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1846. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

» Ailleurs, on aurait dit : il faut se faire une morale, ou bien : il faut se faire une raison (dans le sens de résignation) ; le Français se fait une logique ; et son histoire, moins soumise que d’autres aux accrocs du hasard, à l’inertie de l’habitude, va comme il la pousse.

1847. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Leur « écriture » est toujours très claire ; leur pensée l’est quelquefois moins ; et il faut en avoir l’habitude pour ne pas s’y méprendre. […] Ou bien encore — et je le croirais presque plus volontiers, — les premiers qui expriment des idées vraiment nouvelles ne le font-ils qu’un peu confusément, en des termes, avec des mots, avec des tours de phrase, avec une habitude générale d’esprit qui se sentent encore des préjugés qu’ils ne partagent plus ?

1848. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

On donnait, dans un immense jardin, l’un des banquets auxquels ils assistaient tous d’habitude, et ils demandèrent au faune une chanson. […] Habitude qui était devenue une seconde nature, sans être tout à fait naturelle pour cela. […] Cet isolement de la vie, il l’appelle sa liberté et il ne parvient à cette indépendance qu’en supprimant dans son esprit, à toute force, le registre moyen, c’est-à-dire ce mélange d’habitudes et de sens commun que nous nommons le cœur.

1849. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Toutes ces tracasseries et toutes ces pédanteries indiquent à mon gré une monarchie céleste ; naturellement celle-ci ressemble à toutes les autres : je veux dire qu’elle s’appuie plus volontiers sur la tradition et sur l’habitude que sur l’examen et la raison.

1850. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Des manières pleines de dignité, une physionomie froide mais imposante, l’air supérieur que donne l’habitude du commandement n’ôtaient rien à la cordialité de son accueil, et semblaient même donner du prix à la manière flatteuse dont il savait encourager le mérite.

1851. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Concevra-t-on alors que l’habitude puisse nous fasciner au point de ne pas voir la contradiction de nos principes, et nous cache tous les maux qui résultent pour tous, exploitants ou exploités, maîtres ou esclaves, de cet étonnant désordre et de cette lutte acharnée !

1852. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

C’est d’habitude une enfant en espadrilles et la tête couverte d’un épais capulet qui est chargée de la garde de ce paisible troupeau. […] Une maladie, une absence d’Adrienne, qui rompt ce qui n’est plus qu’une habitude des sens, et plus ce je ne sais quoi d’humain et de divin à la fois, et qui a nom l’amour ; une intimité évitée d’abord, puis recherchée, entre ces deux jeunes gens, il n’en faut pas davantage pour les précipiter tous les deux dans une faute sans retour. […] La Bisca (la bouderie) est une appropriation du Dépit amoureux aux mœurs et aux habitudes montpelliéraines, quelque chose d’analogue à l’appropriation des fables de La Fontaine aux mœurs nîmoises qui a fait la célébrité de Bigot.

1853. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Là, il se souvient que Héraclite et Rousseau furent persécutés… Et le voilà pyrrhonien par indignation : « Nous ne pouvons souffrir ce qui s’écarte de nos vues étroites, de nos petites habitudes… Ceci est bien, ceci est mal, sont les mots qui sortent sans cesse de notre bouche. […] Eudore, c’est Chateaubriand lui-même : « … Mon âme était encore tout affaiblie par ma première insouciance et mes criminelles habitudes ; je trouvais même dans les anciens doutes de mon esprit et la mollesse de mes sentiments un certain charme qui m’arrêtait : mes passions étaient comme des femmes séduisantes qui m’enchaînaient par leurs caresses. » Velléda est orgueilleuse, passionnée, possédée, mystérieuse, héroïque et faible. […] Si bonne opinion qu’ils aient d’eux-mêmes, les grands écrivains du dix-septième siècle sont sauvés, sinon de la vanité, au moins du ridicule de l’étaler publiquement, soit par le sentiment chrétien, soit par le « goût », soit par leurs habitudes d’honnêtes gens.

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