Nous avons retrouvé l’accent libre de l’émotion pleine, et nous avons reconnu une voix d’homme dans ces vers sur Locksley Hall : Sa joue était pâle et plus mince qu’il ne fallait pour son âge ; — et ses yeux, avec une attention muette, étaient suspendus à tous mes mouvements. […] Tout le courant de mon être va vers toi. » Sur sa joue et sur son front pâles vint une couleur avec une lumière, — comme j’ai vu jaillir soudain une rougeur rose dans la nuit du nord. […] Le poëte joue avec la beauté ; nul badinage n’est plus romanesque ni plus tendre.
Mlle de Guérin I Toute âme est une scène, sur laquelle la vie, obscure ou publique, joue des drames qui arrachent le sourire ou les larmes aux spectateurs ou aux acteurs des événements dont se compose notre existence. […] Il y avait des livres sur la cheminée et sur la table à jeu du milieu : on n’y jouait jamais, mais on y lisait beaucoup. […] Ils s’interrompent de temps en temps pour rire ou pour jouer, car tout cela leur échappe.
Et cependant, moi, ce superbe Alfieri, me faisant précéder de l’offre de mon beau volume, que le Saint-Père reçut avec bienveillance, ouvrit et reposa sur sa petite table, avec beaucoup d’éloges et sans vouloir me laisser lui baiser le pied, mais me relevant au contraire lui-même, car j’étais à genoux ; dans cette humble posture il me caressait la joue avec une complaisance toute paternelle ; moi donc, ce même Alfieri, l’auteur de ce fier sonnet sur Rome, répliquant alors avec la grâce doucereuse d’un courtisan aux louanges que le pontife me donnait sur la composition et la représentation de l’Antigone, dont il avait, m’assurait-il, ouï dire merveille, et saisissant le moment où il me demandait si je ferais encore des tragédies, louant fort du reste un art si ingénieux et si noble, je lui répondis que j’en avais achevé beaucoup d’autres, et dans le nombre un Saül, dont le sujet, tiré de l’Écriture, m’enhardissait à en offrir la dédicace à Sa Sainteté, si elle daignait me le permettre. […] XIV Au sein de ce repos, Alfieri, devenu plus royaliste que républicain, depuis le triomphe de ses opinions républicaines en France, s’occupait à élever, à l’exemple de Voltaire, un théâtre dans sa maison pour y jouer ses tragédies. […] Il jouait Brutus devant un auditoire de complaisants grands seigneurs.
On joue dans le salon un petit proverbe de l’homme politique. […] Au théâtre, elle croit que les grands acteurs sont ceux qui jouent les Rois. […] Les aveugles jeunes et vieux, sous le gaz qui leur frappe en plein le crâne, de grandes ombres noires emplissant le creux de leurs yeux, jouent automatiquement quelque chose de criard et de plaintif, comme s’ils pleuraient le soleil.
Tout à coup la noce le voit dérouler des papiers enveloppant un flageolet, et il joue la valse de Weber, qui fait tomber en pâmoison la mariée. […] Le marié et la mariée se font pourctraire, et Ziem est à la tête de quarante francs, une somme qu’il croit si bien une fortune, qu’en arrivant à Lyon, il se fait conduire en voiture au théâtre où l’on joue Moïse. […] À côté de la salle, c’est une série de chambres, où l’on joue au whist.
Mais si on leur avait prouvé que dans ce siècle du Progrès, les romantiques avaient domestiqué la muse vagabonde, qu’ils lui avaient enseigné l’art de « jouer de l’encensoir, d’épanouir la rate du vulgaire, pour gagner le pain de chaque soir7 », et si on leur avait montré le chef de l’école romantique recevant à vingt ans trois mille francs de pension pour des vers « somnifères » les parents, jugeant que la poésie rapportait davantage que l’élève des lapins ou la tenue des livres auraient encouragé, au lieu de réprimer, les velléités poétiques de leur progéniture8. […] Ses camarades d’école jouaient des pièces de théâtre de sa composition ou de celles de son frère Eugène. « Les sujets habituels de ces pièces étaient les guerres de l’empire… c’était Victor qui jouait Napoléon.
Écoutez : Une heure est à Venise, — heure des sérénades ; Lorsqu’autour de Saint-Marc, sous les sombres arcades, Les pieds dans la rosée, et son masque à la main, Une nuit de printemps joue avec le matin. […] À quoi rêvent les jeunes filles n’est qu’une bouffonnerie en vers faciles, une scène de Don Quichotte rimée, un proverbe à jouer après souper entre deux paravents. […] J’aime, et je veux pâlir ; j’aime, et je veux souffrir ; J’aime, et pour un baiser je donne mon génie ; J’aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie Ruisseler une source impossible à tarir.
L’artificieux violoniste s’amuse à jouer faux — et pour se contredire une fois de plus, c’est d’un vers parfaitement régulier et toujours exact, du moins en apparence, qu’il tire cette musique déconcertante. […] Et plus exactement encore, si nous voulions jouer au jeu frivole des comparaisons, c’est avec Daumier que nous songerions à le mettre en parallèle. […] Leur puérilité se remarquait par une flagrante disproportion entre leurs sentiments et leurs modes d’expression, et par une curieuse comédie qu’ils se jouaient de bonne foi à eux-mêmes. […] Ils se prenaient aussi de très bonne foi pour les chevaliers du Graal, et c’est en cela qu’ils se jouaient innocemment la comédie. […] Le système d’anacoluthes et d’ellipses que l’on y remarque, toutes ces façons de jouer sur ce que les mots ont de purement matériel, ces grincements que M.