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461. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

La marquise de Courcelles, née Sidonia de Lenoncourt, d’une illustre famille de Lorraine, orpheline de bonne heure, fut élevée chez une tante abbesse, dans un couvent d’Orléans, et tirée de là à l’âge de moins de quatorze ans, par ordre de Louis XIV, pour être mariée comme riche héritière à Maulévrier, un des frères de Colbert. […] Elle s’était brouillée, en repoussant Maulévrier, avec la famille des Colbert ; elle sut plaire au grand rival de Colbert, à Louvois. […] Deux choses nuisaient à Louvois dans son esprit, sans compter qu’il ne lui plaisait pas : la première, c’est que toute sa famille et son mari lui-même conspiraient honteusement à le lui donner pour amant, afin de pousser leur fortune.

462. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Il m’affirme qu’il appartient au contraire à une grande famille italienne, qui se rattache au cardinal Gonsalvi, et à des papes. […] Il n’avait que quatorze ans, quand son père est ruiné dans le commerce, et le jeune homme de quatorze ans se trouve avoir une famille à soutenir. […] Mais à Rome, plus d’argent, et les voyageurs sans le sou, quand un peintre dont ils avaient fait connaissance, aide Raffaëlli à vendre un tableau, avec l’argent duquel il peut gagner Naples, où un hasard heureux le met en rapport avec une famille anglaise, qui lui demande des leçons pour deux grandes filles. […] Jeudi 18 octobre Ce soir, Rosny s’ouvre sur sa famille, parle de ses frères et de ses sœurs, nous entretient de sa petite fille, incomplètement allaitée par sa jeune femme de seize ans, et qu’il a été au moment de perdre. […] Il a l’aspect d’un abbé, précepteur dans une riche famille bien pensante, d’un abbé toutefois, qui doit jeter sa redingote ecclésiastique aux orties, mais rien dans la physionomie et la tournure d’un homme de théâtre.

463. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

On n’a point de loisir ni de goût pour autre chose, même pour les choses qui touchent l’homme de plus près, les affaires publiques, le ménage, la famille. — J’ai déjà dit que, sur le premier article, ils s’abstiennent et sont indifférents ; locale ou générale, l’administration est hors de leurs mains et ne les intéresse plus. […] Je ne sais comment font les femmes dont c’est la vie habituelle ; elles n’ont donc ni famille à entretenir, ni enfants à élever ?  […] Des époux qui ne vivent pas ensemble ne vivent guère avec leurs enfants, et les causes qui ont défait le mariage défont aussi la famille  Il y a d’abord la tradition aristocratique qui, entre les parents et les enfants, met une barrière pour mettre une distance. […] C’est le dernier trait du régime qui, après avoir dérobé l’homme aux affaires publiques, à ses affaires propres, au mariage, à la famille, le prend avec tous ses sentiments et toutes ses facultés, pour le donner au monde, lui et tous les siens  Au-dessous de lui, les belles façons et la politesse obligatoire gagnent jusqu’à ses gens, jusqu’à ses fournisseurs. […] Et j’étais d’une famille magistrale ! 

464. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

« J’arrivai chez moi, dit-il, à minuit ; la scène de famille qui m’attendait était très propre à répandre une illumination joyeuse au milieu de quelque roman fantastique. […] » Schiller venait d’être père ; Goethe, le 28 octobre 1795, le félicitait sur ce bonheur de famille : « Dieu bénisse le nouvel hôte. […] Elle gouverne avec prudence le cercle de la famille, donne des leçons aux jeunes filles, réprimande les garçons. […] les doux liens sont à jamais brisés, car elle habite désormais la terre des ombres, celle qui fut la mère de famille. […] Son nom de fille était Bettina Brentano ; sa famille était italienne.

465. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Il s’agit de la vente de nos fermes des Gouttes, de ce morceau d’orgueil de notre famille, de cette grande propriété terrienne du grand-père, de cette chose vénérable, respectée, sacrée, qu’en dépit de leur petite aisance, notre père et notre mère se sont entêtés à garder contre les tentations d’offres magnifiques, pour conserver à leurs enfants, ce titre et cette influence de propriétaire, et ce pain solide, que seule la terre représentait, sous Louis-Philippe, pour l’ancienne famille. […] Dans les venants et les passants, peu ou point d’hommes politiques ; des peintres le dimanche entre le coucher du samedi et du lundi ; des hommes de lettres le mercredi ; la famille représentée par le comte et la comtesse Primoli, le jeudi ; et les autres jours, de petits dîners intimes autour de la grande table de vingt-cinq couverts des dimanches, toute rétrécie. […] Mais remontons plus haut, revenons à de vieux souvenirs de famille. […] les agonies comme celle de Berryer, où la famille permet à la chronique de se fourrer sous le lit. […] Il nous parle de la difficulté de sa vie, du désir et du besoin qu’il aurait d’un éditeur l’achetant, pour six ans, 30 000 francs, et qui lui assurerait ainsi, chaque année, 6 000 francs : le pain pour lui et sa mère, — et par là lui donnerait la faculté de faire « l’Histoire d’une famille », un roman en huit volumes.

466. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Faugère, auquel il est temps de venir, en nous donnant à son tour une édition des Mémoires de Mme Roland, semble presque l’organe et le représentant de la famille. […] Mme Champagneux, qui avait conçu pour lui une grande estime d’après la lecture de certaines pages traitant de sujets religieux et tout à fait étrangères à l’histoire de la Révolution, avait fait acte d’amitié en lui confiant le manuscrit maternel qui, depuis la première édition des Mémoires par Rose, était rentré entre ses mains et était demeuré caché à tous les yeux dans les archives intimes de la famille : « Grâce à cette intéressante communication, nous dit M.  […] Retirée du monde et presque de la vie de famille, cette personne respectable n’aspirait qu’à mener la vie spirituelle selon un régime de plus en plus exact, de moins en moins séculier. […] Ce fut même ce sentiment de réparation qui l’obligea à prendre sur elle et à se remettre à regarder dans ces documents de famille, en exprimant à M. 

467. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Catinat prit en mai Veillane qu’on avait manquée en janvier ; il s’y exposa tellement de sa personne qu’il en reçut des réprimandes du roi, de Louvois, de sa famille ; il promit de se corriger, mais il n’y réussit qu’imparfaitement ; tout général en chef qu’il était, les jours d’action il aimait à être au feu. […] Mais on n’en est plus à deviner après cela quelles pouvaient être ses réponses aux critiques de Feuquières : si l’on prend la peine de chercher celles-ci dans les Mémoires de leur auteur, on aura sous les yeux les pièces du procès, et surtout (car c’est le seul point qui nous intéresse aujourd’hui) l’on verra nettement dans quelle catégorie de capitaines, dans quelle école et quelle famille d’hommes de guerre il convient de ranger Catinat. […] Ses amis, sa famille, désiraient qu’il fît souche et qu’il plantât sa race. […] Il parlait du cœur plutôt que des lèvres. — Catinat ressentit en effet, avec un esprit d’humilité et un vrai trouble, ce « comble d’élévation » que le roi mettait dans sa famille ; sa correspondance avec son frère, à ce moment, est touchante et d’un naturel charmant.

468. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

S’étant présenté aux Tuileries, il y trouva la famille royale réunie et plus tranquille qu’il ne s’y attendait ; mais l’émotion de la reine et de Madame Élisabeth n’était que plus sensible si elles voyaient quelqu’un dont le dévouement leur fût connu. […] Cette politique passionnée, qui a été constamment celle de tous les membres de la famille royale, n’a pas peu contribué à en accélérer la chute. […] Mais la famille royale jouait jeu double et jeu triple. […] lui dis-je, avant de songer à être président, il faut avoir du pain, et ce n’est pas en restant à Londres que ce jeune homme et sa famille pourront ressaisir quelques débris de leur fortune.

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