Il jette sur les événements de ce monde et sur le rôle qu’il lui convient d’y jouer une vue plus ferme et plus nette ; aucun péril n’est désormais au-dessus de son courage, aucune idée vraiment humaine au-dessus de son intelligence. […] Les rayons de la lune se jouent au milieu des atomes flottants et leur prêtent en un instant des milliers de formes ; les chênes projettent leurs ombres à droite et à gauche, et derrière s’agite et frémit un océan de feuillage obscur, indécis, immense. […] Comment ne serait-elle pas effrayée de se sentir enchaînée au destin d’un homme qui, dans son orgueil, joue sans cesse avec son existence et celle des autres ? […] Il arrive justement pour être témoin de scènes terribles au milieu desquelles il se joue ; la province polonaise est en feu, et les paysans soulevés viennent assiéger le château de X***. […] Il ne dit pas : « Quand je mourrai », il dit sans affectation : « Quand l’herbe croîtra sur la tombe du vieil Ehrenthal. » Et, bien que cette phrase sentimentale soit une piperie à l’adresse de Rothsattel, elle est dite cependant avec une candeur qui n’est pas jouée.
Il y eut un jour où, à l’exemple de la société qui cherchait à se dégager de l’état de faction, la comédie rompit cette union forcée avec la tragédie, et Corneille essaya de la produire seule sur la scène où il avait fait jouer Polyeucte. […] La première fois que Molière et sa troupe jouèrent devant la cour la tragédie de Nicomède, ce fut sur un théâtre que le roi avait fait dresser dans la salle des gardes du vieux Louvre. […] La pièce fut en effet donnée ; mais le roi n’y joua point. […] Ce bienfait que la France devait à Louis XIV, Boileau en eut sa part comme Molière, avec cette différence qu’avant Louis XIV, et sans Louis XIV, Molière faisant jouer, dès 1659, les Précieuses ridicules, avait commencé l’œuvre de la satire et montré à Boileau où il avait à frapper.
— Que sont donc enfin ces mouvements, et quel rôle ces images particulières jouent-elles dans la représentation du tout ? […] Nos « zones d’indétermination » joueraient en quelque sorte le rôle d’écran. […] Mais il ne faut pas oublier que, dans tous les états psychologiques de ce genre, la mémoire joue le premier rôle. […] La vérité est que mon système nerveux, interposé entre les objets qui ébranlent mon corps et ceux que je pourrais influencer, joue le rôle d’un simple conducteur, qui transmet, répartit ou inhibe du mouvement.
Je ne pense pas que Théophile Gautier, de qui on a souvent rapproché M. de Saint-Victor, et qui, en effet, a pu être son maître un moment, soit aussi neutre, aussi indulgent, aussi placide d’impression qu’on veut bien le dire : il est facile, quand on lit Gautier avec intelligence, de saisir sa vraie impression et de la discerner, comme un sable fin, au fond de ce beau lac d’indifférence où il se joue ; mais enfin M. de Saint-Victor se distingue absolument de lui par la vivacité avec laquelle il articule et accuse en toute rencontre ses affections ou ses répugnances.
Je conçois bien qu’à l’âge d’Indiana, et malgré la blessure d’une si furieuse passion, on s’adoucisse, on vive, on oublie un peu, et qu’après un intervalle assez long, on finisse même par aimer ailleurs ; mais ici le passage est brusque, la guérison magique ; sir Ralph joue le rôle d’un véritable Deus ex machina, qui, déguisé jusqu’alors en quelque rustre, et demeuré témoin insignifiant du drame, se révèle soudain, reprend sa haute beauté et ravit à lui l’Ariane : l’histoire réelle finit comme un poëme mythologique.
XVII De ce que la vie serait en définitive (ce que je crois) une partie qu’il faut toujours perdre, il ne s’ensuit point qu’il ne faille pas la jouer de son mieux et tâcher de la perdre le plus tard possible.
En général, il faut le dire, si l’on excepte madame Dorval, qui est toujours à excepter, et Geffroy, qui souvent a été bien, la pièce nous a paru jouée d’une manière insuffisante, sans ensemble, sans célérité, comme si les acteurs entraient peu dans leur rôle.
. — Et d’abord, comme dans les infortunes et les misères des gens de lettres l’amour-propre et la mauvaise honte jouent un grand rôle, comme ce sont les plus honteux et les plus fiers de tous les pauvres honteux, on voit combien un intérêt direct, un bien-fait direct, régulier, dont l’origine remonterait à l’empereur et ne remonterait qu’à lui, dont le mode de distribution aurait été réglé ou approuvé par lui, honorerait et relèverait ceux qui en seraient les objets, en même temps que tous les autres membres en ressentiraient une vraie reconnaissance.