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1205. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

De la Scythie grecque vint Anacharsis avec ses oracles scythiques non moins faux que les vers d’Orphée.

1206. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

La loi des douze tables condamne à être brûlé vif celui qui met le feu à la moisson de son voisin ; elle ordonne que le faux témoin soit précipité de la Roche Tarpéienne ; enfin que le débiteur insolvable soit mis en quartiers. — Les peines s’adoucissent sous la démocratie.

1207. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

C’est la faute d’un genre faux, la conférence lue. […] Quel que soit son auteur, on voit facilement ce que dans ce passage il y a de vrai et de faux. […] Il n’entend pas par « mauvais maîtres » de faux maîtres, mais des maîtres dangereux. […] Je dirai même que l’article est juste par tout ce qu’il affirme et faux par tout ce qu’il nie. […] Schérer s’efforce, en 1870, de démontrer que Balzac est inexistant, ses portraits sont froids et faux, il n’a ni âme ni passion !

1208. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

On comprend aussi que les morts accumulées du dénouement aient donné à rire aux rieurs ; la comédie a toujours reproché à la tragédie son arsenal d’armes sans pointes et son cortège de faux cadavres. […] Cependant son César, je l’avoue, ne me paraît pas plus faux que le nôtre ; Shakespeare me semble même, au milieu de ses rodomontades, lui avoir mieux conservé ces formes d’égalité que le despote d’une république garde toujours envers ceux qu’il opprime. […] Par opposition au caractère aimable d’Antoine, Shakespeare nous peint Octave César faux, sans courage, d’une âme étroite, hautaine et vindicative. […] Catella était peu sensible aux sollicitations de Lattanzio ; mais le faux page fit une telle impression sur son cœur qu’elle n’éprouva plus que de la répugnance pour celui qui l’envoyait. […] Les métaphores outrées, les comparaisons fausses étaient les seuls ornements qu’on employât.

1209. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

J’aurais aimé à trouver dans son Introduction d’Hippocrate quelque page vivante, animée, se détachant aisément, flottante et immortelle, une page décidément de grand écrivain et à la Buffon, comme il était certes capable de l’écrire, où fut restauré, sans un trait faux, mais éclairé de toutes les lumières probables, ce personnage d’Hippocrate, du vieillard divin, dans sa ligne idéale, tenant en main le sceptre de son art, ce sceptre enroulé du mystérieux serpent d’Épidaure ; un Hippocrate environné de disciples, au lit du malade, le front grave, au tact divinateur, au pronostic sûr et presque infaillible ; juge unique de l’ensemble des phénomènes, en saisissant le lien, embrassant d’un coup d’œil la marche du mal, l’équilibre instable de la vie, prédisant les crises ; maître dans tous les dehors de l’observation médicale, qu’il possédait comme pas un ne l’a fait depuis. […] Le médecin et le philosophe poursuivent d’une égale réprobation ces hommes qui abusaient de la crédulité populaire pour vendre, les uns, une fausse médecine, les autres une fausse sagesse… Il fallait véritablement qu’Hippocrate eût été blessé du spectacle donné par l’effronterie des charlatans et par la crédulité du public pour insister auprès des médecins ses élèves avec tant de force, non pas seulement contre l’emploi d’un charlatanisme honteux, mais encore contre toute conduite dont le soin exclusif ne serait pas d’en écarter jusqu’à l’ombre la plus légère.

1210. (1929) Dialogues critiques

Cette misérable Académie fausse toute la situation littéraire. […] Camille Jullian, ou faux et confectionné par un mystificateur, comme le soutient M.  […] Il est possible que certains objets soient authentiques et d’autres faux.

1211. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Au contraire (quand je suis dans mon coin), je défie qu’on m’annonce à faux la marche d’une pièce, sans qu’à un certain moment je m’en aperçoive… Je vois la pièce, la case et la couleur exactement telles que le tourneur les a faites, c’est-à-dire que je vois l’échiquier qui est devant mon adversaire, ou tout au moins j’en ai une représentation exacte, et non pas celle d’un autre échiquier. […] Lélut à l’hospice de Bicêtre, « cessait d’avoir ses hallucinations quand on le changeait de salle et de voisins ; mais cette suspension ne durait guère que quelques jours ; l’halluciné, habitué bientôt aux conditions nouvelles dans lesquelles il se trouvait, retombait dans ses fausses perceptions… Chez tel halluciné, il faut des impressions très vives et qui se succèdent sans interruption, pour tenir quelques instants les hallucinations suspendues. […] Chaque image est munie d’une force automatique et tend spontanément à un certain état qui est l’hallucination, le souvenir faux, et le reste des illusions de la folie.

1212. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Plus fausse que tout ce que le rêve peut sonder, plus fausse que tout ce que les chansons ont chanté, —  poupée sous la menace d’un père, esclave d’une langue de mégère. […] Je retombai en arrière, et de mes bras elle se leva, —  toute rougissante d’une noble honte. —  Toute la fausse enveloppe avait glissé à ses pieds comme une robe, —  et la laissait femme, plus aimable que l’autre, —  l’Immortelle, lorsqu’elle sortit de l’abîme stérile pour conquérir tout par l’amour, et que le long de son corps le cristal ruisselant coulait, —  et qu’elle volait au loin le long des îles empourprées, —  nue comme une double lumière dans l’air et dans la vague1535. » Voilà l’accent de la Renaissance, tel qu’il est sorti du cœur de Spenser et de Shakspeare ; ils ont eu cette adoration voluptueuse de la forme et de l’âme, et ce divin sentiment de la beauté.

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