Barrière, publie un choix fait avec goût parmi les nombreux Mémoires du xviiie siècle, depuis la Régence jusqu’au Directoire ; c’est une heureuse idée, et qui permettra de revoir au naturel une époque déjà passée pour plusieurs à l’état de roman. […] Je ne me suis peinte qu’en buste , répondit-elle un jour à une amie qui s’étonnait à l’idée qu’elle eût tout dit. […] On y admire une sûreté d’idées et de ton qui ne laisse pas d’effrayer un peu ; il y a si peu de superflu qu’on est tenté de se demander s’il y a tout le nécessaire. […] Après les lettres à Mme du Deffand, celles de Mme de Staal à M. d’Héricourt, moins traversées de saillies, donnent une idée peut-être plus triste encore et plus vraie de sa manière finale d’exister.
Mais, au reste, l’érudit est soutenu par cette idée qu’il travaille à une grande œuvre collective, où l’effort de chaque ouvrier peut sembler de peu de fruit, mais où l’effort de tous est nécessairement fécond. […] Cette recherche désintéressée, pour être soutenue avec l’espèce d’héroïsme qu’y apportent certains esprits, suppose, ou la foi en cette idée que la vérité est bonne, quelle qu’elle puisse être, où la résignation à la vérité même triste, même décevante, même inintelligible. […] Gaston Paris n’expose que des idées générales, de celle qu’il consacre, par exemple, aux Origines de la littérature française ? […] Car, avec ses formes, elle nous a imposé ses idées et ses sentiments, et, en les mêlant aux nôtres en trop grande abondance, elle a bien pu altérer pour un temps (dans quelle proportion ?
L’aide-mémoire de Dominique Biancolelli, dont nous parlerons plus loin, ne traçant qu’un seul rôle, ne permet point de se former une idée suffisante de l’ensemble des pièces. […] Il s’en pare, en disant qu’il en vendra mieux son bois à la ville, quand Trivelin paraît à la tête de quelques soldats, reconnaît l’habit de l’homme qui a blessé Ottavio, fouille dans ses poches, trouve une lettre d’Aurelia, se confirme dans l’idée qu’il arrête Valerio, et emmène Arlequin. […] Il se confirme dans cette idée, lorsque après avoir visité les clefs, il en trouve une qu’il ne reconnaît pas. […] On en aura une idée par les situations scabreuses du canevas de Scaramouche, pédant scrupuleux.
Les plus violentes ruptures de tradition ne peuvent briser la chaîne qui unit aujourd’hui à hier ; par leur sang comme par leurs idées, les fils les plus rebelles tiennent encore de leurs pères. […] Ils acceptent, ils propagent, ils approfondissent les idées de ces méconnus de la veille, et ainsi, par une double voie, s’opère toujours d’une époque à l’autre le développement de choses déjà existantes. […] Le christianisme a succédé en s’y opposant au polythéisme païen, la monarchie centralisée à l’éparpillement féodal, l’expansion des idées égalitaires à la division de la société en une sévère hiérarchie de classes. […] Ainsi l’idée féodale a été durant des siècles comme la sève d’un grand arbre qui est allé grandissant, poussant des feuilles, des fleurs et des fruits, couvrant de son ombre un vaste espace ; mais un jour est venu où l’afflux du suc nourricier a cessé de suffire à une croissance nouvelle, puis s’est retiré peu à peu des racines et des branches les plus éloignées du tronc, s’est enfin, sous l’action hostile de l’âge et des forces extérieures, ralenti et réduit à rien.
Mais la solennité de ce cercle Rambouillet convient peu à l’idée que je voudrais réveiller en ce moment, et j’irais plutôt chercher dans des coins de monde plus discrets et plus réservés les véritables précédents du genre de salons dont le dernier sous nos yeux vient de finir. […] Quand on veut juger Mme de Sévigné ou Mme de Maintenon, et se rendre compte de leur nature, est bien obligé d’avoir une idée générale et une théorie sur elles. […] Fouché, voyant cette jeune puissance, eut l’idée de s’en faire un instrument. […] Bientôt elle fut dans l’opposition, surtout par ses amis et par l’idée qu’on se faisait d’elle.
En second lieu, Macrobe nous donne l’idée de la maniere dont les pantomimes s’y prenoient lorsqu’ils avoient quelqu’un de ces mots à exprimer. […] Cette idée, ou, si l’on veut, le caprice, faisoit exercer sur les enfans qu’on destinoit à ce métier, la même cruauté qu’on exerce encore dans quelques païs sur les enfans dont on ne veut point que la voix muë. […] Athénée nous donne la même idée de ces deux pantomimes. […] Il y a environ vingt ans qu’une princesse, qui joint à beaucoup d’esprit naturel, beaucoup de lumieres acquises, et qui a un grand goût pour les spectacles, voulut voir un essai de l’art des pantomimes anciens qui pût lui donner une idée de leurs représentations plus certaine que celle qu’elle en avoit conçue en lisant les auteurs.
Il faut avoir le courage de le reconnaître et de l’écrire : tout est mauvais dans ce livre exhumé, tout, et jusqu’au titre, qui est un non-sens et une contradiction dans les idées et les prétentions de l’auteur. […] … Il serait difficile d’en donner une idée par l’analyse. […] Hédouin, avait le projet d’écrire ses Mémoires « d’une manière plus ingénieuse et plus systématique que dans Tristram Shandy », et, quoique nous connaissions trop la nature de l’esprit de Sterne pour croire qu’il voulût chausser au pied rose et aérien de sa Fantaisie, de sa libre et vagabonde Fancy, l’affreux sabot d’un système quelconque, nous ne répugnons nullement à admettre qu’il eut l’idée de ces Mémoires ; car très certainement un homme comme lui, un observateur de sa merveilleuse supériorité, qui voyait dans l’âme et dans la vie tant de nuances encore lorsque les autres hommes n’y voyaient plus rien, ne s’était pas épuisé dans le Tristram et le Voyage sentimental. […] s’il fut jamais un homme, au contraire, qui s’éloignât par tous ses instincts révoltés de la philosophie du xviiie siècle, ce fut Sterne, cet esprit tout âme, qui n’eut peut-être de génie qu’à force d’avoir de cette âme qu’on niait si fort dans son temps ; ce fut cette délicate sensitive humaine, dont la racine trempait dans cette idée de Dieu qui fait pousser leurs plus belles fleurs aux plus beaux génies !
Ayant conçu, grâce à moi, l’évolution organique, ils conçoivent l’évolution des sentiments et des idées. […] Le lendemain, parce que nous défendions l’Idée de justice, les sbires vinrent nous arrêter. […] Alors nous avons pu nous embrasser et nous consoler les uns les autres, nous disant que l’Idée deviendrait plus forte par notre supplice… Le lendemain, on nous a fusillés et nous sommes morts en criant : « L’Idée triomphera ! […] Mon cœur se serre à cette idée, et peu s’en faut que je ne pleure. […] Et préparez le règne de l’Idée sur la terre… Adieu.