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1925. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Un critique qui prend pour lui feu et flamme y perd inutilement sa peine et dépense en vain sa fantaisie. […] Entre un article de journal que nous lisons dans son actualité et celui qui est déjà vieux d’un jour, il y a la même différence qu’entre une pièce de théâtre que nous entendons au milieu de mille spectateurs et la même pièce lue au coin de notre feu. […] Jules Barbey d’Aurevilly touchait à l’extrême vieillesse lorsqu’il vit briller pour lui les premiers feux de la gloire : il était définitivement classé parmi les curiosités de Paris.

1926. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

La vue des images divines, qui hantaient l’esprit des martyrs, les absorbait souvent à tel point qu’ils ne sentaient ni le fer ni le feu qui torturaient leurs chairs. […] Ses gestes ne sont plus désormais emprisonnés dans ses voiles, et c’est avec toute la furie d’une femme embrasée des feux de Vénus, qu’après avoir fait au fils de son époux l’aveu de sa coupable passion, ramenée à l’horrible réalité, elle saisira le glaive d’Hippolyte pour le tourner contre elle-même. […] Je ne me souviens pas bien au juste de la fable dramatique ; en tous cas, à l’arrivée du train, en tête duquel s’avançait la locomotive, armée de ses feux rouges comme de deux yeux sinistres, la déception du spectateur était complète, et ce chemin de fer de carton frisait le ridicule.

1927. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

En tête « le roi de l’Inde sur un coursier bai, caparaçonné d’acier et couvert de drap d’or brodé ; son habit semé de grosses perles blanches et rondes ; son manteau constellé de rubis rouges étincelants comme le feu, ses cheveux bouclés et blonds luisant au soleil, ses yeux comme ceux d’un lion, sa voix comme une trompette tonnante, une fraîche guirlande de laurier sur sa tête, et sur son poing un aigle apprivoisé, blanc comme un lis. » Puis, d’un autre côté, Lycurgue, le roi de Thrace, « aux grands membres, aux muscles durs et forts, aux épaules larges, noir de barbe et viril de face, sa longue chevelure de corbeau tombant derrière son dos, un lourd diadème d’or et de rubis sur la tête, lui-même debout sur un char d’or traîné par quatre taureaux blancs, derrière lui vingt lévriers grands comme de petits buffles et munis de colliers d’or ouvragé, à l’entour cent seigneurs bien armés et bien braves. » Un hérault d’armes ne décrirait pas mieux ni davantage.

1928. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Je doute que l’auteur de ce vers magnifique sur Gœthe : Artiste au front paisible avec des mains en feu, soit très flatté de ces louanges ineptes.

1929. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Au temps où M. de Hartmann publiait ses ouvrages, l’inconscient était à la mode : on voulait le voir partout, et on faisait de la conscience une sorte de feu follet promenant çà et là sa lueur accidentelle dans le grand cimetière de l’inconscience.

1930. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Pourtant, dans le tranquille détroit de la Terre de Feu, le Puffinuria Berardi pourrait passer aux yeux de tous pour un Pingouin (Alca) ou pour un Grèbe (Podiceps) par ses habitudes générales, par son étonnante faculté de plonger, et par sa manière de nager ou de voler, quand par hasard, et comme avec répugnance, il prend son vol. 

1931. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

L’attaque ne s’était pas fait attendre : comme les Saxons, qui, pendant la bataille de Leipzigm, tournèrent leurs canons sur leurs frères d’armes, la Revue venait de faire feu sur moi de toutes ses batteries, avant que je me fusse éloigné d’elle, avant que j’eusse eu le temps de repasser le pont des Arts.

1932. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Il est fier de sa force, et sa mère est éblouie d’avoir enfanté ce génie, cet être de légende : « Elle se mirait, ma mère, en mes yeux splendides, adorablement clairs, et pénétrés du feu des profonds azurs, en ces yeux, disait-elle, faits de saphir, de cristal et de miel.

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