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1055. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Des rapprochements ingénieux, imprévus, un fonds de bonne humeur spirituelle, une pointe de plaisanterie et de gaieté, se font jour à chaque instant dans son récit et amènent le sourire. […] On le ramena bien faible encore à Marseille ; mais au milieu même de ses dangers et de son épuisement sa noble fièvre morale ne le quitta pas un instant, et il ne songeait qu’à ne pas laisser perdre les trésors de connaissances et d’observations qu’il venait de conquérir. […] Eh bien, malgré tout cela, Ampère avait encore besoin d’un ami intime en dehors de l’ordinaire, d’un ami dont il eût la plus haute idée et avec qui il fût dans un rapport continuel d’admiration, d’épanchement, de confidence à tous les instants. […] Il a une vivacité (à cette distance) qui peut avoir son charme et son piquant, mais qui, pour le fond, me jette à tout instant dans la perplexité et le doute.

1056. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

» L’autre, étonné, répond, après quelques instants, qu’il se rappelle beaucoup de pareils jours. « C’est plus que je ne puis dire : je ne me rappelle aucun temps qui n’ait été trop chaud ou trop froid, trop humide ou trop sec ; mais, avec tout cela, le seigneur Dieu s’arrange pour qu’à la fin de l’an tout soit très-bien. » Sur ce sarcasme, il tourne les talons et sort : c’était Swift. —  Un autre jour, chez le comte de Burlington, en quittant la table, il dit à la maîtresse de la maison : « Lady Burlington, j’apprends que vous chantez. […] En un instant, par besoin d’action, il frappe, caresse, change cent fois de ton, de visage, avec de brusques mouvements, d’impétueuses saillies, quelquefois enfant, toujours homme du monde, de goût et de conversation. Il veut me faire fête ; il me mène en un instant à travers mille idées, sans effort, pour s’égayer, pour m’égayer moi-même. […] Encore ses rudes boutades prosaïques déchirent à chaque instant cette friperie grecque.

1057. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Dès l’instant où il meurt, […] des parents maladroits, idiots ou malveillants mettent la main sur sa dépouille, le prennent au collet, lui passent les menottes, emprisonnent sa pensée ». […] Elle ressemble à ce que serait une perquisition dans le domicile privé à n’importe quel instant du jour ou de la nuit. […] A partir de l’instant où l’écrivain disparaît, en effet, c’est sa famille qui a tous les droits, et des droits indiscutables, terribles, absolus comme jadis les droits divins de la royauté. […] Dès l’instant où il meurt, son esprit qui survit reste prisonnier, car être libre alors, pour lui, ce serait appartenir à la postérité.

1058. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Or, il importe, pour la clarté de notre sujet, que nous descendions un instant dans cette machine vivante qui va devenir le théâtre des actions délétères que nous nous proposons de définir et d’expliquer. […] Rappelons-nous pour un instant que le curare ne peut exercer son action toxique qu’après avoir été porté par les artères et mis en contact avec nos éléments organiques. […] Le système du cœur gauche apporte aux organes le sang qui les anime ; le système du cœur droit emporte le sang qui les a fait vivre un instant. […] A ce même instant de la contraction du ventricule gauche, le sang est lancé dans l’aorte et dans les artères du corps avec une pression capable de soulever une colonne mercurielle d’environ 150 millimètres de hauteur. […] Il est certain par exemple que la vie d’un éléphant peut paraître l’éternité par rapport à la vie d’un éphémère, et quand nous considérons la vie de l’homme relativement à la durée du milieu cosmique qu’il habite, elle doit nous paraître un instant dans l’infini du temps.

1059. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Tout à coup et au même instant arrivent devant la porte du palais Amour et Folie. […] Que ce soit dans un jardin, aux champs, sur les cimes, ou près des flots, — lisez les vers du poète et mêlez un instant votre rêverie à la sienne. […] Dans ces vers tirés de la réalité de chaque instant, le naturel du poète galope librement, mais sans prendre, toutefois, le mors aux dents. […] On le vit, un instant, du côté des catholiques. […] Le poème de la Captivité de saint Malc est de ce genre épique, pieux et chrétien, qui pensa un instant rejeter de la grande poésie les Dieux de l’Olympe.

1060. (1925) Comment on devient écrivain

La dissimulation, qui résume les qualités de sa race, ne l’abandonne pas un instant. « Ce que les Grecs estimaient surtout en lui, c’est la souplesse et les ressources inépuisables de son génie. […] On se dit à chaque instant : « Où donc ai-je lu cela ?  […] Après un instant de réflexion, M.  […] Plus d’une fois nos visages pâlirent et nos yeux troublés se rencontrèrent ; mais un seul instant nous perditi tous deux. […] Et, notons-le tout de suite, Bossuet n’a pas hésité un instant entre les deux méthodes de traduction.

1061. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Il se peut que le ministère du cardinal de Fleury ait contribué en quelque chose à arrêter un instant ce mouvement. […] On y trouve de loin en loin certains retours, certaines restrictions, et quelques instants de mesure et de réserve. […] L’impression souvent vague que nous recevons de la première vue des objets est par lui reproduite avec une précision et une simplicité qui étonnent à chaque instant. […] Il voyait l’époque présente trop au-dessus de toutes celles qui l’avaient précédée pour vouloir en descendre un instant. […] On avait voulu un instant essayer de l’arrêter.

1062. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Parmi les joueurs de flûte et les bâtisseurs de systèmes, il y a le plaisir d’un instant ; il n’y a que cela. […] Mais toute sa vie et tous les instants de sa vie furent un madrigal joli, sincère et pieux à Notre-Dame la Musique. […] On crut un instant qu’il s’établirait chez nous à l’état de religion. […] Un instant, il espéra partir pour le Soudan Et il sut que non : c’était impossible. […] Il a cherché dans Sirius, un instant, « les raisons supérieures d’une indifférence séduisante ».

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