Subventionner des jeunes, c’est forcément détruire leur personnalité et leur imposer un talent officiel. L’Académie française devrait se borner, pour son recrutement comme pour ses prix, à couronner une brillante carrière littéraire et non pas à transformer des jeunes en petits vieux. […] L’une et l’autre peuvent encourager certains jeunes, mais — sauf erreur — des jeunes de tout repos. […] Au sujet de ces prix académiques, M. de Pawlowski remarque que « subventionner les jeunes, c’est forcément détruire leur personnalité et leur imposer un talent officiel, et que l’Académie devrait se garder de transformer des jeunes en petits vieux ». […] Voici un fait : Je causais l’année dernière avec le directeur jeune, intelligent et lettré d’un journal hebdomadaire sérieux, suivi par la bourgeoisie « au courant ».
Ainsi, le dieu de la bonne chère aura l’honneur d’avoir présidé à l’invention de la comédie, afin d’être en règle avec Bacchus, son compagnon, qui présidait au chant du bouc, c’est-à-dire à l’invention de la tragédie. « Il ressemblait, ce dieu Cornus, à Mercure et à Vénus ; on l’eût pris pour un beau jeune homme sous les habits d’une jeune femme. […] Pour le passer, ce Rubicon formidable, la jeune débutante supplie mademoiselle Mars, qui est sur l’autre côté de la rive, de lui tendre sa main puissante ; mademoiselle Mars a pitié de l’enfant, elle ne veut pas qu’elle soit noyée dans ce trajet difficile, et l’enfant passe. Aussitôt le parterre est charmé de ce jeune esprit et de ce charmant visage. […] Certes, voilà ce qui ne vous serait pas arrivé il y a dix ans, quand vous étiez quelque peu un poète, quand votre âme honnête et jeune s’ouvrait facilement aux nobles impressions du beau et du bon. […] Cette fois les comédiens se représentaient eux-mêmes ; Molière leur avait conservé leurs noms, leurs habits, leurs visages ; ils étaient jeunes et beaux alors ; ils marchaient à la suite de ce grand homme, l’honneur du théâtre.
Patience précieuse dont ce jeune prince témoigne ! […] Le jeune romancier nous a quittés. […] Le jeune Giraudoux ? […] Le plus jeune directeur des chemins de fer du monde ! […] Cantilène pour une jeune sainte, poèmes par Maurice Brillant.
Méléagre, l’auteur de la première anthologie grecque, s’est d’abord fait connaître comme directeur de la Conque, anthologie des plus jeunes poètes où lui-même publia des poèmes exquis. […] Soyez sûrs que les cendres de Gautier ont frémi de joie, à l’apparition de ce livre, et que, dans le paradis des lettrés, l’ombre de Flaubert hurle, à l’heure qu’il est, des phrases de Pierre Louÿs, les soumet à l’infaillible épreuve de son gueuloir, et qu’elles la subissent victorieusement… Enfin voilà donc un jeune, un vrai jeune — Pierre Louÿs n’a pas vingt-six ans — qui nous donne un beau livre ; un livre écrit dans une langue impeccable, avec les formules classiques et les mots de tout le monde, mais rénovés et rajeunis à force de goût et d’art ; un livre très savant et où se révèle, à chaque page, une connaissance approfondie de l’antiquité et de la littérature grecque, mais sans pédantisme aucun et ne sentant jamais l’huile et l’effort ; un livre dont la table contient sans doute un symbole ingénieux et poétique, mais un symbole parfaitement clair ; un livre, enfin, qui est vraiment issu de notre tradition et animé de notre génie et dans lequel la beauté, la force et la grâce se montrent toujours en plein soleil, et inondées d’éclatante lumière !
. — Les Essais d’un jeune barde (1804). — Les Tristes, ou les Mélanges, tirés de la tablette d’un suicidé (1806). — Stella ou les Proscrits (1808). — Archéologie ou Système universel et raisonné des langues (1816). — Questions de littérature légale ; plagiat, supercheries (1812). — Dictionnaire de la langue écrite (1813). — Histoire des sociétés secrètes de l’armée (1815). — Jean Sbogar (1818). — Thérèse Aubert (1819). — Adèle (1820). — Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France (1820). — Smana ou les Démons de la nuit (1821). — Bertram ou le Château de Saint — Aldobrand (1821). — Trilby ou le Lutin d’Argail (1822). — Mélanges tirés d’une petite bibliothèque (1829). — Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux (1830). — La Fée aux miettes, roman imaginaire (1832). — Mademoiselle de Marsan (1832). — Souvenirs de jeunesse (1839). — La Neuvaine de la Chandeleur ; Lydie (1839). — Trésor des fèves et fleur des pois ; le Génie bonhomme ; Histoire du chien de Brisquet (1844). […] Fort jeune, il savait diriger le quadrige de l’ode, déployer dans l’air libre les ailes brûlantes du dithyrambe ; les strophes du Poète malheureux sont animées d’un large souffle et la Napoléone vaudrait qu’on s’en souvînt, quand bien même Napoléon n’aurait pas voulu faire connaissance à Sainte-Hélène avec toutes les œuvres de son jeune ennemi.
La mort de Charles Nodier n’a pas semblé moins prématurée que celle de Casimir Delavigne ; et quoiqu’il eût passé le terme de soixante ans, ce qui est toujours un long âge pour une vie si remplie de pensées et d’émotions, on ne peut, quand on l’a connu, c’est-à-dire aimé, s’ôter de l’idée qu’il est mort jeune. […] Il y a de ces organisations élancées et gracieuses qui ressemblent à un peuplier : on a dit de cet arbre qu’il a toujours l’air jeune, même quand il est vieux. […] Être un esprit littéraire, ce n’est pas, comme on peut le croire, venir jeune à Paris avec toute sorte de facilité et d’aptitude, y observer, y deviner promptement le goût du jour, la vogue dominante, juger avec une sorte d’indifférence et s’appliquer vite à ce qui promet le succès, mettre sa plume et son talent au service de quelque beau sujet propre à intéresser les contemporains et à pousser haut l’auteur. […] Nous disons que Nodier fut toujours le même jusqu’à la fin, toujours le Nodier des jeunes années ; nous devons faire remarquer pourtant que sa vie littéraire se peut diviser en deux parts sensiblement différentes. […] Depuis que je vieillis, et qu’une femme, un ange, Souffre sans s’émouvoir que je baise son front ; Depuis que ces doux mots que l’amour seul échange Ne sont qu’un jeu pour elle et pour moi qu’un affront ; Depuis qu’avec langueur j’assiste à la veillée Qu’enchantent son langage et son rire vermeil, Et la rose de mai sur sa joue effeuillée, Je n’aime plus la vie et j’aime le Sommeil ; Le Sommeil, ce menteur au consolant mystère, Qui déjoue à son gré les vains succès du Temps, Et sur les cheveux blancs du vieillard solitaire Épand l’or du jeune âge et les fleurs du printemps.
Un jeune compositeur, à qui madame Sophie Gay s’intéressait, M. […] La jeune génération le connaît plus pour l’avoir entendu chanter à ses pères que pour l’avoir chanté elle-même. […] Tout jeune la Muse le toucha de l’aile, et il respecta ce contact sacré. […] Le tumulte causé dans cette jeune cervelle par le bourdonnement des idées s’apaisa. […] Jules de Goncourt, nous l’avons déjà dit, était le plus jeune des deux frères.
« Vous comprenez que les jours d’attente étaient longs pour un jeune officier, désœuvré dans un pareil séjour. […] nous n’avons jamais oublié ce que vous disiez à nos jeunes cœurs ! […] Je ne puis, en vérité, me rappeler sans plaisir le souvenir de mes jeunes écolières. […] Tout à coup je les vis s’arrêter : la jeune femme pencha la tête sur le sein de son époux, qui la serra dans ses bras avec transport. […] Vous l’avez perdue bien jeune.