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1151. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Ainsi toutes les sociétés humaines, le genre humain tout entier, depuis l’origine des choses jusqu’à la fin, ne forment par la parole qu’un seul être collectif uni à Dieu. […] L’Angleterre, isolée du continent, a eu besoin d’une autre inspiration : lorsqu’elle s’est formé une littérature, elle n’a point connu le Parnasse grec, ni les chansons du gai savoir ; elle a été fidèle au culte d’Odin et à toutes les créations fantastiques de l’Edda : heureusement elle a eu Shakespeare.

1152. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Si différentes qu’elles soient, églises ou armées, familles ou syndicats, les sociétés ont toutes, par définition, ceci de commun qu’elles unissent un certain nombre d’individus : c’est un truisme que pour former une société on peut être des millions et il faut être au moins deux. […] Il est possible en effet de démontrer que, conformément aux lois suivant lesquelles se forment nos idées, l’accroissement de la quantité sociale est fait pour habituer notre esprit au respect de la personne humaine.

1153. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Quel que soit le hasard ou le calcul qui réglait ce mélange, c’étaient là les semences de feu que, dans cette fournaise où il forgeait sa pensée, le poëte remuait incessamment et revêtait de mille formes, comme Virgile a peint ces ouvriers divins, lançant pêle-mêle, pour former la foudre, trois jets de pluie tordue, trois rayons du rapide Auster, et la colère avec les flammes qui la suivent : Tres imbris torti radios, tres alitis Austri Miscebant operi, flammisque sequacibus iras. […] Quelques détails de sa vie diront comment se forma cette âme poétique.

1154. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Auguste Fabre, frère cadet de Victorin, formé par lui aux lettres et deux fois sauvé de la mort par son dévouement, avait pour cet aîné, nous l’avons dit, un véritable culte qui prenait des formes touchantes et d’autres fois bizarres.

1155. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

Mais certes, ils ne sauraient nous reprocher d’avoir longuement fixé leur attention sur un de ces hommes si rares de nos jours, purs d’ambition et d’intrigues, voués pour la vie à la science et à l’enseignement, participant de cœur et d’âme aux progrès, aux vœux d’une jeunesse qu’ils ont formée et qui les révère, et s’étonnant ensuite avec une véritable candeur quand la réputation qu’ils méritent vient couronner leurs solides et précieux travaux.

1156. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Bonaparte fit former son infanterie en carré pour recevoir l’attaque, et dit à ses soldats : — Du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent — Les mameluks fondirent sur les Français, etc., etc. » Sir Walter Scott, en opposant le mot de Bonaparte à celui de Murad-Bey, a voulu faire une sorte d’antithèse, très-plaisante apparemment ; il est dommage que la vérité historique ne s’y prête pas.

1157. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Un excellent bulletin bibliographique, très complet, très nourri de longues analyses et de jugements consciencieux, remplit la moitié de chaque cahier de la Revue et formerait seul une lecture essentielle, indépendamment des articles plus généraux qui précèdent.

1158. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Les liens délicats, les préjugés maniés avec art, formaient les rapports des premiers sujets avec leur maître : ces rapports exigeaient une grande finesse dans l’esprit ; il fallait de la grâce dans le monarque, ou tout au moins dans les dépositaires de sa puissance ; il fallait du goût et de la délicatesse dans le choix des faveurs et des favoris, pour que l’on n’aperçût ni le commencement, ni les limites de la puissance royale.

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