/ 2583
1549. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Anatole France l’imagination fantaisiste et humouristique, non l’imagination créatrice. […] Anatole France n’a qu’une imagination discursive et peu cohérente, M.  […] C’est une fête de l’imagination. […] L’objet réel contient utilement son imagination. […] Il a lui-même, à un degré éminent, l’imagination mythique.

1550. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Berruyer, un historien doit sçavoir donner carrière à son imagination, mais jusqu’à un certain point. […] Berruyer, son imagination belle & sage. […] Avec quelle pénétration étonante, quelle méthode rare, quel stile clair & concis, quelle imagination forte & brillante l’auteur y dévoile les erreurs des sens, & de cette même imagination ! […] Frère Matthieu de Bassi, plus visionnaire que les autres, fut celui dont l’imagination se frappa le plus de ce qu’il avoit entendu dire. […] Il étoit souvent le jouet de son imagination.

1551. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Il frappa l’imagination de bien de jeunes gens. […] Exilé, par la cour, à la Chaise-Dieu en Auvergne, à l’âge de quatre-vingt ans, son imagination étoit encore terrible. […] L’un & l’autre sont divisés en trois branches principales, relativement aux trois facultés de l’ame, la mémoire, l’imagination & la raison ; & ces trois branches sont divisées encore, & sous-divisées à l’infini. […] Sa diction étoit mâle, pure, claire, simple & méthodique : mais il n’avoit ni cette imagination brillante, ni cette éloquence rapide qu’on remarque dans tous les écrits de l’abbé de la Trappe. […] Aussitôt son imagination s’allume : des vers à la louange des Cossart, des Vavasseurs, des Rapin, des La Rue, des Commire & de plusieurs autres jésuites, coulent de sa plume.

1552. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

L’imagination en est impatiente. […] Babeuf et Robespierre, médailles vides, où l’imagination des poètes et l’intérêt des partis a gravé je ne sais quel fantôme de colossale fantaisie ! […] L’imagination, cette perfide en histoire, ne lui jouerait pas de ses tours. […] À l’heure qui vient toujours pour la plupart des œuvres, qu’on ne lit bientôt plus, avec la morne indifférence des générations qui se succèdent, quand on se demandera ce que fut, de son vivant, Granier de Cassagnac, l’imagination frappée aura retenu qu’il fut un des forts de son siècle, où les forts n’étaient pas déjà si communs.

1553. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Et toi qui fidèlement me retraces celle qui m’est si chère, hôte bienvenu quoique inattendu ici, qui m’ordonnes d’honorer d’un vers aimant et simple une mère depuis si longtemps perdue, j’obéirai non seulement de bon gré, mais avec joie, comme si l’ordre me venait d’elle ; et tandis que ces traits viennent renouveler ma filiale douleur, l’imagination ourdira un charme pour me consoler ; elle me plongera dans une rêverie élyséenne : — songe d’un moment qui me fera croire que tu es elle. […] Newton essaya d’occuper l’imagination de Cowper et de la détourner par une voie religieuse encore et déjà poétique, en l’engageant à écrire de concert avec lui quelques hymnes pour la petite communauté du lieu.

1554. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il semble qu’on ait épuisé tout ce que l’imagination peut fournir d’idées, et, malgré les égarements, on trouve pourtant des choses bien ingénieuses qui, quoique mal employées, font honneur à ceux qui les ont imaginées. […] On lit dans une lettre du roi ce bel éloge : « Nous avons eu ici (10 octobre 1784) M. de Bouillé, qui est un homme de mérite, parce qu’il a su allier au mérite d’un bon militaire tout le désintéressement d’un philosophe ; et, quand on est assez heureux de rencontrer des hommes pareils, il faut en tenir compte à toute l’humanité. » Le prince Henri, en recevant M. de Bouillé à Rheinsberg, ne put s’empêcher de s’exprimer devant lui, de s’épancher sur le compte du roi son frère, comme il n’avait cessé malheureusement de penser et de sentir : Il le représentait, dit M. de Bouillé dans des mémoires dont on n’a donné que des extraits57, comme impatient, envieux, inquiet, soupçonneux et même timide, ce qui paraît extraordinaire ; il lui attribuait une imagination déréglée, propre à des conceptions décousues, bien plus qu’un esprit capable de combiner des idées pour les faire judicieusement fructifier.

1555. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Mon imagination est éteinte, et il faut de l’imagination, c’est-à-dire un certain degré d’activité et de vivacité dans les idées, pour traiter un sujet quelconque, fût-il le plus abstrait possible… Je suis toujours à l’essai de mes forces ; je n’y compte pas, je commence et recommence sans fin.

1556. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Je me figure en imagination Richelieu vivant, toujours présent : il aurait demandé à l’Académie son avis sur Phèdre par exemple, sur Athalie, au lendemain même des premières représentations de ces pièces fameuses, et dans le vif des discussions qu’elles excitèrent ; il l’aurait demandé et voulu avoir sur tout ce qui aurait fait bruit dans les lettres, et qui aurait soulevé en divers sens les jugements du public. […] Elle n’aura pas grand-peine à surpasser en mérite celle de Paris, qui n’est maintenant composée, à deux ou trois hommes près, que de gens du plus vulgaire mérite, et qui ne sont grands que dans leur propre imagination.

/ 2583