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743. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Il est homme de lettres aussi, celui que le feu de son imagination porte sans cesse vers des sujets nouveaux ; qui, doué de verve et de fécondité naturelle, n’a pas plus tôt fini d’une œuvre qu’il en recommence une autre ; qui se sent jeune encore pour la production à soixante ans comme à trente, qui veut jouir tant qu’il le peut de cette noble sensation créatrice et mener la vie active de l’intelligence dans toutes les saisons. […] Et le poète, prenant la parole, décrit avec feu, avec rapidité, les différentes manières de le chercher ; mais, trop jeune sans doute et trop pur pour être censeur impitoyable, il s’arrête, il considère le bien à côté du mal, tant de charité, de dévouement, de patriotisme, de vertus militaires et de sacrifices, de poésie encore, tout ce trésor moral subsistant dans de belles âmes. […] Je pleure, et la misère insulte à mes combats…     Cherchez l’or, dit la jeune épouse ;     Sous les travaux mon front penché     Ressemble un myrte desséché, Qui livre sa couronne à la chèvre jalouse, Ou que les vents du nord, l’hiver, ont arraché·     Cherchez l’or, dit la blanche aïeule ;     La bise est mortelle au vieillard ;      Quand vient la neige ou le brouillard, L’âtre est vide, et le blé souvent manque à la meule Allez ! […] La nouvelle qui a obtenu le second prix, et qui a pour titre Le Chant des Hellènes, est une confession, ou du moins une confidence, celle d’une femme à une jeune amie qu’elle veut prémunir contre un travers dont elle n’a pas pu se garder elle-même. « Préserver son imagination de tout écart n’est qu’un simple calcul de bonheur pour une femme vertueuse » : cette épigraphe, empruntée à Mme Necker de Saussure, se trouve justifiée par le récit ; mais ce récit est facile, naturel, coulant, et n’a rien d’une prédication.

744. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Lagrange, qui n’assistait pas à la séance, ayant appris ce vote qui fit du bruit, en gronda son jeune confrère et lui demanda de quoi il se mêlait de faire de l’opposition et de citer des vers de Corneille. — « Ce sont des vers de Voltaire que j’ai cités », répondit M.  […] Il était fier, et avec raison, de cette découverte : « Auparavant, disait-il, les chimistes ressemblaient à des architectes qui, pour connaître un édifice, auraient commencé par le démolir et auraient prétendu ensuite juger de sa structure intérieure d’après la nature, le nombre et le poids des matériaux bruts, au lieu que maintenant, dans bien des cas, on peut saisir la constitution intime des corps sans les endommager, et distinguer les propriétés essentielles des particules mêmes en situation. » — Se plaignant que les chimistes tardassent trop à user de ce nouveau moyen d’investigation délicate : « Les chimistes ne sont que des cuisiniers, disait-il encore ; ils ne savent pas tirer parti de l’admirable instrument que je leur ai mis entre les mains. » Mais, enfin, il y eut de jeunes et habiles chimistes qui en essayèrent et qui donnèrent à M.  […] Biot, s’adressant à un jeune confrère, M.  […] Bertrand : « Quel est le jeune géomètre qui vous paraît avoir le plus d’avenir ? 

745. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Les deux circonstances que je viens d’indiquer aidèrent les jeunes esprits à s’affranchir des règles classiques, à briser surtout les formes de la langue et de la versification. […] Il a fait les Proscrits (1802), le Peintre de Salzbourg (1803), dans le genre allemand sentimental, les Essais d’un jeune barde (1804), l’Histoire des Sociétés secrètes de l’armée (1815), où il invente un colonel qui est à Napoléon ce que d’Artagnan est à Mazarin, des nouvelles et romans, de Jean Sbogar (1818) à Trilby (1822), Bertram ou le Château de Saint-Ablebrand, tragédie imitée de l’anglais (1821), etc. […] Boulanger, David d’Angers-on y amène le jeune Musset. […] Le Globe était libéral : il accueillit pourtant les idées littéraires des romantiques. — Les articles de Deschamps dans la Muse française furent réunis en 1829 (le Jeune Moraliste du xixe  siècle).

746. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Les sévérités de mon jeune confère n’iraient qu’aux derniers volumes de M. Sully-Prudhomme, qui n’est guère un contemporain, et dont nous trouverions irrespectueux d’insinuer qu’il est redevenu un jeune. […] Mallarmé n’est pas un jeune poète ; et donc, je pourrais refuser de discuter ; 2º De ce que M.  […] Nombre de savants : Élisée Reclus et Jules Soury, Gaston Paris et Charles Seignobos sympathisent avec les jeunes.

747. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

La première éducation du jeune Walckenaer fut à la fois très libre et très étendue. […] Un autre roman ou nouvelle de lui, intitulée Eugénie (1803), est aussi l’histoire d’une jeune Anglaise restée en France pendant la Révolution, et y aimant presque à contrecœur un jeune Français qu’elle finit par épouser à travers les discordes et les guerres qui séparent les deux nations. […] Des observations et des investigations précises vinrent donner à cette activité du jeune savant un champ plus sûr, et où il devait laisser sa marque.

748. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Des personnes, qui n’avoient guère lu Cicéron ni Démosthène, qui connoissoient à peine de nom ces génies puissans & créateurs, joignirent leur voix à la sienne, pour empêcher tout jeune prédicateur de se remplir de leurs plus beaux traits, & de s’embraser de leur feu. […] Il doute qu’une telle méthode réussît ; & nous assure qu’elle introduiroit l’ignorance parmi les prêtres, décourageroit les jeunes ministres de l’évangile, étoufferoit en eux le talent. […] Quand M. de Moncrif conseille aux jeunes prédicateurs d’apprendre les plus beaux sermons & de les débiter, il ne parle point de ceux qui sont nés avec un talent décidé pour la chaire. […] Le Jeune de l’Oratoire.

749. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

Madame Dorval a mal joué ; décidément ce rôle de Lucrèce était trop jeune et trop chaste. […] La vente qui a lieu depuis lundi dans les appartements du Palais-Royal, et qui finit aujourd’hui mercredi au profit de la Guadeloupe et sous les auspices de la reine, a mis en circulation dans la haute société un charmant recueil de nouvelles inédites, trois nouvelles, Marie-Madeleine, Une Vie heureuse et Résignation, composées par une jeune femme du monde12 pour elle seule et quelques amis ; mais la reine l’ayant su a désiré que ce fût imprimé à l’Imprimerie royale et vendu pour cette infortune extraordinaire : il a fallu obéir.

750. (1874) Premiers lundis. Tome I « Le vicomte d’Arlincourt : L’étrangère »

Arthur, à son début dans le monde, se rend au château de Montholin en Bretagne, pour y épouser la jeune et belle Izolette à laquelle il est destiné sans la connaître. Izolette réunit tous les charmes et toutes les vertus ; elle aime Arthur dès le premier jour : mais elle n’a pas l’air assez mélancolique ni assez idéal ; et le jeune et bel Arthur, qui a été élevé par le philosophe systématique Olburge, dans tout le vague de théories hyperboliques, ressent pour elle je ne sais quel mécontentement.

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