/ 2080
311. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

elle était née au plein milieu du dix-huitième siècle ; les descendants de l’Ordre Teutonique étaient devenus luthériens ; luthérienne donc, et puis femme d’ambassadeur, elle eut à essuyer d’abord toute cette vie de monde, de scepticisme et de plaisirs ; et lorsqu’elle y échappa, lorsque la flamme des événements publics vint éprendre cette âme si fervente sous une enveloppe si frêle, et lui fit croire à l’heure de prédire, de frapper tour à tour et de consoler, il se trouve que bien peu l’entendirent ; qu’elle fut comme la prophétesse stérile d’Ilion en cendres ; que ceux même que sa rapide éloquence de cœur avait un moment saisis, comme la poussière éparse que la nue électrique enlève, elle passée, retombèrent ; et qu’elle-même, sans ordre fixe, sans discipline, sans tradition, soulevée par le souffle ardent des catastrophes et n’ayant entrevu que des lueurs, perdit aussitôt la trace de l’avenir, et mourut dans une Crimée, sans rien laisser, sans rien servir, flocon de neige apporté et remporté par l’aquilon, un simple éclair et un cri de plus dans le vaste orage ! […] … Gustave qui, à certains moments de sa solitude enthousiaste, se rapproche aussi de Werther ; qui égale même cette voix éloquente et poétique, en cette espèce d’hymne où il s’écrie : « Je me promène dans ces montagnes parfumées par la lavande…, » Gustave s’en distingue encore à temps et demeure lui-même, rejetant l’idée de se frapper, pieux, innocent et pur jusque dans son égarement, rendant grâce jusque dans son désespoir. […] Son imagination frappée va chercher la ressource et la renaissance de la civilisation par delà l’antique Germanie même, dans ce qui était la barbarie glacée et qui est devenu, selon elle, le réservoir de la pureté perdue. […] Elle commença au milieu de ces femmes étonnées et bientôt touchées : les plaies des puissants furent étalées ; elle frappa son cœur ; elle se confessa aussi grande pécheresse qu’elles toutes ; elle parla de ce Dieu qui, comme elle disait souvent, l’avait ramassée au milieu des délices du monde.

312. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Le nom de Farcy est peut-être le seul qui frappe et arrête, et encore combien ce nom sonnait peu haut dans la renommée ! […] Ces vers donc, ces rêves inachevés, ces soupirs exhalés çà et là dans la solitude, le long des grandes routes, au sein des îles d’Italie, au milieu des nuits de l’Atlantique ; ces vagues plaintes de première jeunesse, qui, s’il avait vécu, auraient à jamais sommeillé dans son portefeuille avec quelque fleur séchée, quelque billet dont l’encre a jauni, quelques-uns de ces mystères qu’on n’oublie pas et qu’on ne dit pas ; ces essais un peu pâles et indécis où sont pourtant épars tous les traits de son âme, nous les publions comme ce qui reste d’un homme jeune, mort au début, frappé à la poitrine eu un moment immortel, et qui, cher de tout temps à tous ceux qui l’ont connu, ne saurait désormais demeurer indifférent à la patrie. […] Hélène, dit-il en osant poser son visage sur ses genoux, si vous me frappez, alors je croirai qu’après m’avoir puni, vous me pardonnez. » « Ghérard était beau ; une de ses joues s’appuyait sur les genoux d’Hélène, tandis que l’autre s’offrait ainsi à la peine. […] ma belle amie, lui dit-il en la retenant, comme un bon chrétien, j’aurais baisé la main qui m’eût frappé ; voudriez-vous m’empêcher d’achever ma pénitence ? 

313. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Roger, qui fut frappé de son savoir ; il vint à Paris en 1813. […] A quelques pas en avant, un pâtre debout, les bras croisés et appuyé sur son bâton, semblait aussi absorbé dans la grandeur des choses ; le philosophe en fut vivement frappé, et dit : « Il y a en cette âme que voilà toutes les mêmes impressions que dans les nôtres. » — Les images nombreuses et si belles dans la bouche de M.  […] Leroux ne se fit d’ailleurs au Globe, jusqu’en 1830, qu’une position bien inférieure à ses rares mérites et à sa portée d’esprit ; par modestie, par fierté, cachant des convictions entières sous une bonhomie qu’on aurait dû forcer, il s’effaça trop ; quatre ou cinq morceaux de fonds qu’il se décida à y écrire frappèrent beaucoup, mais ne l’y assirent pas au rang qu’il aurait fallu. […] Jouffroy est une de celles qui frappent le plus au premier aspect, par je ne sais quoi de mélancolique, de réservé, qui fait naître l’idée involontaire d’un mystérieux et noble inconnu.

314. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

L’airain lui-même ne résonne que quand il est frappé. […] Les cailloux bruissaient en roulant sous ses souliers ferrés ; il tenait à la main, par suite de sa vieille habitude, la longue gaule de noisetier écorcé, armée de l’aiguillon de ses bœufs ; il en frappait par intervalles, à coups répétés, les buissons du sentier et les branches pendantes des rameaux des bois sur la route, comme s’il eût porté un défi à toute la nature. […] J’en fus tellement frappé, et elles se gravèrent tellement dans la mémoire des gens du château, par suite de l’émotion de la scène qui les suspendit, que je me les rappelle en ce moment aussi nettement qu’au moment où elles résonnaient du creux de la vallée dans mes oreilles d’enfant. […] Leurs figures hâlées, leurs physionomies martiales, leurs yeux de feu, leurs uniformes couverts de poussière des routes, leur coiffure phrygienne, leurs armes bizarres, les canons qu’ils traînaient à leur suite, les branches de verdure dont ils ombrageaient leurs bonnets rouges, leurs langages étrangers mêlés de jurements et accentués de gestes féroces, tout cela frappait vivement l’imagination de la multitude.

315. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

X Un écrivain qui frappe juste, mais qui frappe souvent trop fort, à cause de la vigueur même de son talent, M. de Cassagnac, vient d’écrire à son tour un livre sur les Girondins. […] C’est ainsi que j’ai approché bien près Danton ; Danton, le seul homme d’État de la révolution après Mirabeau, le Jupiter Tonnant de ces orages, le tribun dont on sentait le cœur convulsif palpiter de remords anticipés jusque dans les éclats de voix qui lançaient la peur pour faire fuir les victimes au lieu de les frapper, l’homme qui aurait été le grand factieux des vérités modernes s’il avait eu le courage de ne pas concéder le crime pour arme de la liberté. […] XVIII De plus, et ici je me frappe la poitrine, le public a eu un peu raison contre moi.

316. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Déjà les premiers arrivés, qui me précédaient, y frappaient à grands coups pour que la porte s’ouvrît à ma fuite ; mais le concierge, entendant ce tumulte et ces clameurs sans en connaître la cause, et craignant un assaut de la maison de son maître, refusait d’ouvrir : « — Ouvrez avec confiance, lui criai-je à demi-voix, ne craignez rien, c’est un ami d’Hugo, c’est moi, c’est Lamartine !  […] — Malheur même au mendiant qui frappe, « Hypocrite et jaloux, aux portes du satrape ! […] Le Seigneur en passant t’a touché de sa main ; Et, pareil au rocher qu’avait frappé Moïse         Pour la foule au désert assise, La poésie en flots s’échappe de ton sein. […] C’est là ce qui a frappé au premier coup d’œil tous les lecteurs.

317. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

La foudre est dans la main ; c’est elle qui frappe ! […] Je ne sais si l’on doit croire à cette fatalité des jours. » XIV Un passage de Bossuet, qui atteignait à la mélancolie par la grandeur, surtout dans ses vieux jours, la frappe et se grave dans sa mémoire : « En effet, ne paraît-il pas un certain rapport entre les langes et les draps de la sépulture ? […] La chose qui m’a le plus frappée, ç’a été d’entendre la bière tombant dans la fosse : sourd et lugubre bruit, le dernier de l’homme. […] … » Et plus loin… « En entrant dans ma chambrette ce soir à dix heures, je suis frappée de la blanche lumière de la lune qui se lève ronde derrière un groupe de chênes aux Mérix ; la voilà plus haut, plus haut, toujours plus haut, chaque fois que je regarde.

318. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VIII. Les calaos et les crapauds »

Et toute la gent crapaude arriva, précédée d’un griot152 qui frappait du dounnou153 et qui chantait : Culture pour le beau-père (bis).

/ 2080