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363. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Mais sa signature couvre tout : ce qu’un gentilhomme a signé, il le doit, car son honneur est sa probité. […] C’est alors qu’Antoinette intervient et, d’un coup de plume, rachète l’honneur de son mari en se dépouillant. […] Et, ce jour même, il doit se battre, en l’honneur de la dame, avec un certain vicomte de Pont-grimaud, cuistre décrassé qui est le personnage de son nom. […] La civilisation vous pousse à cette guerre par toutes les fanfares de l’émulation et de l’exemple ; elle ne décerne ses honneurs et ses récompenses qu’à ceux qui en reviennent victorieux. […] Cette vie de calme et de vertu lui pèse ; ce vieux marquis et cette vieille marquise, blanchis dans l’honneur et la loyauté, lui semblent baroques et intelligibles, comme des momies égyptiennes.

364. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

L’exécution de ce travail, qui lui lit honneur, l’engagea à reprendre et à suivre sa véritable carrière, qu’il a parcourue et qu’il a achevée avec honneur en Allemagne. […] Marié et entouré d’enfants à l’île Bourbon, il professe avec honneur la peinture et vit à l’aise, entouré de la considération générale des habitants de la colonie. […] Népomucène Lemercier, le poëte, ainsi que Letronne, savant antiquaire, tinrent également à honneur d’être mis au nombre des élèves de David. […] Robespierre prononça à la Convention l’éloge de son collègue, et fit décréter que les honneurs du Panthéon lui seraient accordés. […] La Convention avait décrété que les honneurs du Panthéon seraient accordés le même jour aux deux enfants héros.

365. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

Le roi, lui touchant le grand cordon de la Légion d’honneur dont M. de Salvandy est depuis peu décoré, lui a demandé, assure-t-on, s’il le lui avait donné pour voter contre la dynastie. […] L'une des plus jolies pièces, A une branche d’amandier, rappelle celle de Jean-Baptiste Rousseau : Jeune et tendre arbrisseau, l’honneur de mon verger, etc.

366. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Coblentz même, l’incomparable Coblentz, cette arche sainte aux yeux de nous autres profanes, ce sanctuaire unique, ce nous semble, d’honneur et de zèle, Coblentz était entaché de modérantisme, et on le réputait trop monarchien pour le reconnaître monarchique. […] Sans avoir eu beaucoup à se louer de plusieurs de ses compagnons, M. de Dampmartin n’en parle pourtant jamais qu’avec un ton d’urbanité et de modération qui fait honneur à son esprit ; et c’est même le principal mérite de son livre.

367. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 4. Physionomie générale du moyen âge. »

La grandeur du moyen âge est dans son double principe : par ce libre contrat féodal qui assure les relations en maintenant l’indépendance des individus, il crée un sentiment nouveau, celui de l’honneur, et en fait la base même de l’organisation sociale. […] Ainsi les ressorts qui meuvent tout, c’est l’honneur et la foi, deux principes de désintéressement et de dévouement, qui imposent à la volonté l’effort infatigable contre les intérêts et contre les appétits, au nom d’un bien idéal.

368. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Justement, il revient aujourd’hui, ce fils adoré ; il revient colonel, commandeur de la Légion d’honneur, illustré par une action d’éclat au siège de Puebla. […] Ainsi brutalement tâté, au point sensible de l’honneur, Lucien se révolte et s’indigne ; mais sa protestation verbale aurait besoin de la confirmation d’un soufflet. […] L’honneur d’une femme serait trop fragile, s’il suffisait, pour le briser, de l’algarade du premier venu. […] Mais André renvoie son cartel à l’examen d’un tribunal d’honneur qui décidera si un honnête homme peut croiser l’épée avec la batte sanglante d’un petit-neveu de Scapin. […] Augier l’honneur d’une tentative qui atteste en lui un respect profond de son art, et le public lui en tiendra compte, à la première revanche qu’il attend de son grand talent.

369. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Dans ce cas, la censure n’était donc qu’une mesure dérisoire, puisqu’elle n’a jamais pu empêcher un livre de paraître, ni un auteur d’écrire librement sa pensée sur toute espèce de sujets : après tout, le plus grand mal qui pouvait arriver à un écrivain, était d’aller passer quelques mois à la Bastille, d’où il sortait bientôt avec les honneurs d’une persécution, qui quelquefois était son seul titre à célébrité. […] Où sont ces marques d’honneur et de distinction ? […] Il n’y a point de victoires, point de trophées, qui pussent faire tant d’honneur à l’Église. […] Quel honneur pour cet autel, et combien est-il devenu terrible et respectable, depuis qu’à nos yeux il tient ce lion enchaîné ! […] Je sais bien que Louis XIV n’a pas eu l’honneur d’être le maître ni le bienfaiteur d’un Bayle, d’un Newton, d’un Halley, d’un Addison, d’un Dryden : mais dans le siècle qu’on nomme de Léon X, ce pape avait-il tout fait ?

370. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Il faut qu’elle soit bien fanatisée, bien imbue des principes nouveaux, puisque, si supérieure dans les rôles qui exigent la finesse, la grâce et la décence, elle brigue, en grimaçant des parodies tragiques, les honneurs d’un martyre qui finira par avilir tout à fait son noble talent6. […] Peut-être il ne m’appartient pas d’en faire une critique raisonnée ; et d’ailleurs cela nous mènerait trop loin ; mais cependant, comme vous et vos partisans avez plus d’une fois critiqué tous nos grands auteurs et jeté le plus grand mépris sur ce que vous appelez la littérature de l’empire, dont j’ai l’honneur de faire partie, il doit m’être permis de vous dire, le plus poliment que je pourrai, ce que je pense de vos drames. […] Monsieur, je n’ai point l’honneur d’être connu de vous ; je n’ai pas plus de titre pour vous donner des conseils que je n’en ai pour faire la critique de vos ouvrages ; et si j’ai pris cette liberté, c’est que j’ai conçu l’espoir, tout en éclairant le public et le gouvernement sur la cause de la décadence de notre beau théâtre, de détruire quelques-unes de vos erreurs romantiques et de rappeler tous nos jeunes auteurs à des idées plus saines sur notre littérature dramatique. […] Au reste, Monsieur, honneur à vous qui avez acquis une telle puissance sur les comédiens, qu’ils ont reconnu publiquement qu’on pouvait par arrêt de la Cour les forcer à rejouer une pièce tombée par arrêt du public. […] Et si à votre tour, en faisant des pas rétrogrades vers le bien, il vous prenait fantaisie de m’y accompagner sans suite et d’y combattre avec des armes courtoises, vaincu je m’applaudirais de ma défaite, bien certain que ce ne serait qu’à mes bons avis que vous devriez l’honneur de votre triomphe.

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