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717. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Son Dominique n’est que le récit d’une passion malheureuse, peu ou mal combattue par l’homme, et qui n’est, en somme, vaincue que par la droiture naturelle d’une femme, et, on pourrait dire, par une révolte déjà tardive. […] Elle n’a aucune raison de ne pas aimer son mari, et elle est une très honnête femme, qui sait fort bien où est son devoir, et qui n’aura jamais l’idée, et je l’en remercie, de faire des théories pour excuser ses entraînements. […] S’il ne peut être heureux lui-même, et je crois, en effet, qu’il ne peut pas l’être, il a cette consolation de faire des heureux autour de lui, sa femme, ses enfants, des paysans, et d’être utile. […] Avez-vous remarqué qu’il ne décrit jamais un costume de femme ? […] On peut affirmer que Dominique, comme me le disait une femme d’esprit, est un roman d’homme, intéressant surtout pour les hommes.

718. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Heureuse la femme qui lui plaît, malheur à celles qui le trahissent, bonheur immortel à ses amis ! […] Le poète invoque, il maudit, il condamne ; le vers, de femme dans l’invocation pour son ami, devient viril et de flamme dans l’imprécation contre l’inventeur de la navigation ; puis il devient calme, sévère et religieux dans les considérations sur la sacrilège audace humaine. […] En voici une qui n’est qu’un mot à l’oreille de Leuconoé, une des femmes de sa société légère, qui devait aller consulter, comme certaines femmes superstitieuses d’aujourd’hui, les diseuses de bonne aventure de Rome. Ces sorcières étaient en général des femmes de Syrie ou des Babyloniennes exploitant la crédulité des jeunes Romaines. […] Coccéius et Muréna, leurs compagnons de voyage, possédaient des maisons de campagne dans ce beau site de la Campanie ; ils durent entrevoir à Formies, chez Varron, cette belle Terentia, sa sœur, qui devint plus tard la femme de Mécène.

719. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

À ce moment, M. de Girardin venait de lire le Supplice d’une femme chez la princesse Mathilde. […] Nous allâmes dans ce salon, dans le salon de cette femme, une artiste qui est coupable d’être née princesse. […] Nous logeons au quatrième, et nous avons une femme de ménage pour nous servir. […] Par exemple, on trouve tout à fait invraisemblable ce coup de cœur d’un tout jeune homme pour une femme de trente-quatre à trente-cinq ans. […] Un coupé nous jette chez Lireux. « Mais, Messieurs, nous dit assez brutalement la femme qui nous ouvre la porte, vous savez bien qu’on ne dérange pas M. 

720. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

C’est la triple correspondance du père de Mozart avec sa femme, de la femme avec le mari, et enfin du père avec son fils, et du fils avec son père, avec sa mère et avec sa sœur. […] De l’autre côté du roi, où étaient assis M. le Dauphin et madame Adélaïde, se tenaient ma femme et ma fille. […] Non, ce qu’on cherche dans ses accords, c’est de la tendresse : la tendresse du père de Mozart n’est si touchante que parce qu’elle ressemble à une tendresse de femme. […] Le père raconte à sa femme, comme une nourrice, les soins qu’il a pour cette tête d’enfant qui roule déjà des opéras sous ses cheveux blonds. […] Mozart à sa femme et à son fils.

721. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Les jeunes gens et les femmes, ces deux charités visibles des malheureux, sont partout la Providence des persécutés : on trouve toujours un disciple ou une femme au pied de l’instrument du supplice, au seuil du cachot ou sur la pierre des sépulcres. […] » Cependant le souvenir de la perte de Léonora d’Este occupait si peu son cœur que, pendant le carnaval de 1587, à Mantoue, la beauté d’une des jeunes femmes de cette cour parut faire une impression puissante sur son esprit. […] La Jérusalem délivrée sera à jamais le poème épique de la jeunesse, des femmes et de l’amour. […] Quant aux femmes, la coquetterie est peinte dans Armide, la sensibilité dans Herminie, l’indifférence dans Clorinde. Le Tasse eût parcouru le cercle entier des caractères de femmes, s’il eût représenté la mère.

722. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

J’essaye toujours, quand j’ai à tracer un portrait de femme, de me la définir par ses traits principaux et par ce qui la caractérise entre toutes. […] Vous qui avez perdu une femme adorée, vous pouvez concevoir ce que je sens. […] Si les femmes des tableaux de Rubens vieillissaient, elles ressembleraient à Mme d’Albany à l’âge où je l’ai rencontrée. […] C’était une petite femme, dont la taille un peu affaissée sous son poids avait perdu toute légèreté et toute élégance. […] Elle allait vers les Casernes, qui à cette heure-là étaient très-solitaires, seule, sans femme, sans domestique.

723. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Mais je ne puis, malgré tout, m’empêcher tristement de sourire quand je vois de jeunes écrivains venir aujourd’hui se faire forts de la vertu entière de la femme en Marie-Antoinette et y mettre comme la main au feu avec une confiance intrépide ; car tous ces chevaliers, dont Burke a parlé dans un éloquent passage, ces jaloux défenseurs qu’avait à son service la reine de France en ses beaux jours et qui lui ont manqué à l’heure du danger, elle les retrouve aujourd’hui un peu tard et après coup. […] Ils ne pensent qu’à la reine ; je pense surtout à la femme, et c’est ainsi que l’avenir de moins en moins royaliste la verra. — Tout cela dit, j’aborde la lecture de ces billets et confidences de famille dont les possesseurs ou ceux qui en avaient copie ne se sont pas, cette fois, montrés avares, et nous les en remercions. […] Marie-Antoinette y perdit plus que Marie Leckzinska assurément ; car, sans compter que les circonstances étaient plus avancées et les temps plus mûrs, elle était plus femme à profiter des avis, et elle avait plus en elle l’étoffe d’une reine active. […] Au fond, ce n’est point une méchante femme, c’est plutôt une bonne personne, et l’on m’a dit qu’elle fait beaucoup de bien à de pauvres gens. » Et trois ans après, lors du renvoi de Mme Du Barry, et quand Louis XVI, à son avènement, juge à propos de la faire renfermer quelque temps dans une abbaye pour la mettre hors d’état de commettre quelque indiscrétion, le même mot revient sous la plume de Marie-Antoinette, et avec la nuance précise : « Il paraît que si c’était une vilaine femme, ce n’était pas au fond une femme méchante. » Mais le plus beau mot de Marie-Antoinette au sujet de cette favorite, et qui ne se lit pas dans une lettre, est celui qui courut dans le temps même et qui se trouve partout cité. […] Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que je m’entendrai bien avec elle comme je m’entends avec Provence. » La Dauphine essaye donc de se faire une petite société gaie et jeune dans ce vaste ennui de Versailles ; elle se montre presque bourgeoise, ou du moins très naturelle dans les premières combinaisons qu’elle met en œuvre : « J’ai imaginé avec les femmes de mes deux beaux-frères de faire table commune, quand nous ne mangeons pas en public ; j’en ai fait la proposition à M. le Dauphin qui a trouvé la chose à son gré, et ainsi nous sommes toujours six à table au dîner et au souper.

724. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

M. de Lamoignon, émigré, rentré avant lui, parent par alliance de sa femme, née Mudson Lindsay, Anglaise aimable, le reçut discrètement aux Ternes. […] Un petit cénacle d’hommes et de femmes distingués s’y réunissait tous les soirs. […] Quelle impression ne devaient pas faire à une femme sensible et malheureuse les paroles qu’avaient entendues Atala, ou les songes qu’avait rêvés René ! […] La Providence semble ainsi réserver à ses favoris deux femmes providentielles : l’une, à l’entrée de la vie pour les enivrer d’un premier amour ; l’autre, au déclin des jours pour faire respecter l’intérieur. […] Femme d’esprit, d’un caractère épineux et difficile, elle laissait son mari libre et vivait çà et là avec ses belles-sœurs, délaissées comme elle.

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