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1625. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

179» Triste métier, rabaissé en tout temps par les contrastes et les mensonges qu’il comporte, encore plus rabaissé à ce moment par les brutalités de la foule qui souvent lançait des pierres aux acteurs, et par les duretés des magistrats qui parfois leur faisaient couper les oreilles. […] Ne voyez-vous pas le poëte debout derrière la foule de ses créatures ?

1626. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Ce serait toute une histoire, l’histoire de ces divertissements dans lesquels se divertissent, en effet, pour leur propre compte, et sans souci du qu’en dira-t-on, ces jeunes gens et ces jeunes demoiselles, sous les regards de la reine-mère, de M. le cardinal ou de la reine de France, pas un ne s’inquiétant, parmi les acteurs ou les spectateurs, de ces fêtes de l’île enchantée, de l’opinion de la foule, au-delà de la cour. […] non ; c’est la même fête qui se mène sous les ombrages touffus, au bruit de ces eaux jaillissantes, à la lueur de ces flambeaux, aux sons mélodieux de ces vingt-quatre violons et de ces quarante petits violons (tout un orchestre) conduits par Lully, dans cette foule de toutes les grandeurs de la noblesse, de la fortune, de l’amour et du génie.

1627. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Cette façon dont les poètes romantiques se livraient ainsi à la foule, lui paraît justement l’analogue du métier de comédien, pris dans le sens le plus défavorable, du métier d’histrion. […] Au xixe  siècle, il en est à peu près de même, et on ne songe pas qu’il y a une foule de gens qui sont peut-être de petites gens, mais qui cependant ont un cœur, qui sont capables de souffrir comme d’autres, et que leurs souffrances peut-être ne sont naturellement ni moins douloureuses, ni, d’une façon générale, moins intéressantes, moins pleines d’humanité que celles des gens qui sont nés dans une condition sociale plus élevée.

1628. (1891) Esquisses contemporaines

Les foules ne se tiennent d’habitude ni à cet excès de souffrance, ni à cet excès de révolte. […] Mais la science est là, tyrannique et jalouse, qui défend de créer en dehors de ses cadres et de contrevenir aux régies qu’elle établit ; une science impérieuse, implacable, enorgueillie par de récents et merveilleux succès, fière à bon droit d’une méthode péniblement acquise, mais brillamment appliquée ; une science arrogante et superbe, longuement acclamée par des foules enthousiastes, et cependant controuvée dans ses affirmations dernières, incertaine de ses conséquences, meurtrière des choses de l’âme, qui palpite sous son étreinte comme un oiseau sous la main de l’oiseleur ; une science plus habile à détruire les convictions anciennes qu’à en former de nouvelles. […] Contredit par les actions des hommes et par les pensées du cœur, suspecté par les sages et raillé par les foules, il ne cesse de s’imposer à tous et ne triomphe pas moins aux grands jours de la vie des peuples ; mystérieux conducteur des âmes, il les brise tour à tour ou les restaure, et prononce, aux heures saintes, les mots de la grande énigme.

1629. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Alexandre, qui le croyait mort, ordonna de le dépouiller, et l’on accourut en foule pour lui ôter sa cuirasse et ses vêtements ; mais l’éléphant, défenseur de son maître, se mit à frapper ceux qui le dépouillaient et, l’enlevant avec sa trompe, le replaça sur son dos. […] Quelle gloire en effet d’accabler la faiblesse D’un roi déjà vaincu par sa propre mollesse, D’un peuple sans vigueur et presque inanimé, Qui gémissait sous l’or dont il était armé, Et qui, tombant en foule, au lieu de se défendre, N’opposait que des morts au grand cœur d’Alexandre ? […] Et même, çà et là, se détachent quelques vers, à demi pittoresques seulement, mais tels que nous achevons facilement les images qu’ils indiquent : Et moi, vous le savez, je tiens sous ma puissance Cette foule de chefs, d’esclaves, de muets, Peuple que dans ses murs renferme ce palais, Et dont à ma faveur les âmes asservies M’ont vendu dès longtemps leur silence et leurs vies… Nourri dans le sérail, j’en connais les détours… Orcan, le plus fidèle à servir ses desseins, Né sous le ciel brûlant des plus noirs africains… Au surplus, nous savons que, pour Bajazet, on chercha la fidélité du costume avec plus de soin qu’on n’en mettait alors à ces choses.

1630. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Ce dont je me trouve le mieux, c’est de regarder, dans cette saison brillante, les feuilles paraître et se déployer, les fleurs s’épanouir, une foule d’insectes voler, marcher, courir en tous sens.

1631. (1813) Réflexions sur le suicide

Des malheurs positifs ont déterminé quelques Français à cet acte, et ils l’ont commis avec l’intrépidité mais aussi avec l’insouciance qui souvent les caractérise ; néanmoins cette foule d’émigrés que la révolution a fait naître, a supporté les plus cruelles privations, avec une sorte de sérénité dont aucune autre nation n’eût été capable.

1632. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

De longues files de blessés, les uns se traînant comme ils pouvaient, les autres placés sur les bras des soldats, ou déposés à terre en attendant qu’on les transportât dans l’île de Lobau, des cavaliers démontés jetant leurs cuirasses pour marcher plus aisément, une foule de chevaux blessés se portant instinctivement vers le fleuve pour se désaltérer dans ses eaux et s’embarrassant dans les cordages du pont jusqu’à devenir un danger, des centaines de voitures d’artillerie à moitié brisées, une indicible confusion et de douloureux gémissements, telle était la scène qui s’offrait et qui saisit Napoléon.

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