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857. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Quoiqu’il n’ait pas eu le dessein de reproduire les traits de Mazarin dans ce qu’ils ont d’arrêté, de gravé, de connu, mais bien plutôt dans ce qu’ils ont de fuyant, de mystérieux encore ; quoiqu’il ait dit, avec cette sobriété et ce tact qui sont le goût : « N’abusons pas de l’oncle en parlant des nièces », l’auteur des Nièces de Mazarin n’a pas cependant pensé qu’à elles seules. […] Par le calme, par la bonne humeur dans les difficultés et dans la lutte, par l’habileté infatigable et toujours lucide, par la patience qui boit l’outrage comme un vin pur et sourit tranquillement après, ne donnant pas à ses ennemis le spectacle infime d’un dégoût ou d’une colère, par son intelligence de l’état de la France, par la magnificence de son goût pour les arts, Mazarin — presque un Médicis !  […] Sans parler des équipées des nièces de Mazarin, qui gardèrent toujours un peu l’air aventurier de monsieur leur oncle, il y a telle anecdote dans cette piquante histoire qui donne une idée singulière du ton et du goût du grand siècle dans sa jeunesse.

858. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Le goût bourgeois résiste à l’esprit universel. […] Il y a là abus d’images, profusion de métaphores, violation des frontières, introduction forcée du goût cosmopolite dans le goût local.

859. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Sur cette zone privilégiée, les originalités natives dans la grandeur commune, les formes diverses d’imagination et de goût se marquaient par un ou deux degrés de latitude, quelques vallées ou quelques chaînes de montagnes, quelques stades d’intervalle du continent aux îles ou d’une île à l’autre. […] Enfin il avait paru au milieu de l’été, entre les chants des rossignols et la plus grande splendeur de la nature épanouie. » La timidité même de notre goût moderne découvre quel trésor d’harmonie, quel éclat d’images, quel renouvellement de la liturgie poétique cette fiction devait amener, sous les mètres nombreux et souples de la muse éolienne. […] Tout cela, si nous l’avions encore dans sa grâce originale, serait pour nous un modèle de goût et d’élégance, trésor de poésie, chef-d’œuvre de style embelli par la passion.

860. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Nous avons dit qu’il avait du goût et de la politesse. […] Ce dernier lui servit de maître et favorisa son goût pour les lettres et la poésie. […] Mais tous ces mauvais exemples ne gâtèrent le goût inné de Rotrou que superficiellement. […] Affaire d’instinct plutôt que de raisonnement, goût spécial à chaque art. Ce goût est rare, il est communément l’apanage du praticien.

861. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Ce masque d’érudition, sous lequel étouffait un talent aimable, tombe ; le vrai, le naturel reparaissent, et avec eux l’homme d’esprit et l’homme de goût. […] À chacun son goût, même au public. […] C’est là une de ces licences qui révolterait un écrivain français, mais qui répugne beaucoup moins aux traditions de l’école et du goût italiens en fait de critique. […] Mais peut-être qu’il s’est rejeté vers des banalités, qui doivent répugner à son goût, pour masquer l’insuccès d’un premier feuilleton. […] L’homme de goût se laisse prendre au style du virtuose, l’homme du peuple, au ton de vérité ou au comique du récit tous les deux à l’émotion bien sentie du chanteur.

862. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Non pas : les hommes de goût et de réflexion s’en détacheront les premiers et il est jugé à cette heure. […] Mais, du moins, il est franc ; il ne farde point ses mensonges ; s’il flatte le goût du public, c’est loyalement, par les faits. […] Dans les tombereaux d’imprimés — journaux, revues et livres, — qui se déversent tous les jours sur le pays, chacun choisit selon son goût ou, plus souvent, selon le goût que la publicité, la mode, l’esprit de parti, la critique lui imposent à son insu ; il en va de même pour les spectacles. […] Ce public neuf se recrute en partie parmi les gens qui n’allaient plus guère au théâtre, des lettrés, des artistes, des hommes de goût. […] La mise en scène moderne évoluant vers la simplicité et vers la nudité, il ne sera pas malaisé ici de faire quelque chose avec pas grand-chose : un peu de goût y suffira.

863. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Vous étiez seulement, les conservateurs du goût, vous allez être ses vengeurs. […] Je sais bien que nous dirons qu’il y a un manque de goût scandaleux dans de tels ouvrages, qu’ils sont grossiers. […] Savez-vous ce qui arriverait de l’apparition de Henri IV, tragédie romantique dans le goût du Richard III de Shakspeare ? […] Schlegel critique les plus beaux endroits de Phèdre ; et de même que l’Allemand de nos jours, l’Écossais de cette époque donnait le divin Shakspeare comme le vrai modèle du goût. […] « L’Académie Française restera-t-elle indifférente aux alarmes des gens de goût ?

864. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

. —  Différence des deux tempéraments, des deux goûts et des deux esprits. […] Par ce contraste, l’un complète l’autre, et l’on se fait une idée exacte du goût anglais en ajoutant le portrait de William Thackeray au portrait de Charles Dickens. […] Des goûts et des verges, il ne faut pas disputer ; mais sans disputer on peut comprendre, et le plus sûr moyen de comprendre le goût anglais est de l’opposer au goût français. […] La seule innovation qu’il admit était l’usage de liqueurs européennes, et il s’y livrait avec un grand goût. […] Il est certain que c’est le goût des femmes.

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