Ce furent des jeux, des fêtes, des feux d’artifice continuels en son honneur, le tout ménagé avec un certain air d’innocence et d’âge d’or. […] C’étaient des surprises galantes à chaque pas, des jeux innocents à chaque heure : on joue à la nymphe, à la bergère ; on prélude aux futures prodigalités en jouant même à l’économie : « M. le duc du Maine se plaignit en sortant du jeu, nous dit la relation, qu’il avait perdu deux écus ; les princesses louèrent leur fortune d’en avoir gagné environ autant. » Dans ces fêtes et dans celles qui se renouvelèrent au même lieu les années suivantes, on voit M. de Malezieu faire à ravir les honneurs de chez lui, remplir et animer en homme universel toute cette petite sphère. […] À l’époque de son mariage, on avait fait pour elle un emblème et une devise : une mouche à miel, avec ces mots tirés de l’Aminte du Tasse : « Piccola si, ma fa pur gravi le ferite… Elle est petite, mais elle fait de cruelles blessures25. » On en prit occasion plus tard, dans les premiers temps de Sceaux, de former une société des personnes qui avaient le plus souvent l’honneur d’y venir, sous le titre de l’ordre de la Mouche à miel. […] Après la double prison qu’eurent à subir la princesse et la femme de chambre, prison qui ne tourna pas à l’honneur de l’une et qui fut la gloire de l’autre, Mlle de Launay, ennoblie aux yeux du monde par sa fermeté, revient à Sceaux auprès de sa maîtresse, qui la récompense en la mettant (à quelques nuances près toutefois) sur le pied de ses dames. […] Or, il arriva que Mlle de Launay et Mme de Lambert lurent à ce mardi des lettres qu’elles avaient reçues de la duchesse du Maine, laquelle, informée de cet honneur qu’on avait fait à ses lettres, eut l’air de s’effrayer qu’on les eût produites en si docte et si redoutable compagnie.
C’est ainsi qu’elle le morigénait dès l’enfance et lui enseignait le code de l’honneur du courtisan. […] Il put, pendant des mois ou des années, s’établir dans le faubourg Saint-Marceau, y prendre maison, carrosse, avoir un banc à la paroisse, y suivre les offices avec honneur, être même un jour prié de faire en cérémonie la quêteuse, et tout cela sous l’habit et le nom de la comtesse de Sancy, bien qu’on soupçonnât fort ce qu’il était réellement. […] Choisy n’a garde de l’oublier, car, après Dieu et à côté de Dieu, le roi a tous les honneurs : « On respecte beaucoup Sa Majesté sur la terre, mais on l’aime bien sur mer », ajoute-t-il avec une sorte de tendresse qui n’est pas jouée. […] Arrivé au cap, on rectifie la longitude, qui est en défaut ; il raconte cette opération et il ajoute : « Je n’y ai pas été tout à fait inutile ; pendant que le père de Fontenai était à sa lunette, et que les autres avaient soin des pendules, je disais quelquefois, Une, deux, trois, quatre, pour marquer les secondes. » Le moyen d’en vouloir à un aimable esprit qui fait ainsi les honneurs de lui-même ? […] Point d’ambition, point de vues : plus attentive à songer à ce qu’elle aimait qu’à lui plaire ; toute renfermée en elle-même et dans sa passion, qui a été la seule de sa vie ; préférant l’honneur à toutes choses, et s’exposant plus d’une fois à mourir, plutôt qu’à laisser soupçonner sa fragilité ; l’humeur douce, libérale, timide ; n’ayant jamais oublié qu’elle faisait mal, espérant toujours rentrer dans le bon chemin ; sentiments chrétiens qui ont attiré sur elle tous les trésors de la miséricorde, en lui faisant passer une longue vie dans une joie solide, et même sensible, d’une pénitence austère.
Il y avait l’honneur des armes, la défense patriotique du sol, le vœu fervent d’en repousser les étrangers, l’exaltation subsistante dans une partie de la jeunesse, dans les populations ouvrières des grandes villes et dans celles des campagnes en quelques provinces. […] Dans le moment, il crut y voir son honneur. […] « Il est facile à un homme d’honneur de remplir son devoir quand il est tout tracé ; mais qu’il est cruel de vivre dans des temps où l’on peut et où l’on doit se demander où est le devoir ! […] L’honneur de votre couronne peut encore être sauvé aujourd’hui : demain, peut-être, il ne serait plus temps. […] Mauguin commençait à discuter sur l’illégalité des Ordonnances, il l’interrompit en lui disant : Monsieur Mauguin, quelles que soient les raisons que vous énumériez, j’en pense encore plus que vous n’en direz là-dessus ; mais j’ai ici des devoirs militaires à remplir ; j’en comprends toute l’étendue, toutes les conséquences, et, dussent la proscription et la mort être pour moi le résultat de ma conduite, je remplirai en homme d’honneur les devoirs militaires qui me sont imposés ; — et j’en appelle à mes camarades, MM. de Lobau et Gérard, puis-je agir autrement ?
Toute cette correspondance est laide ; elle sent la secte et le complot, la confrérie et la société secrète ; de quelque point de vue qu’on l’envisage, elle ne fait point honneur à des hommes qui érigent le mensonge en principe, et qui partent du mépris de leurs semblables comme de la première condition pour les éclairer : « Éclairez et méprisez le genre humain ! […] Le voilà redevenu Suisse quand il s’agit de ne point payer à Tourney, tandis qu’à Genève il reste seigneur et comte de Tourney, et recevant les honneurs comme tel. Ces honneurs sont une grande affaire. […] Un honneur qui ne produit rien est un bien pauvre honneur au pied du mont Jura… Voilà une belle ambition d’être seigneur du trou de Jeannot-Lapin !
Convenez qu’il fait beaucoup d’honneur à la mémoire de ce Philosophe ; il ne le taxe pas seulement d’avoir été athée & libertin, il le défere encore en public comme un Apôtre d’athéisme & de libertinage ; il veut qu’il ait fait commerce de ses bienfaits, & qu’il y ait attaché un prix doublement déshonorant. […] Pour prouver qu’il se plaît à rendre hommage aux hommes de génie, il dit beaucoup de mal de presque tous les hommes de génie, & prétend que le plus grand honneur qu’ait pu recevoir Corneille, c’est que M. de Voltaire ait daigné le commenter.
Le Roy fit l’honneur à M. […] Les questions que vous me faites l’honneur de m’adresser et qui me reportent à mes souvenirs de Liège ne peuvent que me flatter infiniment. […] J’estimerai à très grand honneur de voir mon nom sur la liste de ceux qui appartiennent à une université si libérale et que j’ai trouvée à mon égard, en des temps difficiles, si bienveillante et si hospitalière. […] « Il tint à honneur toutefois de publier la première partie du cours qu’il devait professer. […] Sainte-Beuve, qui m’écoutait, étouffa lui-même ses larmes : « C’est mardi que doit avoir lieu, en place de Grève, la cérémonie funèbre en l’honneur de Bories et de ses compagnons d’échafaud.
Il y revient en toute occasion, et toujours avec jubilation et délices ; il l’appelle en un endroit une « espèce de personnage en détrempe » : « C’était un grand homme, fort bien fait, devenu gros avec l’âge, ayant toujours le visage agréable, mais qui promettait ce qu’il tenait, une fadeur à faire vomir. » Lui reconnaissant des qualités mondaines, des manières, de la douceur, de la probité même et de l’honneur, il cite de nouveau et commente ce mot de Mme de Montespan sur lui, qu’on ne pouvait s’empêcher de l’aimer ni de s’en moquer : Saint-Simon aimait donc assez Dangeau, mais quelle manière d’aimer ! […] Dangeau fut constamment l’organe et l’introducteur ou maître des cérémonies de l’Académie française auprès du roi ; il ne perdit aucune occasion de la servir et de lui montrer qu’il tenait à honneur d’en être. […] Dangeau, qui est menin de Monseigneur d’une part, et qui, de l’autre, est chevalier d’honneur de Mme la Dauphine, se garde bien d’écrire de ces crudités-là, il n’écrit que ce que tout le monde a vu et peut lire : mais son narré même, en ces endroits, devient malin à force de réticence et de fidélité, et cette phrase qui termine tant de journées comme une ritournelle : « Mme la Dauphine passa l’après-dînée chez Mlle Bezzola », pourrait sembler un refrain de couplet satirique. […] Ce besoin qu’il avait de l’entretien habituel d’un homme instruit, fait honneur à Dangeau et nous est un témoignage de plus de ses goûts littéraires.
Livet, qui s’est attaché dès son début à étudier, à remettre en lumière et en honneur la littérature et la poésie du règne de Louis XIII, cette poésie que ne continue guère Malherbe et que balaiera Boileau. […] Scarron a de l’esprit, de la gaieté, mais du prosaïsme, de la platitude, et une facilité banale qui lui a procuré auprès de la bourgeoisie de son temps les honneurs du genre. […] Malgré ces prédilections grotesques et bachiques auxquelles il s’abandonnait sans mesure, Saint-Amant n’avait pas entièrement renoncé à la poésie sérieuse ; il avait sur le chantier, comme on dit, plus d’un de ces longs et nobles ouvrages desquels on se promet beaucoup d’honneur, dont on ne finit jamais, et qui, avant d’ennuyer le lecteur, ennuient l’auteur tout le premier. […] Aussi ma main les désavoue ; Leur feu trop estimé me fait rougir le front ; Leur honneur ne m’est qu’un affront, Et, fussent-ils tout d’or, je les crois tout de boue ; Enfin dans mon regret, mon cœur sincère et franc, Pour en effacer l’encre, offrirait tout mon sang.