Ouvrages ; de ne pas se trahir, en affectant pour les autres le mépris qu’on a tort, sans doute, d’avoir pour lui ; enfin, de ne pas confondre, pour son repos, le langage d’une juste censure, avec celui de la jalousie.
Si vous avez jamais observé les petits ronds éclairés de la lumière réfléchie d’un canal au plafond d’une galerie, vous aurez une juste idée du papillotage. […] Tout personnage qui s’écarte des justes convenances de son état ou de son caractère, un magistrat élégant, une femme qui se désole et qui cadence ses bras, un homme qui marche et qui fait la belle jambe, est faux et maniéré.
Alaux croit, avec juste raison, que le besoin d’une religion est au plus profond de l’esprit humain. […] Il a, par pudeur, retaillé et recousu dans la morale indépendante, moins indépendante, il est juste de le reconnaître, dans son système, que dans celui du marchand de robinets.
On peut voir juste et n’avoir pas la force de faire juste. […] Sa description, en un endroit, tombe juste avec ce qu’en dit Retz, et semble précisément y répondre. […] et où l’on ne dira que juste par cette expression de pitié, qui sera encore, à bien prendre, une générosité d’âme. […] Mais on ne peut, sans contredire tous les témoignages du temps, ce me semble, et à ne consulter même que les écrits de ces deux dames un peu de sang-froid, ne pas voir dans Mme de La Fayette un esprit surtout ferme et juste en sa finesse, et dans Mme de Longueville un bel-esprit tendre, subtil, glorieux, intéressant, mais pas du tout de la même trempe ; si j’attache un sens juste à ce mot, c’est cette trempe précisément qui lui aurait manqué.
Et je me réponds : Le premier et l’infaillible législateur, c’est celui qui a fait l’homme ; c’est celui qui, en faisant l’homme, a mis en germe dans l’âme de sa créature ces lois, non écrites, mais vivantes, consonances divines de la nature intellectuelle de l’homme avec la nature de Dieu, consonances qui font que, quand le Verbe extérieur, la loi parlée se fait entendre, à mesure que l’homme a besoin de loi pour fonder et perfectionner sa société civile, la conscience de tout homme, comme un instrument monté au diapason divin, se dit involontairement : C’est Juste ; c’est Dieu qui parle en nous par la consonance de notre esprit avec sa loi ! […] Le véritable législateur est celui qui dit en nous : Cette loi est juste, et, parce qu’elle est juste, elle est utile, elle est obligatoire. Et, parce qu’elle est juste, utile, obligatoire, elle est le devoir religieux de tous envers chacun et de chacun envers tous. […] Mais, répondrons-nous aux sophistes, indépendamment de ce que cette volonté, supposée unanime, n’est jamais unanime, qu’il y a toujours majorité et minorité, et que la supposition d’une volonté unanime, là où il y a majorité et minorité, est toujours la tyrannie de la volonté la plus nombreuse sur la volonté la moins nombreuse ; Indépendamment encore de ce que le moyen de constater cette majorité n’existe pas, ou n’existe que fictivement ; Indépendamment enfin de ce que le droit de vouloir, en cette matière si ardue et si métaphysique de législation, suppose la capacité réelle de vouloir et même de comprendre, capacité qui n’existe pas au même degré dans les citoyens ; Indépendamment de ce que ce droit de vouloir, juste en matière sociale, suppose un désintéressement égal à la capacité dans le législateur, et que ce désintéressement n’existe pas dans celui dont la volonté intéressée va faire la loi ; Indépendamment de tout cela, disons-nous, si la souveraineté n’était que la volonté générale, cette volonté générale, modifiée tous les jours et à toute heure par les nouveaux venus à la vie et par les partants pour la mort, nécessiterait donc tous les jours et à toute seconde de leur existence une nouvelle constatation de la volonté générale, tellement que cette souveraineté, à peine proclamée, cesserait aussitôt d’être ; que la souveraineté recommencerait et cesserait d’être en même temps, à tous les clignements d’yeux des hommes associés, et qu’en étant toujours en problème la souveraineté cesserait toujours d’être en réalité ? […] Le juste et l’utile font ou défont, selon les lieux, l’hérédité.
L’un suppose un esprit juste, méditatif, souvent modeste ; l’autre exige un homme habile, actif, passionné, plein d’audace et de confiance en lui-même. […] Ce qui reste d’une théorie bruyante et ambitieuse, après les jours de passion et de lutte, c’est précisément l’idée juste et modeste qu’elle recelait dans ses fondations. […] L’idée juste de l’école moderne avait été posée en silence par les philosophes allemands et français dont nous avons parlé. […] Forcée d’être claire pour les autres, l’idée deviendra plus juste en elle-même ; et, d’autre part, la clarté aura plus de valeur quand elle passera au service d’une pensée élevée. […] Mais la première forme, moins éloquente et moins parfaite, donne peut-être une idée plus juste de la doctrine et de la méthode adoptées alors par le professeur.
Il en reste cependant quelque chose comme observation, et l’observation est juste. […] Il eut tout juste la largeur d’esprit et la portée d’intelligence d’un Combes. […] Il n’y a rien de plus sensé et de plus juste que la séparation de l’Église et de l’État. […] Le raisonnement, instinctif ou médité, était très juste. […] Ce serait tout aussi juste.