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1166. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Changer les figures de côté, mettre à gauche ce qui était à droite, à droite ce qui était à gauche, intervertir l’ordre des groupes, distraire un personnage de la scène ou du milieu dans lequel il était placé pour le placer dans une autre scène et quelquefois sous un autre costume, toutes ces choses, et bien d’autres que j’omets, se font et se sont faites, et la Gloire elle-même y a été prise… La Gloire un peu trop vite venue, fille du sentiment exalté d’une époque, a transformé parfois en grand peintre tel grand archéologue, qui avait assez d’exécution et de rétorsion dans la main pour cacher aux ignorants ses… butins, et c’est le critique d’art qui doit réviser ces méprises de la Gloire.

1167. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Il a écrit La Fille d’Eschyle, étude antique qui a été couronnée par l’Académie française, et Les Poèmes de la mer, dans lesquels il a cru un peu trop l’avoir inventée.

1168. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Janin, et ce monde qui fut la plus puissante des monarchies, craque, éclate et croule de toutes parts, en des épisodes comme l’histoire superbe des trois filles du marquis de Nesle, et cet homme qui meurt avec ce monde c’est le Neveu de Rameau, souffleté d’abord et tué ensuite de la main de son fils, dont lui-même a fait un parricide !

1169. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Au milieu de cette occupation, pourtant, il sauve de la mort d’abord, et ensuite du déshonneur, un camarade de séminaire, curé du voisinage, gaillard râblé qui, pour cette raison probablement, avait séduit la fille de son maire, une jeune fille dont, par parenthèse, l’abbé Trois-Étoiles, ce grand peintre en un trait, ne dit mot, sinon qu’elle avait un parapluie rouge.

1170. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

si je dois vivre, si les jours de Démosthène doivent être conservés, que mes conservateurs soient mon pays, les flottes que j’ai armées à mes dépens, les fortifications que j’ai élevées, l’or que j’ai fourni à mes concitoyens, leur liberté que j’ai défendue, leurs lois que j’ai rétablies, le génie sacré de nos législateurs, les vertus de nos ancêtres, l’amour de mes concitoyens qui m’ont couronné plus d’une fois, la Grèce entière que j’ai vengée jusqu’à mon dernier soupir ; voilà quels doivent être mes défenseurs ; et si, dans ma vieillesse, je suis condamné à traîner une vie importune aux dépens des autres, que ce soit aux dépens des prisonniers que j’ai rachetés, des pères à qui j’ai payé la dot de leurs filles, des citoyens indigents dont j’ai acquitté les dettes ; ce n’est qu’à ceux-là que Démosthène veut devoir : s’ils ne peuvent rien pour moi, je choisis la mort ; cesse donc de me séduire, etc. » J’aime ensuite à voir la pitié de dédain avec laquelle il regarde le courtisan qui le croyait sans défense, parce qu’il n’avait autour de lui ni armes, ni soldats, ni remparts, comme si le courage n’était pas la défense la plus sûre pour un grand homme.

1171. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Quant à Maurice d’O, fille d’honneur de la reine, qui se dévoue à la fortune de Louis de Rohan, je ne saurais ni l’aimer ni l’approuver ; car une femme ne peut aimer longtemps, sans s’avilir, un homme quelle méprise. […] Quoique la femme et la fille du savant hollandais reparaissent dans le second volume, il n’était pas nécessaire d’insister sur le caractère de Clara Van den Enden, ni de nous la montrer suppléant son père dans l’enseignement de la politique. […] Le lecteur reconnaît avec surprise dans les paroles prononcées par une fille d’honneur de la reine, plusieurs phrases qui ont acquis sur les théâtres du boulevard une célébrité proverbiale. […] Le premier est l’entretien des filles d’honneur de la reine ; le second, la chasse à courre de Fontainebleau ; et le troisième, le duel de Latréaumont et de Châteauvillain au cabaret des Trois Cuillers. […] Non seulement cette explication me semble mesquine, mais l’entretien des filles d’honneur manque d’élégance et de finesse, et se prolonge au-delà de toute mesure.

1172. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

J’aspirais à la liberté et à la justice ; je n’aurais pas cherché ces filles du ciel dans la boue ; je n’aurais pas cru que Dieu me laissait le soin d’inventer la liberté et la justice. […] C’est à croire que l’auteur de la fille Élisa est devenu son propre séide et qu’il s’assied sur ses propres genoux pour se féliciter lui-même d’avoir pris un pseudonyme. […] Donato dédaigne de représenter la science, il la sert par amour, comme Jacob servait Laban, en vue d’épouser ses filles convenablement dotées. […] Il peut venir maintenant, le puissant gueux, l’exterminateur providentiel, ses pieds de brute entreront dans la Fille aînée de l’Église, devenue la catin du monde, comme ils entreraient dans un excrément liquide. […] C’était une manière de plaidoyer pour les pauvres diablesses de filles qui se fatiguent de la joie et qui voudraient enfin se reprendre à l’odieuse crapule du métier.

1173. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Cette émotion, qui nous étreignait, n’était elle-même ni bonne, ni issue d’altruisme, ni fille de l’amour pour l’humanité. […] Chacun de ces profils de petite fille, aux yeux profonds, au nez mince, aux lèvres pâles, a sa ligne et sa décision. […] Mais les regards des petites filles absorbent tout et n’émettent point encore. […] L’absente, une troisième fille, s’est noyée. […] Aussi ne leur demande-t-il pas l’impossible, à ces pauvres filles de rue ou de chambre, ou de théâtre, ou de bourgeoisie ?

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