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1542. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Cette Sophie qui pense à la santé d’Émile le surlendemain de son mariage, et qui ménage, comme le lui conseille Rousseau, l’amant dans le mari, finit par l’adultère, digne résultat d’un plan d’éducation qui n’est qu’un triple démenti à la nature, à la coutume et à la raison. […] Sa défiance finit par rendre les gens défiants. […] Ses sectaires, on les a vus à la fin du dernier siècle débuter par les maximes de sa philanthropie, et finir par égorger une partie de la nation par amour pour l’autre.

1543. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Moi là-dessus, comme je me récrie et que j’affirme, que la classe la plus intelligente que j’avais rencontrée dans ma vie, était celle des internes, Blanchard me donne raison sur ce point, mais il ajoute, qu’aussitôt leurs études finies, le besoin de gagner de l’argent — l’argent que gagne un médecin, un chirurgien étant la cote de sa valeur — le besoin de gagner de l’argent, le retire de tout travail, de toute étude, émousse son observation par l’abêtissement de visites rapides et successives, par la fatigue même des étages montés. […] Le marié, charmant garçon, mais toujours un peu tombant de la lune, hannetonnait là-dedans, poussant l’un ou l’autre, dans quelque coin, avec des mains de caresse, vous disant des choses qu’il oubliait de finir, et qu’il terminait par un sourire heureux. […] J’ai jeté, aujourd’hui, dans un coin, La Conquête de Plassans de Zola, souffrant de voir sur ma table, ce joli volume jaune, à la couverture toute neuve, à l’impression toute fraîche, qui semblait me dire : « Toi, tu es donc complètement fini ? 

1544. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Durant l’Empire, dans l’intérêt de la propagande anti-bonapartiste et républicaine, on n’osait s’opposer à cette cristallisation de la fantaisie, en quête de demi-dieux : après le 16 mai, il n’y avait pas nécessité de troubler les dernières années d’un homme âgé, dont le rôle était fini. […] La mort de Hugo était la mort d’un astre. « L’art était fini !  […] Parce que, on a si souvent répété que les poètes vivent dans la pauvreté et meurent à l’hôpital, comme Gilbert, comme Malfilâtre, que les pères et mères ont dû finir par croire que poésie était synonyme de misère.

1545. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Le poème, commencé par un récit, poursuivi comme un drame, dialogué comme une argumentation, chanté comme un hymne, pleuré comme une élégie, vociféré comme un blasphème, foudroyé par un éclat de lumière surnaturelle, finit par une adoration, comme tout doit finir entre l’homme et Dieu. […] Le point de vue universel et infini du Créateur doit être tellement différent du point de vue étroit, fini et ténébreux, de la créature, que, par cela seul qu’une pensée métaphysique paraît vérité pour l’homme, elle peut paraître erreur, petitesse et chimère à Dieu.

1546. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Je me souviens qu’une femme qui doutoit un peu de la bonté de mes yeux me demanda son portrait que j’entamai sur-le-champ et qu’elle n’eut pas le courage de me laisser finir ; elle me ferma la bouche avec une de ses mains. […] Ils ne manquent pas d’expression, surtout la philosophie dont les accessoires, les livres, le bureau et le reste sont encore prétieusement finis. […] Ils ont vu que la même cause qui les produisait, les fortifiait, les conduisait à la perfection, finissait par les dégrader, les abâtardir et les détruire ; et ils se sont divisés en différents partis !

1547. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Mais la vérité est que chaque surcroît d’excitation s’organise avec les excitations précédentes, et que l’ensemble nous fait l’effet d’une phrase musicale qui serait toujours sur le point de finir et sans cesse se modifierait dans sa totalité par l’addition de quelque note nouvelle. […] Les traités de mécanique ont soin d’annoncer qu’ils ne définiront pas la durée elle-même, mais l’égalité de deux durées : « Deux intervalles de temps sont égaux, disent-ils, lorsque deux corps identiques, placés dans des circonstances identiques au commencement de chacun de ces intervalles, et soumis aux mêmes actions et influences de toute espèce, auront parcouru le même espace à la fin de ces intervalles. » En d’autres termes, nous noterons l’instant précis où le mouvement commence, c’est-à-dire la simultanéité d’un changement extérieur avec un de nos états psychiques ; nous noterons le moment où le mouvement finit, c’est-à-dire une simultanéité encore ; enfin nous mesurerons l’espace parcouru, la seule chose qui soit en effet mesurable. […] Il semble que ces objets, continuellement perçus par moi et se peignant sans cesse dans mon esprit, aient fini par m’emprunter quelque chose de mon existence consciente ; comme moi ils ont vécu, et comme moi vieilli.

1548. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Le son principal finira par ne plus être distingué, l’oreille ne percevra plus que la différence des harmoniques. […] En y regardant de plus près, et surtout en multipliant les exemples, la lumière se fera peu à peu, le trait de ressemblance finira par se dégager. […] Il veut au moins fixer ce détail, s’y obstine une minute ; quand il relève les yeux de son papier, c’est fini : la brillante fantasmagorie qui l’avait enchanté s’est évanouie. […] Procédons comme nous l’avons fait tout à l’heure, en commençant par les cas les plus simples pour finir par les plus complexes. […] Alors c’est fini.

1549. (1908) Jean Racine pp. 1-325

C’est pour cela que beaucoup ont commencé par ne le goûter que modérément, et ont fini par le chérir. […] Et, au dernier acte (seule trace d’inexpérience), par un goût immodéré de l’unité d’action, et pour que la pièce soit finie, bien finie, et ne puisse plus recommencer, il tue tous ses personnages, sans exception. […] Et Racine finit par rencontrer ce qu’il lui faut : Mithridate, vaincu, mais irréductible, exposant son projet d’attaquer les Romains dans Rome même. […] S’il s’achève, il suffit, tout est fini pour moi. […] Que le monde finisse ?

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