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305. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Tâchez plutôt de les comprendre, de les imaginer à leur place, avec leur entourage, telles qu’elles sont, c’est-à-dire comme les excès de la singularité et de la verve inventive. […] Cette source de formes vivantes et changeantes est intarissable chez Spenser ; toujours il imagine ; c’est là son état naturel. […] Mais ce qui le distingue de tous les autres, c’est la façon dont il imagine. […] La magie est le moule de son esprit, et imprime sa forme à tout ce qu’il imagine comme à tout ce qu’il pense. […] Chaque objet ainsi pensé et imaginé acquiert l’être définitif en acquérant la forme vraie ; après des siècles, on le reconnaîtra, on l’admirera, on sera touché par lui ; bien plus, on sera touché par son auteur.

306. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Encore un de ses traits distinctifs que cette excentricité qui le poussait à multiplier ses pseudonymes, à imaginer sans cesse des alibis. […] (Voilà, entre parenthèses, l’explication la plus vraisemblable du titre énigmatique, imaginé par Beyle.) […] Clemenceau de ne pas faire oraison, raillerie bien innocente, mais on imagine quelle horreur elle eût provoquée chez Pascal. […] Imaginez une pareille campagne entreprise voici seulement vingt ans. […] J’imagine que M. 

307. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Quand on parle d’un tyran qui confisque les libertés, ce n’est qu’une métaphore et la plus inexacte qui se puisse imaginer. […] Parce que le pays souhaitait ardemment la paix, il s’empressait d’imaginer que le général vainqueur revenait tout exprès pour la lui apporter. […] Bref, on concluait que Hugo a tous les dons : voir, sentir, imaginer, conter, hors un qui est précisément celui qui fait le penseur. […] Il pense en images et il imagine en antithèses. […] Il est admirable pour se créer des « devoirs » qu’une fois imaginés il accomplira, sous peine de perdre l’estime de soi.

308. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Ne sachant plus goûter et jouir, dédaignant d’imaginer, ils voulurent savoir. — M.  […] Mais que n’a-t-on pas imaginé ? […] Elle a tout vu, tout deviné, tout imaginé, tout convoité. […] Cette dualité n’existe pas pour le littérateur ; c’est lui qui imagine l’expérience, mais c’est lui aussi qui en imagine les résultats : tout se passe dans son cerveau. […] Il sait imaginer et il sait voir.

309. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIII » pp. 53-57

Imaginez Jouy ou Jay qui croient bonnement que c’est là leur langue qu’on vient de retrouver tout exprès pour leur faire plaisir.

310. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

Le Lac, Moïse, Ce qu’on entend sur la montagne, La Nuit de Mai, voilà comme de loin, j’imagine, la Postérité, ce grand pasteur au regard sommaire, et qui ne voit que les cimes, énumérera les princes des poëtes de ce temps.

311. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

de nous imaginer qu’il y a quelque honneur encore pour nous à rester leur confrère.

312. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Charles (1873-1907) »

Charles Guérin soit exempte de toute tare ; il advient que, par recherche de simplicité, la langue d’ordinaire imaginée s’appauvrisse étrangement en formules abstraites et banales : Tristesse de l’esprit qui dissèque les lis Pour qui la volupté ne fut pas la luxure… Mais ces défaillances sont peu fréquentes et jamais elles ne vont jusqu’à altérer gravement l’eurythmie générale d’un poème.

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