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313. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

S’il est vrai qu’on ne trouve guère d’amour sans haine, il est vrai aussi qu’on ne voit guère de haine sans pitié. […] » D’ailleurs, je ne fais guère de critique à proprement parler. […] Mais nous n’y croyons plus guère. […] Une telle perspicacité ne se pardonne guère. […] Car je n’entends plus guère parler des sonnets de M. 

314. (1896) Études et portraits littéraires

Il n’est guère de ses plus brefs chefs-d’œuvre qui n’ouvrent une échappée sur des prés ou des bois. […] Non, la réalité ne les touchait guère. […] L’orateur déclare qu’il n’en voit guère. […] Il n’est guère de milieux dont il ne nous offre des images significatives. […] sa pensée à elle ne me quitte guère non plus.

315. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Autrefois, disait Duclos dans son livre des Considérations, les gens de lettres livrés à l’étude et séparés du monde, en travaillant pour leurs contemporains, ne songeaient qu’à la postérité : leurs mœurs, pleines de candeur et de rudesse, n’avaient guère de rapport avec celles de la société ; et les gens du monde, moins instruits qu’aujourd’hui, admiraient les ouvrages, ou plutôt le nom des auteurs, et ne se croyaient pas trop capables de vivre avec eux. […] Il n’hésite pas à en définir les limites : On ne voit guère d’hommes passionnés pour le bel esprit, dit-il, s’acquitter bien d’une profession différente… Il n’y a point de profession qui n’exige un homme tout entier… Un homme d’imagination regarderait comme une injustice d’être récusé sur quelque matière que ce pût être. […] Ses pensées morales ne sont guère que de la bonne monnaie courante bien frappée ; mais, quand il parlait, il la faisait si bien sonner qu’elle doublait de valeur.

316. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

La Fare ne se sépare guère de Chaulieu, et si on lit encore quelques-uns de ses vers légers, ce n’est guère qu’à la suite de ceux de son ami : il mérite pourtant une considération à part ; il a une physionomie très marquée ; il laisse même à qui l’étudie une impression toute autre que celle que l’on reçoit de la rencontre de Chaulieu. […] Il promit beaucoup et ne tint guère, gouverna le monde plus par l’espérance que par la crainte : on lui fit faire à lui-même beaucoup de choses en le menaçant.

317. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Un des amis de ce dernier et qui paraît avoir été un homme des plus distingués, bien qu’il n’ait guère laissé de souvenir, le marquis de Saint-Georges, un sage, un homme de goût, un philosophe pratique comme il y en avait alors à Paris, comme il y en a peut-être encore, qui lisait ces lettres de Vauvenargues et les prisait infiniment, y trouvait, disait-il, de l’esprit partout, mais des endroits faux, trop de métaphysique, et ajoutait : « Il parle par théorie, on le voit. » C’est possible ; mais les lettres sont vraies pour nous en ce qu’elles nous peignent celui même qui les écrit, et c’est ce caractère surtout qui nous est intéressant aujourd’hui à connaître. […] Je sais qu’il n’en est guère question à présent, selon le bas ministre (Fleury) qui le gouverne, et que ce sont les mal tôliers qui en sont les colonnes ; mais vous avez une patrie misérable, une province vexée par les esclaves subalternes, que l’on érige en souverains pour le malheur des peuples ; des amis que vous pouvez servir ; des compatriotes à qui vos talents exercés pourraient être utiles ; une famille dont vous devez ou soigner les affaires, ou soutenir le nom ; vous-même, à qui vous devez un plan fixe de bonheur et d’agrément ; que d’objets divers et opposés ! […] Arouet. » Il répond aussi, plus délicatement qu’à lui n’appartient, sur la poésie que Vauvenargues n’aime guère et dont il méconnaît les ressources propres et le secret mécanisme, utile par sa contrainte même à la pensée, et provoquant par la rime à l’image.

318. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Rome, sans doute, sous le gouvernement de Pie VI, n’avait, guère profité, et elle était déjà, par les abus et les vices incurables, ce qu’on l’a vue et sue depuis ; mais la question religieuse, alors, était et restait surtout une question française. […] C’est, redirai-je d’après lui à mon tour, c’est être ou avoir été amis, avoir eu, à une certaine heure de jeunesse, des sentiments vifs et purs en commun ; avoir eu volontiers mêmes vues à l’horizon, mêmes perspectives et mêmes vœux, par le seul fait de cohabitation morale dans un même navire ; ou, dans des navires différents, avoir fait route quelque temps de conserve sous les mêmes astres, avoir jeté l’ancre un moment côte à côte dans de belles eaux ; s’être connus et goûtés dans des saisons meilleures ; sentir, même en s’éloignant, qu’on est, malgré tout, de la même escadre, qu’on flotte ensemble, qu’on est à bord d’une même expédition, qui s’appelle pompeusement le siècle, qui comprend environ un quart, de siècle et qui, pour la plupart, n’ira guère au-delà. […] D’autres enfin, qui n’ont rien trahi parce qu’ils n’avaient rien promis, parce que leurs paroles n’excédaient pas leur pensée et que les réserves y étaient toujours présentes, et qui ne prétendirent guère jamais voir dans ces combinaisons réputées divines que les plus belles des espérances humaines, ont passé graduellement à l’observation, à la science, n’espérant plus que de là, tout bien considéré, la réalisation, bien lente et bien incomplète toujours, de ce qui doit affranchir notre espèce de ses lourds et derniers servages.

319. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Delécluze seul avait manié le pinceau ; mais son instruction, très-réelle et estimable quand elle se tenait dans le domaine historique, ne servit guère à lui affiner le goût. […] Ce ne fut guère qu’après 1830 que la critique d’art acquit, avec un développement croissant, un plus haut degré de précision et de compétence en chaque branche spéciale. […] Il y a une sorte de gris (c’est son mot) dans l’art français, qu’il peut estimer, mais qui ne l’enflamme guère.

320. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

La bibliothèque n’a guère de place. […] Les caractères francs et ouverts, comme celui de Mme la dauphine, ne sont guère susceptibles d’une confiance particulière, et en ont rarement besoin. […] Hors de là, elle ne réfléchit encore guère, et l’usage qu’elle a fait jusqu’ici de son indépendance le prouve assez, puisqu’il n’a porté absolument que sur des objets d’amusement et de frivolité ; mais le temps de la réflexion ne lardera vraisemblablement plus longtemps à venir… » J’ai indiqué, dans cette seconde édition de M. d’Arneth, tout ce qui est fait pour intéresser ceux qui avaient déjà été si frappés de l’importance historique de sa publication première.

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